La fuite en Egypte de Saint-Benoît-sur-Loire
Art et foi, dans la revue Ecclesia n°12
L’oeuvre : La sculpture d’un des chapiteaux de la tour-porche de l’abbaye de Fleury à Saint-Benoît-sur-Loire, exécutée vers 1080.
Expressions de foi
Tout dans cette sculpture nous raconte l’histoire du peuple de Dieu. Matthieu qui est le seul à relater ce récit écrit pour des juifs qui connaissent parfaitement le premier Testament. Il fait des références incessantes à ces textes. A chaque instant nous pourrions reconnaître la figure de Moïse, de Joseph mais aussi les annonces de Jérémie (Jr 42) sur le massacre des Saints Innocents. L’Egypte nous renvoie à l’idée d’une terre de refuge, d’attente, de passage, de servitude et de liberté. Abraham y séjourna, Joseph y habita et y fit venir sa famille, Moïse en partit puis revint pour repartir. Chaque artiste, à sa manière, y a apporté sa touche.
Le sculpteur de l’abbaye de Fleury a voulu faire le parallèle avec le texte de l’Apocalypse par ses allusions aux étoiles, au ciel et à la terre (le tabouret), au monde d’en haut et au monde d’en bas. La femme enveloppée de soleil (la marguerite) et son enfant qui dominera le monde et sera enlevé par Dieu (main de Dieu). Le dragon, symbole du mal, du diable toujours présent prêt à dévorer l’enfant, combattu par Saint Michel.
Mais une seconde lecture s’impose et peut nous faire voir Marie comme figure de l’Eglise, protégée du mal (du dragon et d’Hérode), et foulant du pied le serpent. Le parallèle entre ces deux textes permet de comprendre l’intention de l’artiste de « tricoter » la fuite au désert et la fuite de la femme dans le ciel comme mentionné au chapitre 12, verset 6 de l’Apocalypse « l’enfant fut enlevé jusqu’auprès de Dieu et de son trône, tandis que la femme s’enfuyait au désert, où Dieu lui a ménagé un refuge pour qu’elle y soit nourrie mille deux cent soixante jours. »