« Nous voyant prier, ils se sont mis à faire comme nous »
Animatrice en catéchèse auprès des jeunes sourds à Pontoise, et responsable de cette pastorale pour le diocèse de Paris, Myriam Fave évoque cet accompagnement spécialisé.
« Tout commence par l’accueil des parents.
Nous leur demandons comment ils communiquent avec leur enfant : oral et lecture sur les lèvres, langue des signes, un peu des deux… Pour pouvoir accueillir et communiquer avec ces enfants, il est indispensable de connaître leur langue. Les sourds emploient d’ailleurs le terme de « culture sourde », pour bien montrer qu’ils ont une identité spécifique, une manière particulière de percevoir le monde, surtout à travers le visuel. Pour vraiment être en mesure de les accompagner, il nous faut d’abord découvrir leur monde… Lorsque nous avons commencé il y a quinze ans, nous nous demandions comment des enfants sourds qui ont déjà du mal à communiquer avec une personne qu’ils voient, pourraient arriver à prier, c’est-à-dire à communiquer avec Quelqu’un qu’ils ne voient pas ? Mais nous y avons cru, nous avons prié avec eux, et peu à peu, nous voyant prier, ils se sont mis à faire comme nous, puis à s’exprimer par eux mêmes.
En mai dernier, un couple de sourds s’est marié le jour de notre rencontre caté.
Le prêtre aumônier régional des sourds est venu célébrer ce mariage. Nous avons donc décidé de proposer aux enfants d’assister à la cérémonie. Cela leur a permis de voir un prêtre célébrer dans leur langue, et de se projeter dans l’avenir en voyant qu’un jour aussi, ils pourront construire un couple et se marier à l’église. Car même s’ils vont à des mariages dans leurs familles, ce n’est pas traduit, donc ils ne comprennent rien… C’est cela, l’initiation aux sacrements en temps réel ! »