L’homme sans passé, de Aki Kaurismäki : fiche analytique
Utilisé pendant la formation d’octobre 2012 Films et catéchèse, ce film L’homme sans passé, de Aki Kaurismäki sorti en 2002 ayant obtenu le prix du jury œcuménique de Cannes, permet d’évoquer la dimension spirituelle du cinéma.
Ce film de Aki Kaurismäki de 2002 a obtenu le prix du jury œcuménique de Cannes. Le réalisateur est très indépendant, libre. Nous regardons le chapitre : accueillir une famille.
Le contexte :
Les visages des différents personnages sont montrés en gros plan. Le visage du blessé est masqué. Avant cet extrait, le blessé a eu un accident, est hospitalisé puis a quitté l’hôpital. C’est un homme invisible, amnésique qui n’a donc plus de nom. C’est une figure de pauvre. La famille qui recueille cet homme est aussi matériellement pauvre.
Ce qui traduit une ambiance positive :
Le dialogue montre que la femme vit les choses très positivement puisqu’elle se réjouit que son mari travaille (même pour un tout petit boulot de gardiennage d’un tas de charbon la nuit) et avec l’espoir d’un accès en HLM dans un an ou deux !
Dans l’esthétique, l’homme s’habille pour sortir. Il garde sa dignité. La douche montre son énergie. Au niveau lumière : les images sont pleines de luminosité avec une lumière typique de l’écosse ou du nord de la France qui donne des couleurs dorées en lumière rasante. Ce film est solaire ! Bande son : on entend un accordéon. C’est un instrument festif et populaire qui contribue à l’ambiance joyeuse.
La situation est donc paradoxale avec des gens pauvres dans une musique joyeuse, de l’humour et une lumière remarquable. Il s’agit ici d’un cinéma paradoxal.
Le 7e art combine les autres arts. Il a donc tous les éléments pour montrer des paradoxes. Il va pouvoir exprimer subtilement les situations paradoxales. Pour les chrétiens, cela renvoie en particulier aux béatitudes avec sa dynamique d’espérance.
Cet homme sans passé semble avoir de l’avenir. On le sent particulièrement avec les champs/contrechamps pour montrer l’échange de regard avec la femme de la soupe populaire. Dans les béatitudes, on retrouve ce paradoxe d’heureux les pauvres, heureux ceux qui pleurent….c’est à dire heureux les malheureux.
On relève l’humour du chant religieux chanté par l’armée du salut en uniforme. La religion est distanciée. Mais cela peut être une illustration de ‘heureux les pauvres’. L’amnésique est un pauvre en esprit. Il a une stature d’homme qui existe qui se tient debout. Il ne se plaint jamais.
La situation se renverse quand c’est l’homme sans passé qui soutient le mari qui a peur de rentrer chez lui par crainte de se faire battre par sa femme car il a trop bu.
Avec Ken Loach, on retrouve le même genre de cinéma paradoxal. Par exemple avec le film Raining stones dans lequel l’homme veut payer la robe de première communion de sa fille. Pour cela il trouve comme travail de curer les égouts. La caméra suit l’homme qui va, sur une musique joyeuse, faire ce sale boulot. Le christianisme n’est-il pas la religion du paradoxe avec un homme Dieu qui vient parmi nous ?