Les mystères-sacrements : « Une signification spirituelle cachée sous des symboles »
Trois questions à Pierre Maraval, intervenu sur les Catéchèses Mystagogiques de Cyrille de Jérusalem (IVe siècle), l’un des Pères de l’Église, lors du colloque « L’apport des Pères de l’Église à la proposition de la foi aujourd’hui ».
La mystagogie chez Cyrille de Jérusalem
Résumé de l’intervention de Pierre Maraval au colloque « L’apport des Pères de l’Église à la proposition de la foi aujourd’hui » :
Les cinq Catéchèses Mystagogiques transmises sous le nom de Cyrille de Jérusalem, étaient adressées aux nouveaux baptisés dans la semaine qui suivait Pâques. Leur but est de les « instruire parfaitement » sur les mystères qu’ils ont reçus durant la nuit pascale – baptême par immersion, chrismation, participation à l’eucharistie. Avec beaucoup de sens pédagogique, leur auteur explique le sens caché sous les symboles, ceux des gestes accomplis, des réalités matérielles utilisées (eau, huile, pain, vin), mais aussi celui des paroles prononcées. Cette explication recourt sans cesse à l’Écriture, à l’Ancien Testament dans lequel ces symboles sont préfigurés, au Nouveau dans lequel les actes du Christ en fondent le sens ; elle s’accompagne d’un enseignement éthique, rappel concret des devoirs du nouveau chrétien.
Que signifie le « mystère » pour Cyrille de Jérusalem, évêque de Jérusalem au IVe siècle, l’un des Pères de l’Église ?
Les mystères : c’est ainsi que les Grecs appellent ce que nous appelons les sacrements.
Il y a dans le terme l’idée d’une signification spirituelle cachée sous des symboles ; les mystères-sacrements sont des événements symboliques qui ont une signification spirituelle : dans leur accomplissement se manifeste (se révèle) une opération divine.
Comment l’explique-t-il aux nouveaux baptisés ? Pourquoi cette formation avait-elle lieu après avoir reçus les mystères et non avant ?
C’est sans doute une des manifestations de la discipline de l’arcane, qui existe depuis l’organisation du catéchuménat au IIIe siècle, imitation des écoles philosophiques, qui dispensaient un enseignement à deux niveaux, exotérique (public) et ésotérique (initiés). Mais c’est peut-être parce que le mystère-sacrement est à la fois, sous des symboles, révélation et opération divine, qu’on a préféré réserver la signification de ces symboles à ceux qui en ont été les bénéficiaires. C’est ce que dit la formule des liturgies orientales : « Les choses saintes pour les saints ». Le réalisme de l’union au Christ procurée par ces mystères ne peut être véritablement compris que par eux (c’est du moins ainsi que je le comprends !).
En quoi Cyrille de Jérusalem est-il pertinent et actuel ?
Difficile de dire si un Père de l’Église est actuel : il est clair qu’il parle à un public qui est bien différent de celui d’aujourd’hui… Mais les catéchumènes d’hier comme d’aujourd’hui veulent devenir « chrétiens », avoir avec le Christ un nouveau rapport. Il me semble dès lors que l’apport le plus accessible et le plus pertinent de ces catéchèses se trouve dans l’insistance qu’ils mettent sur l’imitation du Christ et l’union au Christ que procurent les sacrements, dans leur affirmation que ces ‘mystères’ font, à travers des symboles parlants, de nouveaux christs, avec les conséquences que cela entraîne …