L’écologie intégrale dans le mystère pascal

« Tout est lié », nature, économie, mondialisation, modes de vie.

« Tout est lié », nature, économie, mondialisation, modes de vie.

Un peu de théologie, L’Oasis n°16 : Tout est lié !

« La catéchèse sur la Création revêt une importance capitale. Elle concerne les fondements mêmes de la vie humaine et chrétienne. » CEC n°282

Parler du mystère pascal, de la vie plus forte que la mort, prend une ampleur toute particulière au temps du coronavirus. De nombreuses personnes sont atteintes dans leur corps et beaucoup dans leur cœur. Effrayés par l’ampleur de l’épidémie, nous voilà conviés à de nouvelles formes de solidarité : le remarquable travail des personnels soignants en est un beau signe. Devant la peur, devant la mort, l’humanité réagit par une solidarité qui, sans être parfaite, nous émerveille cependant comme « service de la vie » pour une « santé publique » qui devient un véritable bien commun.

Interdépendant

Au temps des technosciences, nous (re)découvrons soudainement combien nous sommes interdépendants devant la pandémie et plus vulnérables que nous ne le pensions. Nous formons des « écosystèmes » avec la nature, y compris avec ces microorganismes qui jouent directement sur notre santé et nous apprenons à coévoluer, à cohabiter. A cause d’une déforestation trop rapide, l’homme est mis en contact avec des virus inconnus de son corps, portés par des animaux sauvages dont le commerce mondial favorise l’expansion de l’épidémie. « Tout est lié », nature, économie, mondialisation, modes de vie. C’est le défi de l’écologie dite « intégrale », comme le pape François dans l’encyclique Laudato Si’ (LS) en parle si bien. Peut-être avions-nous oublié que l’espèce humaine est intimement liée aux autres espèces vivantes et au cosmos tout entier. Que ses choix de vie ont une résonance sur son environnement. C’est pourtant ce que nous disent déjà les récits de création du livre de la Genèse. La clameur des pauvres et la clameur de la terre sont liées. Plus que jamais, l’épreuve que nous vivons actuellement est comme un appel à réfléchir, se convertir et agir dans le sens de cette écologie intégrale qui relie environnement, économie, relations sociales, valeurs culturelles, éducatives et spirituelles pour « la sauvegarde de la maison commune ». Cela nous fait entrer dans l’expérience du mystère de Pâques, mort et résurrection du Christ !

Dans ce contexte, les paroles du pape François dans Laudato Si’ résonnent plus fortement que jamais : « il s’agit de redéfinir le progrès. Un développement technologique et économique qui ne laisse pas un monde meilleur et une qualité de vie intégralement supérieure ne peut pas être considéré comme un progrès » (LS 194).

Co-créateur

Le Pape associe volontairement les deux mots « Évangile » et « Création » : la Création est porteuse d’une Bonne Nouvelle, adressée à toutes les personnes de bonne volonté. Son analyse écologique s’appuie sur les trois relations, intimement liées, de l’être humain avec Dieu, avec le prochain et avec la terre (LS 66 / 91) puisque l’amour de Dieu est la raison d’être de la création (LS 77). La protection de la nature doit donc aller de pair avec celle des êtres humains (LS 64 / 79) et la destination universelle des biens (LS 93) – y compris celui de l’environnement (LS95) – pour répondre de l’égale dignité des riches et des pauvres (LS 94). Au centre de la création, nous sommes les hôtes du Créateur (LS 67-68) et il compte sur notre coopération (LS 80 / 82 / 117) dans « la continuation de l’œuvre créatrice » (LS 86) qui est œuvre de salut dont la Pâque du Christ est le centre. C’est ce que célèbre toute la Bible, de la Genèse jusqu’à Jésus (LS 68-69 / 96-98), Lui qui « oriente les créatures vers un destin de plénitude » (LS 100), vers une transfiguration qui scelle la victoire de la Vie sur toute forme de mort.

Ces appels provocants pour « changer nos modes de vie » au niveau mondial, sont soutenus par cet appel évangélique qui dit la puissance de la résurrection : « Quand on ne reconnaît pas, dans la réalité même, la valeur d’un pauvre, d’un embryon humain, d’une personne vivant une situation de handicap, on écoutera difficilement les cris de la nature elle-même. Tout est lié. »(LS 117).

Père Thierry Magnin,
Secrétaire général de la conférence des évêques de France

Écologie intégrale, une présentation vidéo par le P. Thierry Magnin

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