Mariage : « La différence des sexes : une heureuse nouvelle » !

Le Conseil Famille et société de la Conférence des évêques de France a publié un texte important, « Élargir le mariage aux personnes du même sexe ? Ouvrons le débat » (27 septembre 2012). Nous y trouvons les éléments fondamentaux pour éclairer notre réflexion et saisir les véritables enjeux de ce débat de société.

Et nous tous, acteurs de la responsabilité catéchétique dans l’Église, comment pouvons-nous contribuer à favoriser le débat dans les groupes d’Eglise que nous fréquentons ou dont nous avons la charge ? En effet, rien n’avancera de l’évangélisation des mentalités et des cœurs, sans que tous puissent prendre la parole, être écoutés et compris, et comprendre les autres façons de voir la vie en société, le mariage et l’engendrement à la vie.

Rejeter toute forme d’homophobie

Tout d’abord, rejeter clairement toute forme d’homophobie.

Il s’agit là un vrai travail de conversion des mentalités et des regards, des habitudes aussi. Voilà déjà plus de 35 ans (!) que la Congrégation pour la doctrine de la foi a précisé que ces réactions « manifestent un manque de respect pour les autres qui lèse les principes élémentaires sur lesquels se fonde une juste convivialité civile. La dignité propre de toute personne doit toujours être respectée dans les paroles, dans les actions et dans les législations ». Et le texte des évêques de préciser que « l’homme est plus grand que ses actes » et de poursuivre en demandant au pouvoir politique « d’entendre la demande d’un certain nombre de personnes homosexuelles de bénéficier d’un cadre juridique pour inscrire une relation affective dans le temps ». Nous savons qu’une part non négligeable de la population est marquée par l’homosexualité. Des personnes homosexuelles participent à la vie paroissiale, à divers groupes de réflexion, à des projets caritatifs, à des instances pastorales ou catéchétiques. N’est-il pas opportun de favoriser cette prise de conscience et cet engagement à toujours plus de fraternité effective ? Là se trouve une condition sine qua non du débat. Mais il est tout aussi nécessaire pour un débat en vérité de ne pas être les jouets des slogans de lobbies ou autres pensées courtes manipulatrices et toutes faites sur la question.

Redécouvrir le sens du mariage

Ensuite il est nécessaire de redécouvrir, avec les évêques, à l’occasion de ces échanges, que « le mariage n’a jamais été un simple certificat de reconnaissance d’un sentiment amoureux.

Le mariage a toujours eu la fonction sociale d’encadrer la transmission de la vie en articulant, dans le domaine personnel et patrimonial, les droits et devoirs des époux, entre eux et à l’égard des enfants à venir. » Le mariage ne valide pas la sincérité des sentiments des personnes. Il institue entre un homme et une femme une communauté de vie qui fait « entrer dans une union de vie totale ». « Il a toujours organisé le lien entre conjugalité et procréation ». Dans le contexte d’aujourd’hui, soutenir cette articulation nécessitera certainement un travail d’argumentation, tant il est vrai que notre société moderne est marquée par l’individualisme et se centre principalement sur « la sincérité et l’authenticité du lien amoureux » ! Nous avons ici à faire découvrir combien l’altérité sexuelle est un bien, non seulement pour les époux et les familles, mais elle structure nos rapports sociaux, symboliques, psychologiques et en dernier ressort, elle est nécessaire pour l’engendrement à la vie. « La différence des sexes est une heureuse nouvelle ». Elle ne brime aucun droit singulier, mais elle fonde la capacité d’une société à s’ouvrir sur celui qui n’est pas le même. Au fond, la différence des sexes est un indice anthropologique sérieux de notre condition d’êtres relationnels qui ne se satisfait pas de son « similaire » mais a besoin d’un « semblable qui lui soit accordé » (cf. Gn 2, 18.20) et avec lequel il puisse entrer dans un dialogue fécond et co-créateur. Loin d’être issue de la seule nécessité génétique ou biologique, la différence sexuelle est un appel à l’ouverture vers tous les non-identiques. Elle inscrit dans notre humaine nature le refus de tout totalitarisme, de tout simplisme, de toute uniformisation dictatoriale ou génétique.

Réjouissons-nous d’être appelés à entrer dans ces débats qui ne manqueront cependant pas d’être délicats et piégés !

Ils peuvent être autant d’occasions de rendre compte de notre « vision de l’homme », de notre goût du respect de l’autre quel qu’il soit, de notre volonté engagée de vivre à hauteur de fraternité et de servir l’intérêt du plus petit, en l’occurrence, ici celui de l’enfant. Réjouissons-nous et préparons-nous aussi afin que ces échanges ne soient pas des dialogues de sourds. Qu’ils permettent aux chrétiens que nous sommes et responsables pastoraux et catéchétiques, de trouver les chemins d’une réelle écoute, d’une chance offerte pour des pas nouveaux entre les personnes, et d’une vraie proposition de sens fondé en l’amour même de Dieu pour tous ses enfants. Il y a là des enjeux catéchétiques et des occasions de nouvelle évangélisation…

Sur le sacrement du mariage

A lire en complément de ce billet :

Article 7 LE SACREMENT DU MARIAGE

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