Le sacrement de réconciliation pour l’intégration des néophytes et la croissance du corps ecclésial

La Réconciliation – Chemin d’initiation et de croissance ecclésiales, Isabelle Payen de la Garanderie, éditions CLD, mars 2020, 13,8 x 22,5 cm 145 pages, 15.00€.

Le sous-titre indique l’objet de ce livre, une réflexion sur le « sacrement de réconciliation, envisagé comme moyen pédagogique vital » pour un chemin d’initiation et de croissance ecclésiales.

L’auteur s’appuie à la fois sur le Magistère et ses expériences pastorales pour voir comment le sacrement de réconciliation vécu régulièrement aide à la croissance de toute vie chrétienne et, par là, à une meilleure intégration des néophytes dans des communautés plus vivantes et missionnaires. Elle propose des pistes de réflexions, ainsi que des propositions pastorales, qui peuvent aider les équipes de catéchuménat pour mieux initier ou proposer ce sacrement au candidat au cours de leur cheminement.

Le point de départ est un double constat :

  • l’augmentation « du nombre de baptisés chrétien à l’âge adulte » et la « baisse généralisée de la fréquentation du sacrement de réconciliation »,
  • la difficulté pour les néophytes de s’intégrer dans la communauté et de poursuivre leur chemin de croissance avec et au sein de celle-ci.

Aussi, l’auteur invite à nous demander « dans quelle mesure le sacrement de réconciliation peut constituer un chemin de croissance, de réel néophytat entendu dans un sens large, apte à fortifier une jeune vie chrétienne, spirituelle et ecclésiale et de quelle manière ».

Après un rappel historique et théologique du sacrement de réconciliation « envisagé comme un moyen privilégié de vivre la grâce baptismale » (1er chapitre), l’auteur invite à nous interroger sur la façon dont les catéchumènes sont initiés à ce sacrement, avec l’enjeu essentiel de la formation de la conscience. Sans s’appesantir sur les manquements en ce domaine, elle montre avec simplicité comment le rite des scrutins et la lecture de la parole de Dieu sont des appuis à redécouvrir. (2ème chapitre).

Puis, l’auteur s’arrête davantage sur à la dimension communautaire du sacrement et regarde comment la pratique de celui-ci peut être un moyen privilégié pour la construction de l’unité du Corps (3ème chapitre) et pour une meilleur ouverture à la mission de baptisés, faisant ainsi le lien avec le sacrement de confirmation.

Le livre se termine par quelques propositions pastorales.

Quelques passages et pistes de réflexion tirées du livre :

Chapitre 1 – Un chemin pour vivre la grâce baptismale

C’est un rappel historique et théologique du sacrement de réconciliation « envisagé comme un moyen privilégié de vivre la grâce baptismale ».

« Ainsi le sacrement de réconciliation est-il compris dès le départ en lien avec le baptême et son instauration progressive correspond à un désir de revivifier la grâce baptismale au sein même de la condition humaine marquée par le péché. En ce sens, la forme actuelle du sacrement paraît offrir une véritable aide pédagogique pour mieux vivre sa vie chrétienne, si toutefois l’on fait le choix de le vivre régulièrement : en cela, il semble pouvoir être proposé de manière privilégié aux néophytes. » (p.40-41)

Chapitre 2 – L’enjeu de la formation de la conscience.

L’auteur invite à nous interroger sur la façon dont les catéchumènes sont initiés à ce sacrement, avec l’enjeu essentiel de la formation de la conscience. Sans s’appesantir sur les manquements en ce domaine, l’auteur montre avec simplicité comment le rite des scrutins et la lecture de la parole de Dieu sont des appuis à redécouvrir.

« Les scrutins ont donc un donc un but pédagogique : il importe d’y apprendre à discerner le péché ou, tout au moins, de comprendre que le mal est un domaine que nous ne savons circonscrire et que c’est en Christ seul que nous pouvons être sauvés. Les propositions du rituel sont également explicites en ce sens, parlant largement du péché et du « mieux » attendu du Christ pour nous en libérer. » (p. 46)

« Il convient d’ajouter que, dans les premiers temps de l’Église, les catéchumènes voyaient les pénitents qui se préparaient tout autant qu’eux à vivre un sacrement de Pâques. Quelle visibilité est donnée aujourd’hui, concrètement à ce sacrement ? Il semble en effet difficile de proposer quelque chose à quelqu’un s’il ne le voit pas régulièrement célébré là où il commence sa pratique religieuse dominicale. » (p.48-49)

« L’exemple de la Samaritaine est frappant car ce sont les paroles de Jésus qui révèlent la vérité sur sa propre vie et qui permettent à cette femme de progresser dans la connaissance de son interlocuteur. […] C’est la raison pour laquelle l’importance de l’exercice de la conscience est indissociable d’une écoute approfondie de la Parole de Dieu qui vient, elle aussi, former notre cœur. » (p.53)

« La Parole de Dieu tient une place importante dans le rituel actuel du sacrement (de réconciliation) : « la Parole de Dieu éclaire croyant pour lui faire discerner ses péchés, l’invite à la conversion et à la confiance en la miséricorde divine. » » (p.56)

Chapitre 3 – Une Église de pécheurs-pardonnés en conversion permanente par l’accueil de la grâce

L’auteur s’arrête davantage sur à la dimension communautaire du sacrement et regarde comment la pratique de celui-ci peut être un moyen privilégié de construire l’unité du Corps et, pour le néophyte, de se comprendre dans un « nous » en croissance.

« Il s’agit non seulement de prier les uns pour les autres mais encore plus de vivre ensemble une démarche de réconciliation, nous reconnaissant humblement pécheurs les uns devant les autres. […] Par l’écoute commune et l’accueil de la Parole de Dieu, « les chrétiens rassemblés donnent le signe d’une Église engagée dans l’aventure des hommes, avec toutes ses dimensions collectives » » (p.64)

« L’unité du Corps est donc aussi, en plus d’être un don et le fruit de la demande du Seigneur, le signe d’une Église vivant des sacrements. Aussi la réconciliation est-elle une affaire urgente pour tous, y compris pour les néophytes, afin d’effacer le scandale de la division : il en va de l’authenticité du témoignage porté par les chrétiens. Un néophyte isolé n’est-il donc pas également le signe d’une Église manquant d’unité ? » (p.75)

Chapitre 4 – Le sacrement de réconciliation, moyen privilégié pour favoriser une Église de disciples-missionnaires

L’auteur poursuit et met en lumière le lien de ce sacrement avec celui de la confirmation. Elle y observe la place de la joie, de l’Esprit et montre en quoi le sacrement de réconciliation aide à croitre dans notre mission de témoins sauvés.

« C’est dans cette heureuse prise de conscience de la tendresse du père que naît le désir d’évangéliser […] Dans la parabole du Fils prodigue, la joie du pardon est immédiatement extensive puisqu’elle se caractérise par de la musique et une invitation à partager la fête, ce qui élargit le cercle. Cette euphorie des retrouvailles semble ainsi être un moyen privilégié de nous redonner l’enthousiasme à partager notre foi à chacun. » (p.84)

« Les deux vont bien dans le sens de la fortification de la vie chrétienne, l’un par le don plénier de l’Esprit Saint, l’autre par l’Esprit Saint consolateur venant guérir ce qui est blessé, redressant ce qui est faussé. […] Le parrain a donc un rôle spécifique à jouer vis-à-vis de son filleul, ce qui peut être de l’inviter à recevoir régulièrement le sacrement de réconciliation comme une manière de continuer à vivre sous la motion de l’Esprit Saint, don de Dieu reçu en plénitude. Il pourrait être intéressant de développer le rôle du parrain sur ce point, voire des catéchèses communes aux deux pour accentuer le caractère communautaire, d’autant plus que celui-ci est également présent pour accompagner son filleul aux premières messes du temps pascal» (p.87)

« Réfléchir à des pistes pastorales plus concrètes pour proposer le sacrement de réconciliation aux néophytes devient donc un enjeu pour que notre Église devienne davantage missionnaire, […] en proposant largement ce sacrement, nous nous entraidons à mieux entrer dans la mystère de Dieu, ce qui est étymologiquement le sens du mot « mystagogie », ce temps suivant la Vigile Pascale. » (p.90)

« Durant le temps de la mystagogie […] aux messes dominicales du temps pascal. Pourquoi ne pas leur donner de l’importance et envisager d’y adjoindre non seulement des temps conviviaux mais aussi des catéchèses sur la vie chrétienne ? Tant sur la prière […] que sur les autres sacrements dont la réconciliation ? » (p.92)

« Proposer des aides à l’examen de conscience […] élargir l’examen de conscience à la relecture de vie permet de ne pas s’arrêter à une justice trop humaine mais bien de se situer de manière plus ample dans le projet de Dieu » (p.99)

« Possibilité de célébration communautaire […] afin d’enrichir encore l’ancrage ecclésial du jeune baptisé d’une part et, d’autre part, pour que la communauté toute entière se sente responsable de vivre et de faire vivre la miséricorde. » (p.105)

Annexes – Propositions de célébrations

Pour vivre une lectio divina en groupe ; (p.121-122)

Pour l’examen de conscience personnel : à partir de la parabole du Fils prodigue. (p.123-126)

Pour l’examen de conscience personnel : à partir de l’évangile des dix lépreux. (p.127-130)

Une possibilité de célébration communautaire. (p.131-139)

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