Fiers d’être chrétiens

"La pensée intime, le coeur de chacun est un abîme" (Psaume 64,6) Bible et veilleuse.

« La pensée intime, le coeur de chacun est un abîme » (Psaume 64,6)Bible et veilleuse.

Un peu de théologie, L’Oasis n°3 : Annoncer.

Une promenade dans l’Écriture pour repérer la spécificité et la beauté du christianisme.

Quel est ce juste orgueil ? L’orgueil est un péché, sauf pour les chrétiens qui, souligne le pape François, font « la rencontre avec un événement, avec une Personne, qui donne à la vie un nouvel horizon et par là son orientation décisive1».

Saul de Tarse fit cette rencontre sur le chemin vers Damas : Jésus ressuscité se manifeste à lui (Ac 9,4-6) ! Il est alors catéchumène. Ananie le prépare. Il est baptisé et devient « apôtre », prenant le nom de « Paul ». Et il proclame… son « orgueil » !

Aux chrétiens de Thessalonique, il écrit : « Quelle est notre espérance, notre joie, l’orgueil qui sera notre couronne en présence de notre Seigneur Jésus, lors de sa venue, sinon vous ? » (1 Th 2,19) Et pourtant, ils ne sont pas parfaits ; Paul les exhorte à faire de « nouveaux progrès ». Aux chrétiens de Corinthe, pourtant rongés par les divisions, il confie la même chose (2 Co 7,4.14).

Dans ses lettres, Paul condamne l’orgueil. « Hébreu, fils d’Hébreux » (Ph 3,5), il sait que c’est une « abomination » devant Dieu (Si 16,8). Mais il éprouve de l’orgueil en voyant les communautés chrétiennes. Que voit-il donc ?

Pour le savoir, je vous propose une promenade dans l’Écriture. Mais pourquoi ne feriez-vous pas vous-même, seul ou avec d’autres, votre promenade pour repérer ce qui vous semble spécifique du christianisme ?

Chaque « chrétien » reçoit ce nom (Ac 11,26) dans la mesure où il fait l’expérience d’une rencontre avec l’Événement de la résurrection : Jésus, vivant, ressuscité, glorieux, qui devient « ami » (Jn 15,14-15). Ce n’est pas tout à fait comme nos rencontres quotidiennes, même entre les meilleurs amis. Elle est une « union » à Jésus, « le Vivant » (Ap 1,8). Elle est une « participation vitale »2 à sa vie. Impossible de vivre comme si nous ne l’avions pas « rencontré » ! Elle nous transforme au point que nous comprenons ce « comme » de l’Évangile : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 13,34). Le chrétien, malgré ses faiblesses, désire aimer à la manière de Jésus. Il est notre « frère » (Rm 8,29).

Avec lui, le Ressuscité, la mort est vaincue. Avec lui, le Fils unique venu dans la chair et monté au ciel avec son âme et son corps glorifiés, nous avons tous « accès auprès du Père » (Ép 2,18). Avec lui, nous découvrons le « nom nouveau » qui « n’avait jamais été révélé » auparavant : « Dieu le Père »3. Nous le découvrons non comme une notion intellectuelle mais comme une expérience filiale. « Nul ne connaît le Père si ce n’est le Fils et celui à qui le Fils veut bien le révéler » (Mt 11,27). Nous sommes « enfants de Dieu » (1 Jn 3,1). Le chrétien prie alors avec amour et foi le « Notre Père » ! Là aussi, le « comme » de l’Évangile lui apparaît évident : « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux » (Lc 6,36). Le chrétien, qui n’est pas sans faiblesses, désire être miséricordieux avec ses semblables. Cette attitude lui paraît la seule vraie.

Tout cela grâce à l’Esprit Saint ! Le mot « chrétien » l’indique ! Il vient de « Christ », c’est-à-dire du Messie sur qui repose l’Esprit (Is 61,1). Jésus, « rempli de l’Esprit Saint » (Lc 4,1), prie : « Père saint » (Jn 17,11). Les chrétiens se savent « conduits par l’Esprit » (Rm 8,14). Grâce à l’Esprit, ils confessent que « Jésus est Seigneur » (1 Co 12,3), ils prient « Abba, Père ! » (Ga 4,6), ils reçoivent « amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, douceur, maîtrise de soi » (Ga 5,22). Face à leurs faiblesses et aux péchés dramatiques du monde, « l’espérance ne déçoit pas car l’amour a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit qui nous fut donné » (Rm 5,5). Ils reconnaissent que « l’Esprit est Seigneur et donne la vie » (credo).

Voilà la beauté du christianisme ! Soyez-en orgueilleux ! Soyez dans l’action de grâce ! Soyez fiers de porter le nom de « chrétien » ! Vous croyez en Dieu, Un et Trinité, qui « est amour » (1 Jn 4,8.16). Vous participez à la mission de Jésus, dans votre paroisse ou votre mouvement. Vous êtes membres de « l’unique Église du Christ » 4 dont l’Esprit Saint est « l’âme »5. Elle a reçu mission d’annoncer Jésus comme « sauveur du monde » (Jn 4,42).

Comme Jésus a aimé l’Église (Ép 5,25), vous aimez l’Église dans laquelle vous êtes entrés, nourris et envoyés. Vous y avez été « baptisés au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit ». Les catéchumènes entendront cette sublime parole dans la nuit de Pâques.

Chers catéchistes et accompagnateurs de catéchumènes, quelle admirable mission vous avez : avec patience, foi et amour, vous mettez « non seulement en contact mais en communion, en intimité avec Jésus Christ : lui seul peut conduire à l’amour du Père dans l’Esprit et nous faire participer à la vie de la Trinité sainte »6.

Mgr Pierre d’Ornellas, archevêque de Rennes, Dol et Saint-Malo
Président de la Commission épiscopale pour la catéchèse et le catéchuménat

 

1 La joie de l’Évangile, n° 7.

2 Catéchisme de l’Église catholique, n° 2842. Lisez ce beau paragraphe, et celui de la note suivante. Vous en aurez de la joie !

3 Ibid., n° 2779.

4 Concile Vatican II, Lumen gentium, n° 8. Méditez ce beau paragraphe où il est dit que l’Église « enveloppe de son amour ». Ne le faites-vous pas avec les enfants et les catéchumènes ?

5 Lumen gentium, n° 7. Ayez confiance en l’Esprit Saint !

6 Jean-Paul II, Exhortation sur la catéchèse, n° 5.

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