Les catéchètes dans la mission de l’Eglise
Comment Pédagogie catéchétique spécialisée et catéchèse « ordinaire » peuvent-elles se nourrir mutuellement dans le contexte de communautés ecclésiales marquées par la fragilité ? Quelques notes de la synthèse de l’atelier PCS qui réunissait 25 participants de tous les continents et de plusieurs confessions chrétiennes autour d’Anne HERBINET et Vincent FABER (PCS-Belgique et Université Catholique de Louvain).
Les interventions de ce colloque ainsi que les synthèses des 6 ateliers sont publiées dans les Actes de ce 7ème colloque international de l’ISPC à Paris les 17-20 février 2015.
- La PCS est une des dernières-nées dans le monde de la catéchèse puisqu’elle s’est développée dans la seconde moitié du XXème siècle sous l’impulsion notamment du P. Henri Bissonnier.
Deux ouvrages de référence :
- « La pédagogie catéchétique spécialisée » quand la catéchèse s’adresse aux personnes en situation de handicap, sous la direction de Catherine FINO et Anne HERBINET, Le point catéchèse Le Sénevé/ISPC, 2011.
- « Henri Bissonnier, pionnier de la pédagogie catéchétique spécialisée pour les personnes handicapées », collection Sciences de l’éducation dirigée par Guy Avanzini, Editions Don Bosco, Paris 2011 )
La PCS ne peut s’envisager sans une réflexion sur la grâce de Dieu. Toute rencontre avec la personne handicapée est porteuse d’un inattendu à l’intérieur duquel Dieu se révèle. Le catéchiste est alors invité à une attitude de démaîtrise et de confiance face à l’initiative divine.
Le rapport au monde et probablement à Dieu de la personne en situation de handicap passe grandement par la médiation de son corps. Dans cette perspective, la PCS a développé une approche d’éveil sensoriel où les cinq sens sont sollicités.
- Notre atelier a dégagé une sorte de « profil de compétences » du catéchiste en PCS. Celui-ci doit être doublement passeur : d’une part, il accompagne la personne handicapée dans sa relation à Dieu et pour cela est appelé à développer des ajustements pédagogiques pour rejoindre chacun le plus adéquatement possible. D’autre part, il aide à l’inclusion[1] de la personne handicapée dans sa communauté chrétienne et donc à la reconnaissance de sa vocation baptismale et de sa pleine dignité d’enfant de Dieu.
- Nos discussions ont mis en évidence des enjeux certes pédagogiques mais également anthropologiques, ecclésiologiques et théologiques. La personne porteuse d’un handicap n’est pas seulement receveuse d’un contenu, elle est aussi catéchisante et peut donc être à son tour un témoin dans la foi.
- La PCS doit aider les communautés à faire le nécessaire passage d’un mode de fonctionnement selon le modèle de la délégation, où l’accompagnement des personnes handicapées est délégué à des spécialistes au sein de l’Eglise, à un modèle plus responsable, qui s’inscrit dans une démarche de réciprocité qui fait grandir le corps de l’Eglise et chacun de ses membres.
- Au jour le jour, la PCS est appelée à se nourrir de l’apport des sciences humaines mais aussi médicales. La personne handicapée est en effet complexe et doit être considérée dans toute sa globalité. Au gré des circonstances, l’approche relationnelle et pédagogique du catéchiste devra parfois être adaptée. Il est difficile de réclamer l’attention à une personne qui souffre. La douleur devient alors la première des priorités à prendre en charge.
- En conclusion, le tout de la catéchèse se joue aussi dans la PCS (enjeux de la transmission, de la relation, de la rencontre avec Dieu…). Par ses contraintes propres, la PCS invite à reconsidérer la manière de transmettre, d’entrer en relation… Elle convie le catéchiste à déployer toutes ses potentialités pour rejoindre la personne dans ce qu’elle est.
La PCS est un aiguillon pour que l’Eglise soit fidèle à sa vocation de rassembler tous les enfants de Dieu.
[1] Vincent FABER parle d’inclusion et non d’insertion. Ce terme, repris des conventions de l’ONU, veut signifier ce qui permet à chacun de vivre avec tous dans la société sans gommer la spécificité du handicap mais en mettant en œuvre tout ce qui peut compenser ce qui le rend handicapant.