Le Directoire pour la catéchèse, nouveau texte de référence pour les acteurs de l’évangélisation
Le 25 juin 2020, le Conseil pontifical pour la Promotion de la Nouvelle évangélisation a publié un nouveau Directoire, texte de référence pour les orientations catéchétiques de l’Église universelle. Pauline Dawance, Directrice du Service national pour la catéchèse et le catéchuménat au sein de la Conférence des évêques de France, nous explique en quoi les grands apports de cette édition 2020 mettent en lumière le soin particulier de l’Église envers l’action catéchétique.
Qu’est-ce que le Directoire pour la catéchèse ?
Le Directoire pour la catéchèse est un document qui est donné par le Vatican à l’Église universelle. Il été élaboré par le Conseil pontifical pour la Promotion de la Nouvelle évangélisation créé par le pape Benoit XVI en 2010.
Il est destiné aux évêques qui ont la charge pastorale et qui sont les premiers catéchistes de leur diocèse. Il s’adresse aussi à tous les acteurs de la catéchèse, du catéchuménat et de l’évangélisation.
C’est une référence qui donne les principes fondamentaux théologiques et pastoraux de l’action catéchétique. Il ne donne pas de directives précises sur la mise en œuvre qu’il laisse le soin à chaque conférence épiscopale de décider.
Quelles nouveautés dans ce dernier DC ?
Ce qui est nouveau dans ce Directoire, c’est d’abord son émetteur, le Conseil pontifical pour la Promotion de la Nouvelle évangélisation. Les précédents Directoires étaient promulgués par la Congrégation pour le clergé car ils répondaient à la prescription faite aux évêques par le Concile Vatican II de rédiger un « Directoire sur l’enseignement catéchétique du peuple chrétien » (Christus Dominus 44).
En 2013, à la suite du synode sur la Nouvelle évangélisation, le pape Benoit XVI confie la responsabilité de la catéchèse au Conseil pour la promotion de la nouvelle évangélisation récemment créé, soulignant ainsi que la catéchèse fait partie du processus d’évangélisation.
Ce document s’inscrit dans la lignée du Concile Vatican II comme les deux Directoires précédents. Parus peu après le Concile, en 1971, le premier Directoire se référait à son enseignement.
Le deuxième Directoire de 1997 prend en compte le Magistère depuis 1971, celui du pape saint Paul VI (en particulier Evangelii nuntiandi et le Rituel d’Initiation chrétienne des adultes de 1972) et deux grands textes du pontificat de saint Jean-Paul II qui constituent alors de nouvelles références pour la catéchèse : Catechesis Tradendae (1979) et le Catéchisme de l’Église catholique (1992).
Ce nouveau Directoire se situe dans cette continuité et est enrichi du Magistère du pape Benoit XVI et du pape François dont la dynamique missionnaire de La Joie de l’Évangile traverse les chapitres.
Continuité dans sa structure avec un premier chapitre sur la Révélation divine qui souligne l’enracinement dans le Concile Vatican II et le fondement théologique de l’évangélisation. Dieu se communique aux hommes et veut être en relation, en communion avec eux. Il fait connaître dans toute l’histoire du salut l’infinité de son amour pour l’humanité jusqu’à son dévoilement total en son Fils Jésus Christ.
Cette affirmation donne l’orientation de toute annonce chrétienne : le but de la catéchèse est la mise en relation, en communion avec Jésus Christ car « à l’origine du fait d’être chrétien, il n’y a pas une décision éthique ou une grande idée, mais la rencontre avec un événement, avec une Personne, qui donne à la vie un nouvel horizon et par là son orientation décisive » dit le pape Benoit XVI au numéro 1 de son encyclique Dieu est amour.
Le pape Benoit XVI pointe là qu’à la source de la conversion chrétienne, il y a une personne, Jésus-Christ et un événement, le Mystère pascal, la mort et la résurrection de Jésus Christ, autrement appelé kérygme qui est ce qu’il y a de « plus solide, de plus profond, de plus sûr, de plus consistant et de plus sage » (La Joie de l’Évangile, EG 165). C’est un point d’insistance du pape François que la centralité du Mystère pascal dans la catéchèse qui rappelle régulièrement que le kérygme doit toujours revenir sur la bouche du catéchiste : “Jésus Christ t’aime, il a donné sa vie pour te sauver, et maintenant il est vivant à tes côtés chaque jour pour t’éclairer, pour te fortifier, pour te libérer” (La Joie de l’Évangile, EG 164).
Pour que cette annonce résonne dans la vie des personnes et les appelle à la conversion, le Directoire met en avant le modèle catéchuménal, bien connu des acteurs de catéchèse en France, en particulier depuis l’Orientation des évêques de 2006. La catéchèse s’inspire du catéchuménat en initiant un processus de croissance de la foi des personnes par un cheminement, dans la durée, accompagnées par la communauté chrétienne qui leur fait découvrir les trésors de la foi et de la vie chrétienne.
Parmi les nouveautés, il faut souligner qu’une place notable est accordée dès le chapitre III au catéchiste dont le ministère sera fructueux s’il répond à une vocation. L’attention est portée sur sa vie spirituelle et sa formation pour non pas « faire la catéchèse » mais « être catéchiste » comme aime leur appeler le pape François. On notera que plusieurs numéros sont consacrés au rôle important des femmes dans la catéchèse sans oublier la présence des hommes.
Comme dans les précédents Directoires, la pédagogie de la foi dans l’Église s’appuie sur des critères de présentation du message évangélique inspirés de la pédagogie divine. Deux nouveaux critères sont introduits : la primauté de la grâce – Dieu nous a aimé en premier ; il nous sauve gratuitement, par amour – associé au critère de la beauté.
Contexte culturel et méthodes sont mis à jour avec des passages nouveaux sur l’écologie, les langages de la catéchèse, le langage narratif, celui de l’art et de la beauté, les outils numériques ou encore une réflexion sur le groupe et l’espace en catéchèse.
Quel impact aura-t-il pour l’Église en France ?
Ce nouveau Directoire était attendu, nous allons travailler à sa réception ; nous y appuyer pour poursuivre les réflexions sur la catéchèse et le catéchuménat en France, en tirer de quoi alimenter la grande créativité des acteurs ecclésiaux, y puiser une dynamique renouvelée qui nous encouragera tous dans la joie de l’évangélisation.