Enquête du catéchuménat : L’influence du patrimoine religieux dans les conversions d’adultes

Introduction

Depuis septembre 2023 et jusqu’en décembre 2024, la Conférence des évêques de France tient ses Etats généraux du Patrimoine religieux. Dans ce cadre, en partenariat avec le Service national de catéchèse et catéchuménat, l’enquête 2024 sur le catéchuménat des adultes a suscité une nouvelle requête. En effet, les équipes d’accompagnement ont été questionnées pour la toute première fois sur l’influence du patrimoine religieux sur les chemins de conversion qui amènent des adultes à demander le baptême. La consultation porte sur la période 2018-2023.

261 équipes d’accompagnement en catéchuménat, originaires de 33 diocèses* (soit 1/3 des diocèses de France), ont répondu entre début décembre 2023 et mi-février 2024.

Le rôle du patrimoine religieux dans la conversion d’adultes

Ainsi que l’attestent 83 équipes de catéchuménat (soit 32 % de ceux qui ont répondu à notre enquête), le patrimoine religieux a exercé un impact majeur sur la mise en route d’adultes vers le baptême.
Un catéchumène témoigne : « Les édifices religieux et les vitraux en particulier ont eu un impact fort sur moi et j’ai toujours été attirée et bouleversée par ces réalisations. C’est un ensemble d’éléments qui m’ont mise en chemin mais ces édifices ont été majeurs dans l’appel que j’ai ressenti. »

De quels patrimoines s’agit-il ?

  • Le patrimoine immobilier : architecture générale et styles (roman, gothique, contemporain…), portail, clocher, nef… que ce soit des églises, des cathédrales ou des monastères. Ainsi, une personne trentenaire a un jour remarqué l’église devant laquelle elle passait régulièrement et a été attirée par le lieu, plus que par l’architecture, comme si le bâtiment s’était soudain révélé à ses yeux. Une autre évoque le clocher paroissial “comme si : Le Seigneur est là, au milieu de ta vie”. D’autres citent des églises et chapelles sur les chemins de Compostelle, un « pelé clochers » dans les villages, ou encore une découverte lors des Journées européennes du patrimoines. Venu par curiosité dans un monastère, un homme a
    été impressionné, s’est rapproché de la foi, et a fini par demander le baptême à 74 ans, quand il a appris qu’on pouvait être baptisé à tout âge.
  • Le patrimoine mobilier : crucifix, vitraux, baptistères, statues, tableaux, chemin de croix, orgues
    Impressionnante, cette expérience d’un jeune qui a eu une révélation en regardant la croix au sommet de la Basilique de Fatima ou cette jeune femme attirée par le baptistère lors de la célébration d’un baptême d’un neveu. Pour d’autres, c’est un tableau de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus qui a eu un impact dans le cheminement, ou la découverte d’un tableau de la Vierge Marie chez un particulier. Des personnes ayant étudié l’art ou l’histoire font un jour une expérience sensible devant des tableaux, gravures, enluminures, vitraux… et dépassant la « simple » beauté de l’œuvre, s’ouvrent à une transcendance.
  • Le patrimoine immatériel : silence, lumière, traces sensibles d’une célébration passée (encens, fumée…), lieux sur des chemins de pèlerinage (voies de Compostelle, Lourdes, Rome, Fatima…), incendie de Notre-Dame de Paris, ostension de reliques…

Un grand nombre de personnes témoigne de l’impact du silence dans les églises. Ainsi un accompagnateur rapporte qu’un jeune de 16 ans, de parents non pratiquants, se rendait régulièrement dans l’église voisine de son quartier parce qu’il y appréciait le silence et sans doute une occasion de prier. Quelque temps après, sa sœur plus âgée (20 ans) prenait le même chemin.

Des accompagnateurs témoignent que des catéchumènes ont été rejoints par la quiétude, la lumière, l’ambiance paisible des églises, leur donnant le sentiment d’un havre de paix, pouvant aller jusqu’à les remplir d’une grande joie intérieure.

D’autres types d’expériences peuvent conduire à la foi chrétienne. A l’occasion de la fête populaire autour du saint de village (patrimoine immatériel), le témoin a été sensible, lors d’une répétition de chants, par l’ambiance dans l’Eglise et la personne qui animait, qui sont venu révéler « en creux » en lui un manque et donc le besoin d’être baptisé. Pour un photographe de baptêmes et mariages (30 ans), ce sont les célébrations elles-mêmes qui l’ont conduit à demander le baptême, alors même qu’il avait d’abord été ému par la beauté des lieux.

On note ainsi la diversité des portes d’entrée des conversions d’adultes liées au patrimoine religieux.

La diversité des contextes

La consultation fait ressortir que cette découverte du patrimoine religieux s’est exercée :

  • autant en contexte de célébration liturgique (baptême, mariage, obsèques, messe) qu’en dehors (église vide) ;
  • autant en contexte de patrimoine voisin (résidence et travail) que lointain
    (tourisme et pèlerinage) ;
  • autant en contexte d’églises paroissiales qu’en églises de sanctuaire ou de vie
    religieuse (monastère, abbaye…).

Comment qualifier l’impression exercée sur les personnes ?

L’enquête montre que les personnes sont soit étonnées par le patrimoine religieux, interrogeant le pourquoi, le comment, donnant envie de connaître (34%), que saisies avec l’impression de dépassement ouvrant à la transcendance (31%). L’expérience sensible artistiquement, créant de l’admiration est un peu moins importante (22%). Quant aux 13 % restant, qui ne se retrouvaient pas dans les expressions proposées, ils expriment le sentiment de bien-être, l’assurance d’être au bon endroit, un climat qui permet un retour sur soi. Pour d’autres, ce sera l’enracinement dans les siècles que permet la découverte du patrimoine religieux.

Un patrimoine qui semble toucher particulièrement les jeunes générations.

Une autre dimension apparait au fil de l’enquête résumée ainsi par une jeune accompagnatrice : « Les jeunes générations recherchent le beau, le sacré. De manière générale c’est ce que j’ai pu voir autour de moi (j’ai 24 ans). » D’autres accompagnateurs consonnent soulignant que la beauté des monuments, tableaux et musiques religieux touche particulièrement les jeunes, lycéens et étudiants, en quête de spiritualité, et que les jeunes générations sont passionnées par l’histoire et tout ce qui est beau. Et malgré leur mode de vie foncièrement moderne, ils semblent préférer les églises ou cathédrales gothiques, les églises romanes aux églises modernes.

Conclusion

Nous retenons que nous disposons en France d’un extraordinaire patrimoine religieux qui n’est pas sans impact sur la conversion des adultes. L’enquête menée auprès des catéchistes/accompagnateurs d’adultes vers les sacrements de l’initiation chrétienne a permis de mettre en lumière l’importance des églises tant dans leur dimension architecturale que dans leur mobilier liturgique ou (vitraux/tableaux) ainsi que par l’atmosphère qui s’en dégage et qui offre un havre de paix dans un monde en effervescence, dans des vies très actives. Ces expériences « fortes » et « émouvantes », voire « sensibles » vont rejoindre une quête spirituelle de nos contemporains et permettre la conversion d’un certain nombre d’adultes aujourd’hui à foi chrétienne.
Ce patrimoine est également un atout pendant le cheminement catéchuménal.

*Diocèses d’Agen, Aire-et-Dax, Angers, Annecy, Bayeux-Lisieux, Besançon, Blois, Bourges, Carcassonne-et-Narbonne, Clermont, Coutances, Créteil, Evry-Corbeil Essonnes, Gap-et-Embrun, Le Havre, Le Puy-en-Velay, Lille, Luçon, Marseille, Metz, Moulins, Nanterre, Nevers, Nice, Perpignan-Elne, Saint-Denis-en-France, Saint-Etienne, Saint-Flour, Sens-Auxerre, Soissons, Tarbes-et-Lourdes, Valence, Versailles.

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