Signes, pictogrammes, photos et objets : enrichir notre façon de communiquer avec les personnes handicapées
Suite aux trois journées de formation sur le thème « Avec nos mots et nos mains, avec des images et des pictogrammes … Communiquer avec la personne handicapée », Marielle Lachenal, formatrice en communication alternative augmentée (CAA), revient sur la nécessité d’enrichir notre communication habituelle de l’usage d’autres supports, pour communiquer avec les personnes en situation de handicap.
Pourquoi est-il utile de savoir communiquer de manière non verbale avec les personnes handicapées ?
Nous communiquons tous de manière non-verbale. Je poserai donc la question autrement : pourquoi ne pas utiliser le non-verbal aussi, comme nous le faisons entre nous ? Comment enrichir et diversifier notre communication habituelle (verbale, non orale) pour entrer en relation avec les personnes en situation de handicap ?
Nous privilégions trop souvent la communication par les mots dans notre société. L’oral nous fait oublier les autres canaux de la communication. Or pour les personnes handicapées, qui ont du mal avec le sens, mais aussi avec l’utilisation des mots, nous devons nous adapter. Pour qu’elles comprennent mieux, nous pouvons modifier notre façon de parler et l’enrichir de signes, de pictogrammes, de photos et d’objets. Il est également nécessaire de proposer ces supports aux personnes handicapées pour qu’elles puissent à leur tour nous parler.
Que signifie modifier notre façon de parler ?
Ce n’est pas parler plus fort, employer un ton infantilisant… C’est au contraire adapter notre niveau de langage au niveau de compréhension de la personne. C’est, par exemple, utiliser des phrases courtes et simples, employer une idée par phrase, ne pas enchaîner plusieurs consignes trop rapidement : la personne handicapée peut avoir des problèmes de mémoire, qu’il faut prendre en compte. C’est aussi éviter les concepts trop larges, et utiliser des images (au sens propre, comme au figuré) : il sera ainsi plus facile de comprendre un mot concret. Par exemple : « communier », plutôt que « sacrement », ou dans un autre registre, « chat » ou « oiseau » plutôt qu’« animal », « chaise » plutôt que « meuble »…
Signes, pictogrammes, photos et objets : quels sont ces moyens de communication non oraux ?
Les signes sont des gestes issus de la langue des signes française (LSF), toujours accompagnés de la parole. Les pictogrammes, des dessins simples signifiants, qui équivalent à des mots écrits. Les photos représentent les différents temps de la journée, d’une réunion, d’une rencontre, les différents lieux de vie, les différents objets du quotidien : ils aident à comprendre et à désigner ce que la personne veut dire. Et enfin, les objets sont utiles pour les personnes qui ont du mal à comprendre le sens des autres supports (signes, pictogrammes, photos). Ces quatre types de supports sont bien souvent « cousus-main », pour parvenir à comprendre et à se faire comprendre par la personne en situation de handicap.
Quelles « bonnes idées » retenez-vous de ces trois journées de formation pour l’accompagnement en catéchèse des personnes en situation de handicap ?
C’est la rencontre de personne à personne qui compte : la rencontre interpersonnelle devient obligatoire si l’on veut prendre au sérieux la personne accompagnée. Bien sûr, cela demande du temps (de préparation, d’exécution…). Et les participants à la formation l’ont bien compris : il faut s’adapter ! Un exemple : pour la lettre de demande confirmation à l’évêque, qui devrait être écrite, pourquoi ne pas l’exprimer sous forme de pictogrammes ? La PCS ouvre d’autres champs de possibilités, permet l’échange, le compagnonnage. Et la catéchèse par pictogramme est de fait novatrice, car même en milieu professionnel, cette initiation à la Communication alternative augmentée (CAA) est encore peu suivie en France (par rapport aux pays du nord de l’Europe).
Où les catéchistes peuvent-ils se former à ces modes de communication ?
Le Service national de la catéchèse et du catéchuménat peut les renseigner, notamment la délégation à la Pédagogie catéchétique spécialisée. Les parents et les professionnels sont également de bons appuis : ils sont bien souvent au courant des lieux et des moyens pour se former à ce type de communication.
« Avec nos mots et nos mains, avec des images et des pictogrammes… Communiquer avec la personne handicapée » : les 30 et 31 janvier et 2 avril 2012, trois journées de formation sur ce thème ont permis aux participants d’envisager des alternatives à leur manière de communiquer, de comprendre qu’il est nécessaire de s’adapter aux personnes qu’elles accompagnent en catéchèse. Marielle Lachenal, formatrice en communication alternative augmentée (CAA), l’équipe diocésaine de Pédagogie catéchétique spécialisée (PCS) de Grenoble – Vienne (Christine Blanc-Jouvan, Marie-France Baldazza, et Alice Sonzogni), et la déléguée à la PCS au Service national de la catéchèse et du catéchuménat, Anne Herbinet, ont animé cette formation.