Aimer, un commandement ?
Un article bonus des Dossiers d’Initiales : « Aime et fais ce que tu veux ».
Un éclairage sur cette citation tirée du Commentaire de la première épître de Jean de saint Augustin, titre du numéro spécial d’Initiales :
Une fois pour toutes t’est donc donné ce commandement concis : Aime, et ce que tu veux, fais-le ! Si tu te tais, tais-toi par amour; si tu parles, parle par amour; si tu corriges, corrige par amour; si tu pardonnes, pardonne par amour. Aie au fond du cœur la racine de l’amour; de cette racine ne peut rien sortir que de bon.
– Saint Augustin,Commentaire de la première épître de Jean, traité VII, 8.
« Peut-on forcer qui que ce soit à aimer ? Peut-on aimer par ordre ou sous la contrainte ? Non, c’est tout à fait impossible. Un amour authentique et vrai ne peut se vivre qu’en liberté. Et pourtant, Jésus parle bien d’une loi, d’un ordre, quand il dit : « Je vous donne un commandement nouveau : aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimé ». D’une certaine manière, c’est obligatoire d’aimer si l’on veut être disciple de Jésus, c’est obligatoire d’aimer si l’on veut être heureux, comme c’est obligatoire de respirer si l’on veut rester en vie ! Jésus propose un chemin d’épanouissement qui ne peut se vivre que dans l’amour mais, comme il s’agit justement d’amour, il ne peut être que librement consenti.
C’est ce que dit saint Augustin, quand il résume la morale chrétienne ainsi : « Aime et fais ce que tu veux » ! Si l’on aime vraiment, on ne peut pas faire de faux témoignage. Si l’on aime vraiment, on ne peut pas tuer. Si l’on aime vraiment, on honore son père et sa mère : c’est naturel. Ainsi, la Loi de Moïse (les dix commandements) tombe d’elle-même : elle est accomplie. Elle n’est plus le point de départ de notre manière de vivre, mais sa conséquence.
Cependant, si Jésus parle de l’amour comme d’un commandement, c’est qu’il n’est pas évident à appliquer. Il est si facile de tomber dans un égoïsme naturel … Alors la Loi réapparaît, non pas comme une obligation légaliste à suivre, mais comme un pédagogue qui nous aide à atteindre l’amour dans sa perfection, en pleine liberté. »
P. Jean-Marie Humeau, vicaire épiscopal du diocèse de Pontoise