Création – Ecclesia 16
Ces oeuvres sont présentées dans la revue Ecclesia n°16
Pour aller plus loin, voici la suite des œuvres de Caroline Biaggi, avec un commentaire de l’artiste, qui forment un polyptique de 17 tableaux dont nous en avons présenté 5 dans la revue.
GENESE
IVème jour : LUMINAIRES
Les astres, les planètes, les constellations s’accrochent à l’immensité de la voûte céleste. Ciel dense, constitué d’espaces superposés, profondeur sans limite, vertige de l’infini éclaboussé d’étincelles.Pourtant dés lors, jours et nuits existent, le temps du travail et le temps du repos se définissent, ou plus encore, le temps du travail et le temps de la contemplation.
Vème jour : EAUX
Le cinquième jour est celui de la création des animaux célestes et marins; le globe terrestre virginalement blanc, est pur comme les quatre lettres du nom de Dieu: J H V H.
Dans les mers grouillent des poissons et des serpents, les oiseaux remplissent les airs de leurs vols et de leur chant. Petits animaux primitifs couleur de sable ou de bronze; totems emblématiques de toutes les espèces. La toile est bleue, symbole de vérité et signe de l’éternel
VIIème jour : TRINITE
« Et Dieu vit que cela était bon »
Un fond uniformément doré, initial, comme une porte vers l’infini, est légèrement recouvert d’un lavis blanc. Le pinceau qui le dépose s’élève du bas vers le haut et monte comme une prière. Trois carrés dorés se superposent de trois feuilles d’or pur. Présence. Le septième jour, le jour du Sabbat est le temps du repos, de l’action de grâce, de la louange et de la prière
ADAM ET EVE
« Homme et femme il les créa, à son image il les créa. »
Première incarnation, image ou reflet de l’invisible. L’homme est de l’espèce animale, son corps est celui d’un mammifère, mais sa filiation et sa ressemblance à Dieu sont révélées dans le premier comme dans le second texte de la Genèse. A l’homme et à la femme est offerte la création toute entière; le monde végétal, comme le monde animal. A charge pour eux de se multiplier et de préserver leur Eden.
DELUGE
I VIOLENCE
La terre est livrée aux hommes; Les hommes sont livrés à eux même. S’immisce la violence. Le meurtre de Caïn sur Abel initie les luttes fratricides. Le fracas des disputes, disloque le verbe. Sur un fond rouge orangé (couleur de l’interdit), le mot VIOLENCE, mille fois répété se lit ou ne se lit plus car tellement superposé. Un crâne rougeâtre surgit de ce fond. Squelette de Caïn?
II ARCHE
Dieu lance l’anathème contre sa propre création .Le texte annonce que le sang de la violence va devenir celui du sacrifice. La terre sera lavée par les eaux du Ciel. Hommes et toutes bêtes seront engloutis. L’œuvre sera détruite. La toile est rouge, au centre un carré blanc (structure au milieu du chaos) à peine recouvert de poudre d’or va devenir l’Arche qui va recueillir la famille de Noé, le seul homme que Dieu ait reconnu juste. L’accompagnent dans son périple, un couple de chaque bête ne pouvant survivre dans les eaux.
III ECLUSES
Du Ciel s’ouvrent les écluses. Les eaux du haut rejoignent celles du bas comme des larmes célestes dissolvant dans leur fluide le firmament. L’œuvre du second jour de la création se délite petit à petit mais inexorablement. L’encre délavée ruisselle verticalement sur un petit carré blanc, l’arche, protégeant l’innocence de Noé. Quelques oiseaux épuisés et fugitifs traversent le ciel à la recherche d’une terre qui n’existe déjà plus.
IV DELUGE
Tout est englouti. Hommes, bêtes et plantes ont rejoint le liquide amniotique initial et sont voués à la putréfaction. Les eaux tourbillonnantes anéantissent les temps mythiques. L’encre noire suit la volute des eaux; unique, mais déjà sans vie une petite grenouille noire se prend aux branches emmêlées d’un arbre déraciné.
V CORBEAU
Après quarante jours et quarante nuits enfin la pluie s’est arrêtée. Mais l’horizon, où que Noé regarde, se révèle incroyablement morne et mort. La solitude et le doute s’installent. L’arche serait alors le berceau mais peut être aussi la prison et le tombeau de tout ce qui reste de vie en ce monde. Noir comme le désarroi, un corbeau est lancé à la recherche d’une terre émergée. Mais sans fin l’oiseau plane et ne revient pas.
VI COLOMBE
Noé, n’oublie pourtant pas la promesse divine et ne peut croire à l’abandon. Peut être est ce trop tôt encore. Noé, fidèle et confiant espère contre toute attente. Comme une graine germée, la vie déborde de l’arche témoignant d’un avenir. Immaculée la colombe s’en envole emportant avec elle l’espoir. Un bruissement annonce son retour et son message de joie. Tous les tons de blanc se rejoignent sur la toile pour annoncer la réconciliation.
VII ALLIANCE
Les eaux mauvaises se sont retirées avec tout ce qu’elles avaient englouti, les armes ont été déposées. Dieu installe son arc au firmament en gage de paix avec l’humanité replacée au centre d’une création réitérée. Sept couleurs témoignent de cette alliance. Le monde est rendu aux hommes.
REDEMPTION
Sur un fond doré, douze carrés d’or dessinent une croix vide. Aux quatre coins les noms des quatre évangélistes réunis pour relater la Passion et la Résurrection du Christ hissant à sa suite Adam et Eve et toute l’humanité vers le ciel et l’éternité.