TED, drôle de coco
Émilie GLEASON, Edition Atrabile, 2018, 128 pages, 17€
Au Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême 2019, le « Fauve révélation » a été décerné à cette BD qui est une vraie bonne découverte !
Ted trimballe sa grande carcasse dégingandée à travers la ville dans un train-train aussi régulier qu’énergique; métro-boulot-dodo, certes, mais avec une énergie et une rigueur peu commune. Puis un jour, la mécanique se grippe et tout s’emballe, ce jour où le métro est en travaux et où les choses ne sont pas, plus, comme d’habitude. Et là, tout dérape …
Ce n’est que tardivement dans la BD que le lecteur découvre que Ted est autiste Asperger. Un choix délibéré, qui doit permettre de s’attacher d’abord au personnage qui, outre ses TOC possède quelques autres singularités qui ne facilitent pas ses rapports sociaux. S’il maîtrise parfaitement le classement des ouvrages de la bibliothèque où il est employé, il ne sait se déplacer sans courir ni manger sans engloutir, ne comprend pas vraiment le second degré et n’exprime quasiment pas ses émotions ou sentiments si ce n’est par imitation. Ce qui veut dire que sa vie est beaucoup, beaucoup plus compliquée que la nôtre. Avec ses couleurs explosives, la jeune auteur de 25 ans livre un premier album au rythme effréné, à l’image de la vie hors norme de Ted dans laquelle le lecteur se trouve immergé dès la première page.
Emilie GLEASON s’est fortement inspirée du vécu de son frère, diagnostiqué Asperger, pour raconter les bien étranges journées de Ted. L’auteur exploite à fond les possibilités de son style très libre, entre dessin d’enfant et cartoon, en particulier pour représenter les terribles frustrations émotionnelles de Ted. « A-t-on réellement appris des choses sur l’autisme en refermant « Ted, drôle de coco » ? Sans doute. Mais on a surtout rencontré quelqu’un » (voir les articles de Gauthier Vaillant dans LA CROIX du 8 octobre 2018 et dans celui du 24 janvier 2019.)