« Faire Église » tous ensemble, sans mise à l’écart

Trois questions à Claudine Moret, responsable de la PCS pendant 12 ans, catéchiste, intervenant au sein d’un Institut Médico-Pédagogique.

Pourquoi ce service auprès des enfants en difficulté ?

Engagée au caté et active au Secours Catholique, je me suis toujours sentie interpellée par les enfants. Ils sont les premiers concernés, particulièrement dans les situations difficiles et souvent aussi les premières victimes.

Je ne prétends pas être un sauveur, mais simplement être là au service. Une personne qui compte pour eux, certes, mais de passage au moment où ils peuvent grandir. Par les enfants j’ai la possibilité de rencontrer également des parents, des familles. Lors de la proposition d’un sacrement, il y a quelque chose d’important à leur faire vivre au cœur même des difficultés familiales, des conflits, des révoltes, de l’incroyance.

Quelles sont vos plus grandes joies ?

Les voir se « délier ». Je suis émerveillée lorsqu’un enfant vit pleinement un sacrement. Ces enfants peuvent, si on est avec eux pour les accompagner, mettre du sens à ce qu’ils vivent. En plus du sens, il est bon d’insister sur le beau : c’est une façon de les respecter. Ma seconde joie est de chercher sans cesse à bien « connaître » la Parole, pour être « dégagée » du support du texte. C’est important d’être à l’aise au milieu d’eux, habitée par la Parole.

Enfin, j’éprouve une grande joie à chercher des outils pour les rejoindre humainement et spirituellement, simplement. Cela me dynamise de donner envie, de donner à voir. Ce service, je le vis plus dans la joie que dans le sacrifice, pour la joie de La Rencontre.

Quels sont les enjeux pour l’Église d’accueillir ces enfants ?

Je ne voudrais pas, je ne pourrais pas faire une Église « à part ». Il y a une grande tentation de les mettre à l’écart et de vivre des moments « entre soi », c’est plus facile. Il faut la volonté de faire Eglise tous ensemble : il ne s’agit pas de faire tous en même temps la même chose, mais de se croiser autour de la Parole et lors des sacrements.

Il est important de permettre un lien, un accueil avec une communauté bienveillante car il nous faut aller dans le lieu où l’enfant et sa famille ont besoin de vivre, de se retrouver, d’oser une démarche. Il est du coup essentiel de préparer la communauté à accueillir ces jeunes en difficultés, pour vivre ensemble, en communion fraternelle.

L’enjeu est d’être de leur permettre d’être comme les autres, humains, chrétiens ; leur permettre de vivre quelque chose d’heureux dans leur contexte familial, quel qu’il soit.

Propos recueillis par Xavier Cottarel
Eglise en Savoie n°9 de juin 2015

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