Les Écritures dans les chemins catéchétiques proposés aux personnes handicapées

CatéHandi_2S’il est incontestable que la Parole de Dieu, transmise dans les Écritures, est centrale en PCS, comme en toute catéchèse, il n’en demeure pas moins que des questions spécifiques apparaissent dans les chemins catéchétiques proposés aux personnes handicapées : Comment faire accéder à l’histoire du peuple de l’Alliance des personnes qui n’ont pas la notion du déroulement du temps ? Comment aborder certaines paraboles avec des personnes qui n’ont pas accès au langage symbolique ni à la métaphore ?

Il nous faut déployer des trésors de créativité pour aborder les Écritures par différentes médiations : le conte, le mime, la cantilène, les différents moyens visuels ; tout en ne cédant pas à la tentation, sous prétexte de simplification, de réduire le récit à un message. Mais il n’en demeure pas moins que les personnes ne peuvent pas toujours partager – au sens de rendre compte verbalement – ce que la Parole, dans les Écritures, leur apporte. Il nous est parfois très difficile de savoir quelle « rencontre » telle ou telle personne a faite dans un récit, et la dé-maîtrise est de rigueur. Pour autant, cette dé-maîtrise se conjugue avec une réelle exigence … particulièrement du côté du catéchiste.

Que la personne handicapée soit en grande difficulté (ou non) pour rendre compte de sa foi, le catéchète doit pouvoir de son côté être bien « au clair » avec ce qu’il exprime, avec ce dont il témoigne, d’autant plus que les personnes handicapées manifestent très souvent une confiance absolument totale à leurs accompagnateurs.

De quel Dieu je leur parle ? De quelle foi je leur témoigne ? Qu’est-ce qui me fait « tenir dans la vie en croyant »1 ? Quelle est la tonalité spirituelle de la relation que j’instaure avec les personnes ? A quelle vie religieuse je les initie ?

En PCS plus que partout ailleurs, à cause du poids important de la relation interpersonnelle (et selon une formule devenue célèbre) « ce que je donne à voir propose à croire ». Cela invite à prendre beaucoup de temps à préparer les rencontres en équipe, à s’accorder du temps ensemble, entre pairs, pour le partage et la méditation de la Parole.« Notre Église tout entière doit se mettre davantage en état d’initiation, en percevant et en accueillant plus résolument la nouveauté de l’Évangile pour pouvoir elle-même l’annoncer. »2

Le but définitif de la catéchèse est de mettre quelqu’un non seulement en contact mais en communion, en intimité avec Jésus Christ » : c’est Jésus Christ qui initie. Cette affirmation est la porte d’entrée et le fil conducteur de notre démarche.

– Chap. 1er, §1.1 du TNOC, p 23

Regardons la manière d’être du Christ, seul pédagogue et initiateur. « Selon les récits, de bout en bout, le Christ est vrai avec lui-même et fait la vérité autour de lui. Il accueille ceux qui viennent à lui sans aucune discrimination ; il est proche de tous ceux et celles que la société de son temps marginalisait. Il guérit, il délivre de tout ce qui empêche les hommes et les femmes de devenir eux-mêmes, sujets uniques et libres. Il enseigne aussi, il rappelle la loi et il l’accomplit. Mais il enseigne après avoir guéri et non l’inverse. Il fait faire l’expérience du royaume avant de l’annoncer par la parole. »3

En Jésus Christ, en l’Incarnation de Dieu parmi les hommes, tout est récapitulé. Les catéchètes en PCS s’appuient sur des itinéraires où les récits évangéliques prennent une place centrale et prépondérante. Il ne s’agit pas ici de transmettre ce qu’on sait des Écritures, mais d’être au service d’une rencontre avec Jésus le Christ. Le catéchète invite « à tourner le regard vers Jésus et à le suivre »4, à s’engager dans une marche derrière le Christ à laquelle il participe lui-même. Cela influence sa manière d’accompagner. Et c’est dans le mystère pascal que se manifestera complètement la Révélation de l’Amour de Dieu envers les hommes: l’abord de la mort et de la Résurrection du Christ représente dans l’itinéraire catéchétique un enjeu déterminant.

Après avoir, à bien des reprises et de bien des manières, parlé par les prophètes, Dieu « en ces jours qui sont les derniers, nous a parlé par son Fils ». Il a envoyé en effet son Fils, le Verbe éternel qui éclaire tous les hommes, pour qu’il demeurât parmi eux et leur fît connaître les profondeurs de Dieu.

– Dei Verbum n°4

1. Aller au cœur de la foi, Lettre au Peuple de Dieu, p. 13.
2. Lettre aux catholiques de France, p. 35
3. P Philippe Bacq, intervention lors du Vème colloque international de l’ISPC : La catéchèse et le contenu de la foi
4. Jean Paul II, Homélie du 10/12/2000 au Jubilé des catéchistes.

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