Catéchèse et handicap : la première annonce en PCS
L’expression « première annonce » est faite de deux mots simples, appartenant au langage courant. Pourtant, avant même de réfléchir sur sa mise en œuvre, et sur la répartition des rôles entre les divers acteurs de l’Église, il importe de se mettre précisément d’accord sur ce dont on parle. Deux sources principales de textes y contribueront, de même qu’une piste concrète de réflexion, à partir d’une mise en situation.
LE TNOC, texte de référence
Dans le Texte National pour l’Orientation de la Catéchèse, la première mention de la « première annonce » se trouve dans le paragraphe intitulé « Un exercice diversifié du ministère de la Parole ». La première annonce y est située en distinction entre d’une part la catéchèse ordonnée – une formation intégrale proposée à tout âge de la vie – et d’autre part l’éducation permanente de la foi – une des circonstances citée est l’homélie.
« Les initiatives de première annonce sont des propositions ponctuelles, qui ne présupposent pas déjà un acte volontaire de la part de ceux à qui elles sont adressées. Cette annonce est appelée «première» parce qu’elle appelle à croire et conduit au seuil où va être possible une conversion. Elle travaille à éveiller le désir, elle invite à un chemin de foi, elle suscite de l’intérêt, mais sans attendre que la personne à qui elle s’adresse ait déjà choisi de devenir disciple. Elle s’affronte aux questions que la société pose à l’Église et ose une véritable apologétique. » (p. 29)
Quelques éléments à remarquer dès cette première définition :
- le caractère ponctuel des propositions ;
- le caractère apologétique ;
- le caractère incitatif et proposant.
Première annonce auprès des personnes handicapées : « développer sa propre capacité à vivre en croyant »
Plus loin, dans la deuxième partie du texte, les définitions sont précisées (p 81 à 85) :
Qu’est-ce qu’une première annonce ?
« Comme l’indique le mot « annonce », nous entendons par là tout effort de formulation structurée, raisonnée, explicite et adaptée de la foi. »
Annoncer quoi ?
« Une première annonce exprime la volonté de l’Eglise de faire résonner l’Évangile qui la fait vivre. »
Qui « annonce » ?
« Dans une première annonce, quelqu’un réagit à une situation en s’exposant comme croyant. »
Quand s’effectue-t-elle ?
« Une action de première annonce est toujours ponctuelle, motivée par un événement, un moment, une circonstance ou toute autre nécessité qui demande qu’on en prenne l’initiative.»
Comment « annoncer » ?
«Une première annonce donne à entendre ce qui fait vivre les croyants, selon la pédagogie même du Christ qui sans cesse s’approche, rencontre, cherche la relation, appelle à la conversion et à la foi.»
Où cela se passe t-il ?
Le Texte national mentionne l’espace familial, les espaces scolaires, les associations et mouvements, et tous les autres lieux de vie. Page 85, il est fait mention spécifiquement des lieux de vie des personnes handicapées:
« Dans la relation avec des personnes handicapées ou inadaptées, les propositions de première annonce gagnent toujours à s’inscrire dans un effort d’intégration. De la même manière qu’un établissement spécialisé recherche des occasions de rencontres hors de l’établissement ou l’intervention de personnes extérieures, ouvrir la personne handicapée sur d’autres croyants et l’inviter à rejoindre les communautés paroissiales contribue fortement à développer sa propre capacité à vivre en croyant. »
PCS et première Annonce : proposition méthodologique
Pour chacun de ces textes vous pouvez, seul ou en équipe :
- souligner ce que vous découvrez, ce que vous trouvez intéressant ;
- souligner d’une autre couleur ce que vous ne comprenez pas, ce qui pose question ;
- noter ce qui vous parait essentiel ;
- préciser ce qui relève de la responsabilité de la PCS, et ce qui relève aussi désormais de la responsabilité de la PPH ;
- envisager dans vos missions propres, actuellement, tant en PCS qu’en PPH, les circonstances que vous repérez comme étant propices à une première annonce.
Autres pistes de réflexion à partir de l’ouvrage Un appel à la « Première annonce » dans les lieux de vie
Un ouvrage édité par le Service National de la Catéchèse et du Catéchuménat a regroupé les travaux de réflexion et d’approfondissement effectués dans un groupe de travail réuni en 2008 : Un appel à la « Première annonce » dans les lieux de vie (éd. CRER). Cette publication aide à affiner la compréhension de ce principe d’organisation de la catéchèse.
Extraits :
« Quand le document des évêques de France évoque la « première annonce », c’est toujours sur le pôle du locuteur, jamais sur celui du récepteur ». (p 12)
Précisons : lors d’une retraite spirituelle, à l’écoute d’une homélie, ou à la lecture d’un livre, quelqu’un peut ressentir un bouleversement qui remet en route, comme s’il découvrait quelque chose pour la première fois. Dans ce cas, on peut seulement parler d’un « effet » de première annonce.
« Le Texte national parle de première annonce pour appeler les communautés chrétiennes à une action volontaire de première annonce. » (p 12)
Cette première annonce est donc à penser, à préparer, à accompagner. C’est une action qui relève de la responsabilité catéchétique de l’Église toute entière.
«Dans le langage courant, beaucoup confondent «évangélisation» et «annonce», comme si ces deux termes étaient équivalents.
Or «annoncer» et «évangéliser» ne désignent pas la même réalité. Ce sont deux actes emboîtés l’un dans l’autre. L’acte d’annoncer est une partie de l’acte d’évangéliser, et l’acte d’évangéliser est beaucoup plus ample et complexe que la seule annonce. Il n’y a pas d’évangélisation sans annonce, mais l’annonce ne résume pas à elle seule l’évangélisation, car c’est par toute sa vie que l’Église évangélise.» (p 17)
La première annonce ne peut être isolée du milieu dans lequel elle est effectuée. C’est pour cela que le Texte National insiste sur la nécessaire qualité du climat dans les différents «lieux de vie» évoqués. L’annonce explicite est complémentaire et souvent fortement liée à la qualité des relations établies avec les personnes: «ce qui se vit déjà dans ces lieux comme écoute et présence au nom du Christ». (p 31)
Les lieux de vie que constituent les groupes de rencontre avec des personnes handicapées n’existent pas pour faire de la première annonce, mais le projet qui les fait exister comme lieu apostolique les rend particulièrement propices à prendre en charge l’acte d’annoncer, sans pour autant perdre leur spécificité propre.
Souvent, les animateurs de PPH, par leurs liens avec la Pastorale de la Santé, se situent plus volontiers du côté de l’Évangélisation. Le Texte national les invite à devenir aussi acteurs dans la responsabilité catéchétique de l’Eglise, dans la Première Annonce.
« L’annonce a ceci de spécifique qu’elle nomme explicitement Dieu Père ou le Christ. […]Une première annonce ne nomme pas seulement Dieu. Elle ne consiste pas non plus à formuler un message à son propos. Il s’agit de dire qui est Dieu dans sa relation avec les hommes: Dieu qui aime, Dieu qui espère l’homme, Dieu dans son regard sur nous, Dieu dans la manière dont il s’est montré à nous… Par voie de conséquence, il s’agit pour celui qui parle de s’exposer dans cette relation, avec une parole dont il se laisse lui-même construire. » (p 51)
Celui qui parle s’expose comme croyant. Non pas seulement agissant en croyant, mais prenant la parole pour mettre en mots comment sa relation à Dieu le structure, le construit. Le contenu de l’annonce est la Parole de Dieu. La Parole comme « évènement de salut » (p 21).
L’objet de la foi chrétienne, c’est la personne de Dieu, Dieu dans le don qu’il fait de lui-même. L’annonce a pour objet de dire le mystère de « Dieu-pour-nous », de «Dieu-avec-nous».
C’est aussi pourquoi la première annonce ne peut en rester seulement aux mots personnels que chacun peut apporter, mais aller jusqu’à chercher ensemble les points d’appui de la foi. La prise en charge explicite de la foi ne peut être une affaire individuelle.
Elle est inséparable d’un corps que l’on voit concrètement porter la foi qui est annoncée : l’Église.
Apprendre à exprimer la foi reçue de l’Église en lien avec notre expérience de foi serait donc un préalable.
Et pour cela méditer en équipe, réfléchir en équipe, relire en équipe.