3ème dimanche de l’Avent – Les pauvres comme sujets

« Les pauvres sont nos maîtres », disait saint Vincent de Paul.

Dès le début de l’histoire de l’Église, les disciples de Jésus ont reconnu dans la proximité avec les plus pauvres une manière privilégiée de rencontrer le Seigneur. Depuis la fin du 19ème siècle, en particulier avec le concile de Vatican II et la Conférence de l’épiscopat latino-américain d’Aparecida (2007), l’Église a poursuivi son discernement et a affirmé son option préférentielle et évangélique en faveur des pauvres.

Nous ne sommes pas dans le domaine de la bienfaisance, mais dans celui de la Révélation… A travers les pauvres, Il a encore quelque chose à nous dire (DT 5) écrit le pape au début de son texte. Dans l’évangile de ce 3ème dimanche de l’Avent (Mt 11, 2-11), dimanche de la joie, Jésus répond lui-même à Jean-Baptiste – qui lui demande s’il est bien le Messie – en lui montrant les guérisons et l’annonce de la Bonne Nouvelle aux pauvres comme signes que le Royaume de Dieu est déjà là.

En citant La joie de l’Évangile de son prédécesseur, le pape ajoute : … il apparait clairement qu’« il est nécessaire que tous nous nous laissions évangéliser » par les pauvres, et que nous reconnaissions tous « la mystérieuse sagesse que Dieu veut nous communiquer à travers eux » (DT 102).

Les pauvres nous évangélisent car ils ont une proximité particulière avec le Christ souffrant que nous n’avons pas forcément. Le pape invite les croyants non pas à agir pour les pauvres, mais avec eux : ceux-ci doivent être considérés comme des sujets capables de créer leur propre culture, plutôt que comme des objets de bienfaisance.

Dans son message du 13 juin 2025 pour la 9ème journée des pauvres, le pape exhorte à mettre les plus pauvres au centre de l’action de l’Église. Méditons ces quelques lignes en pensant à notre mission.

Les pauvres ne sont pas une distraction pour l’Église, ils sont nos frères et sœurs les plus aimés, car chacun d’eux, par son existence et aussi par les paroles et la sagesse dont il est porteur, nous invite à toucher du doigt la vérité de l’Évangile. C’est pourquoi la Journée mondiale des pauvres veut rappeler à nos communautés que les pauvres sont au centre de toute l’œuvre pastorale. Non seulement en son aspect charitable, mais également en ce que l’Église célèbre et annonce. Dieu a pris leur pauvreté pour nous rendre riches à travers leurs voix, leurs histoires, leurs visages. Toutes les formes de pauvreté, sans exception, sont un appel à vivre concrètement l’Évangile et à offrir des signes efficaces d’espérance.

Les pauvres ne sont pas des objets de notre pastorale, mais des sujets créatifs qui nous poussent à trouver toujours de nouvelles façons de vivre l’Évangile aujourd’hui.