Vivre et accompagner le handicap en famille : « saints de la porte d’à côté » et « prophètes de notre temps »

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« Saints de la porte d’à côté » et « prophètes de notre temps », tous saints ?

Déjà, en 2015, le pape François nous invitait à ressembler aux saints de la porte d’à côté. Il nous invitait à regarder de plus près toutes ces personnes dont le bon sens populaire nous invite à dire « mais cette personne est un saint ! ». Il pensait déjà à tous ces parents qui se dévouent pour leurs enfants et à toutes ces personnes qui passent leur vie à rendre service.

Texte complet à retrouver sur zenit.org

Dans son exhortation apostolique « La joie et l’allégresse », le pape François réitère : « J’aime voir la sainteté dans le patient peuple de Dieu : chez ces parents qui éduquent avec tant d’amour leurs enfants, chez ces hommes et ces femmes qui travaillent pour apporter le pain à la maison, chez les malades, chez les religieuses âgées qui continuent de sourire. Dans cette constance à aller de l’avant chaque jour, je vois la sainteté de l’Église militante. C’est cela, souvent, la sainteté « de la porte d’à côté », de ceux qui vivent proches de nous et sont un reflet de la présence de Dieu, ou, pour employer une autre expression, ‘‘la classe moyenne de la sainteté ». (Gaudete et Exsultate n°7)

Il nous invite à nous laisser « encourager par les signes de sainteté que le Seigneur nous offre à travers les membres les plus humbles de ce peuple qui « participe aussi de la fonction prophétique du Christ ; il répand son vivant témoignage avant tout par une vie de foi et de charité » (GE n°8)

Au cours de la session à Paray-le-Monial co-organisée, du 12 au 15 juillet 2018, par l’OCH (Office Chrétien des Personnes Handicapées) et la communauté de l’Emmanuel, le père Christian Mahéas, conseiller spirituel de l’OCH, aumônier de l’Arche en France, prononçait une homélie qui a marqué les 1800 participants. Il y fait le lien entre ce qu’il appelle les « prophètes de notre temps » et ces « saints de la porte d’à côté » que nous côtoyons dans nos vies.

Les prophètes de notre temps

« Je voudrais vous parler des prophètes de notre temps. Il y en a trois sortes aujourd’hui. Les premiers des prophètes, ce sont les personnes avec un handicap. Souvent lorsque l’on voit une personne avec un handicap, on peut avoir peur. Moi, j’ai eu peur. Parce que je ne connaissais pas. Puis j’ai longtemps vécu en foyer avec des personnes ayant un handicap profond. Je me suis posé la question : pourquoi, dans un lieu où il y a tant de souffrance, suis-je heureux ? Pourquoi y a-t-il de la joie ? Oui il y a de la joie… Et en même temps la Croix est plantée ; la personne avec un handicap crie : pourquoi moi ? Et elle nous dit à chacun : est-ce que tu m’aimes ? « Si tu savais tout ce que l’homme peut dire à Dieu lorsque la chair de l’homme devient cri » : cette parole du poète Milosz est magnifique. Les prophètes de notre temps, ce sont ceux qui n’ont plus que leur cri à nous proposer. Et parfois c’est un cri silencieux ; on ne l’entend même pas, on ne le voit même pas. Mystérieusement ce cri va déplacer des montagnes, va faire en sorte que des personnes vont se mettre en route pour fonder des communautés : A bras ouverts, L’Arche, Foi et Lumière, et tant d’autres… Les prophètes de notre temps ne sont pas des stars qui brillent. Ces personnes viennent nous révéler le cœur de Dieu.

Entendre les familles

Deuxièmes prophètes. J’ai eu la grâce de découvrir, plus particulièrement avec l’OCH, les familles qui ont un enfant avec un handicap. Je me rappelle les sessions où une centaine de mamans partageaient sur leur vie. J’avais l’impression d’être sur une montagne, j’enlevais mes chaussures, je savais que ce que j’allais entendre était sacré. Entendre ces familles, ce qu’elles portent ; entendre ce sentiment qu’elles peuvent avoir de ne pas être entendues. Et entendre qu’elles peuvent déranger dans une assemblée, à la messe, que le cri de leur enfant peut déranger. Comme une double peine et parfois n’osant plus venir parce que ne pouvant pas être accueillies avec ce qu’elles portent. Je voudrais au nom de l’Eglise, au nom de mes frères, pouvoir demander pardon pour toutes les fois où vous ne vous êtes pas senties accueillies. Et j’oserais vous dire une chose, vous les familles, ce que vous vivez, c’est quelque chose de l’ordre de la sainteté. La sainteté, ce n’est pas de faire des choses parfaites sur un petit nuage et d’être loin de la vie. La sainteté, c’est choisir la vie jour après jour, c’est parfois choisir de se lever la nuit, le matin, pour consoler son enfant qui crie. C’est choisir de se battre encore et encore. C’est choisir d’être debout. Ça, c’est le cœur de la foi chrétienne : ça s’appelle le mystère pascal. Vous les familles, vous êtes envoyées dans notre monde pour dire la valeur inaliénable de toute vie humaine.

Convertir notre regard

Il y a un troisième prophète, c’est chacun de nous. Nous avons à convertir notre regard. Ce ne sont pas simplement elles, ces personnes, qui ont besoin de nous. Il faut que nous découvrions profondément que nous avons besoin d’elles. Comment être prophète ? Je crois que nous sommes envoyés lorsque nous découvrons que nous avons besoin des autres, que nous avons besoin de Dieu. Ce qui est caché aux sages et aux savants a été révélé aux tout petits. Il faut découvrir que nous sommes nous aussi les tout petits, que nous sommes vulnérables, que nous n’avons pas à avoir peur de nos fragilités, que le Seigneur nous attend là aussi et qu’il nous envoie aujourd’hui pour que nous puissions témoigner au monde de cette bonne nouvelle. »

Texte complet à retrouver sur www.ombresetlumiere.fr

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