La Bible dévoile le projet politique de Dieu pour l’humanité

Illustration en couleurs montrant le Bon samaritain aidant le pauvre sur la route

Le Bon samaritain

Cet article est paru dans la revue Initiales n°268 : La politique : une question de vie !

La Bible nous donne des éléments pour mieux apprécier la politique, ses enjeux et ses défis. Elle donne des critères pour apprendre à s’intéresser à la vie politique et ses débats, participer aux élections, s’engager dans la vie publique pour prendre part, chacun à son niveau à la construction du bien commun en vue du Royaume.

La progression de l’abstention aux élections traduit un désintérêt croissant pour la politique, particulièrement chez les jeunes. On n’y comprend rien. Voter : à quoi ça sert ? Mon avis compte-t-il ? La démocratie, la politique : à quoi bon ? C’est loin de ce que l’on vit au collège, tous des menteurs… Les critiques fusent. Mais l’Évangile : qu’en dit-il ?

La Bible : un message politique adressé par Dieu aux hommes

Rappelons que Dieu a créé le monde et y reste présent. Il intervient dans l’histoire dans un but par nature politique : guider l’humanité dans l’organisation de la société vers un idéal de vie de bonheur et de paix pour tous, le bien commun. Il est intervenu pour libérer le peuple d’Israël de l’esclavage en Égypte, en désignant Moïse comme le chef du peuple. Il leur a donné une loi pour que la vie en société soit vivable pour tous : le Décalogue, véritable code législatif politique et social sans lequel la vie en société n’est pas possible.

Il a désigné prophètes et rois pour guider et veiller sur le peuple, quitte à choisir un roi étranger, Cyrus le Perse.

L’Évangile de l’amour : un enjeu politique insoupçonné

Jésus, lui, n’était pas un chef politique. Mais il est venu révéler ce qui organise et doit régir la vie en société : l’amour. Tous les préceptes de la loi sont récapitulés dans la Parole de l’amour/charité, l’agapè dont la source est Dieu. Il bâtit la civilisation et le Royaume d’amour, de justice et de paix, ici et maintenant, “sur la terre comme au ciel”. L’Évangile de l’amour-agapè a une forte dimension sociale et politique.

Un exemple concret : c’est le précepte biblique de l’amour du prochain qui a inspiré la création de la Sécurité Sociale en France.

L’agapè façonne la société, comme déjà l’Église, telle qu’on l’espère, selon la citoyenneté des cieux déjà à l’œuvre sur terre (Ph 3,20). Elle relie tous les membres de la société, qui est comme un corps, où chacun peut et doit trouver sa place, même les étrangers (comme dans la parabole du “bon” Samaritain, ou celle dite du jugement dernier en Mt 25), les exclus de la société, comme les lépreux ou les prostitués, et même jusqu’aux ennemis.

L’agapè change et réoriente les codes habituels de la vie en société. Ainsi, saint Paul appelle Philémon à abolir l’esclavage d’Onésime en instaurant avec lui une relation d’agapè.

L’Évangile de l’agapè a une puissance de renversement politique d’une société, de façon subversive, sans révolution sanguinaire mais tout aussi radicale. C’est à ce projet politique que tous, jeunes et aînés, nous sommes appelés à adhérer.

L’amour/agapè bâtit la civilisation et le Royaume d’amour, de justice et de paix, ici et maintenant.

Appelé à s’engager ?

Le croyant est appelé à ne pas fuir le monde ni à s’en désintéresser. Au contraire, il doit aimer le monde, s’y impliquer pour y accueillir le Royaume. Dieu lui-même a aimé le monde : il a envoyé son Fils pour le sauver (Jn 3,16-17). À chacun d’y prendre sa part maintenant dans la force et avec l’aide de l’Esprit. Parfois, cela va à l’encontre du politiquement correct. Jésus lui-même a dénoncé des situations sociales ou politiques, a appelé à élever les humbles et les pauvres et renverser les puissants de leurs trônes (Lc 2,52-53) ou dénoncer des injustices ou des sentences mettant la vie en péril (Lc 6,20-21 ; Jn 8,1-11).

Aux chefs religieux Juifs qui leur interdisaient de prêcher l’Évangile publiquement, les apôtres répondent : “Il vaut mieux obéir à Dieu qu’aux hommes” (Ac 5,29). La justice du royaume de l’amour dépasse celle des hommes.

L’engagement politique demande du courage pour proclamer la Parole à temps et à contretemps (2 Tm 4,2). Dans Christus vivit n°168, le pape François parle de “charité en famille, charité sociale et charité politique” comme vocation laïque, notamment pour les jeunes.

Alors, quid des responsables politiques ?

Les responsables politiques ne sont pas disqualifiés pour autant. Bien sûr, certains dans la Bible, ont abusé de leur pouvoir. Ils ont cédé à la tentation de troquer l’autorité, qui est service, pour un pouvoir qui est abus. Mais cela n’empêche : ce n’est pas le tout de la politique. À nous de discerner car il n’y a ni idéal ni perfection. Les Apôtres appellent à respecter les responsables politiques et à prier pour eux (1 Tm 2,1-2 ; 1 P 2,17). Ils sont là pour exercer une autorité, c’est-à-dire faire grandir ceux qui leur sont confiés et les servir, sans abus ni domination (Mc 10,42-45). L’engagement en politique est un service. Ils tiennent leur pouvoir du Créateur pour être au service de la construction de l’humanité (cf. Jn 19,11).

Si les responsables politiques sont au service du bien, alors il faut les écouter et faire confiance. Sinon, il faut agir en conscience au nom de l’agapè (Cf. Rm 13,1-8 ; 1 P 2,13-17).

P. Christophe Raimbault, Bibliste
Enseignant au Theologicum, ICP
Vicaire Général du diocèse de Tours

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