2e congrès international des catéchistes : regard côté handicap
Nous étions 1500 catéchistes venus de 48 pays pour ce congrès qui a eu lieu à Rome du 20 au 23 septembre 2018.
Après avoir travaillé en 2013, lors du 1er congrès, sur la première partie du Catéchisme de l’Eglise Catholique avec le thème « Le catéchiste, témoin de la foi », nous étions invités à explorer la deuxième partie de ce CEC avec le thème « Le catéchiste, témoin du mystère ».
Que pouvons-nous retenir de ce congrès pour notre réseau « Catéchèse et Handicap » ?
– Dès l’introduction, Mgr Fisichella a rappelé que le catéchiste est celui qui est appelé à un ministère spécifique pour rendre un service à la communauté chrétienne et ce service passe par le témoignage de sa propre vie.
Pour ce qui concerne le mystère, Mgr Fisichella nous a fait remarquer les contradictions entre un monde qui se dit rationnel et allergique au mystère et la place donnée à l’ésotérisme ou aux superstitions. La science réalise des progrès, la technique améliore les conditions de vie mais les faiblesses de la vie n’épargnent à personne de faire face à ses limites. Si nous accueillons le mystère, nous évitons le piège du « technicisme » qui veut tout expliquer.
La façon dont il nous a présenté une interprétation de la parabole des talents nous a interpellés. En effet, Mgr Fisichella a insisté sur le fait que cette parabole ne parlait pas avant tout de dons accordés à chacun mais qu’elle parle du Royaume des cieux (il ressemble à un roi…). Ainsi, chacun de nous reçoit sa part de la connaissance du mystère de JC et du Royaume de Dieu et c’est sur ce point que la responsabilité de chacun de nous est engagée.
Cela entre en résonance avec ce que le pape François disait lors du congrès « catéchèse et Handicap » qui s’est tenu en octobre 2017 : « Enfin, je souhaite que les personnes porteuses de handicap puissent être elles-mêmes toujours plus catéchistes dans la communauté, y compris par leur témoignage, pour transmettre la foi de façon plus efficace. »
Dans nos réseaux, que pouvons-nous développer pour que les personnes handicapées puissent témoigner que cette rencontre avec le mystère du Christ est une Bonne Nouvelle au cœur de leurs vies ?
« Il est grand le mystère de la foi » ! En Eglise ce mystère demande qu’on le croie, qu’on le prie, qu’on le vive.
– Le P. Gregory Polan, bénédictin de Chicago, nous a fait revenir aux premiers siècles de l’Eglise où les personnes récitaient dans la prière les fondements de la foi. « Ces mots, priés, deviennent performatifs pour la vie de foi. Ils forment notre foi et nous aident à comprendre la foi portée par l’Eglise. »
Il a continué son propos en revenant à ce que les Pères de l’Eglise faisaient pendant la liturgie. En effet la catéchèse n’existait pas encore en tant que telle mais les Pères expliquaient et interprétaient les textes et ce qui se vivait pendant les liturgies pour présenter aux fidèles la foi qui appartient à l’Eglise, corps du Christ. Après des exemples s’appuyant sur le rituel du baptême et la structure de la prière eucharistique, il a conclu en disant qu’il ne peut y avoir de différence entre ce qui est prié et ce qui est vécu. « Prières et rituels sont des occasions de croissance de notre foi et donc de nos vies ».
Ici encore, nous retrouvons l’intuition si forte que le P. Bissonnier a eue : les personnes, même avec le plus lourd handicap, sont capables d’une intériorité et d’une vie de prière très vivante. Nous devons non seulement l’accompagner, la favoriser mais aussi la valoriser au cœur des communautés. Oui parfois ils disent (chantent !!) des mots qui les dépassent et, parfois, tout à coup, on sent qu’il y a une intimité d’une incroyable profondeur avec la personne de JC.
– Ce que Mgr Francesco CACUCCI, archevêque de Bari, a dit de la catéchèse mystagogique sur l’initiation chrétienne rejoint la pratique habituelle que nous avons en pédagogie catéchétique spécialisée et qui pourrait se généraliser à toute la catéchèse : d’abord il y a la liturgie et la vie chrétienne et ensuite il y a des catéchèses mystagogiques qui amènent à une maturation de la foi.
– L’intervention du Professeur Marianne SCHLOSSER sur « la vie chrétienne à la lumière du mystère »
Fait écho à nos réalités du handicap lorsqu’elle réaffirme que le Mystère pascal n’est pas un simple fait du passé mais déterminant pour notre vie. Oui, quelle que soit notre vie, elle est connue de Dieu et aimée de Lui. Notre chemin de sainteté passe par la croix pour nous conduire à la joie des Béatitudes. « Toute la vie du chrétien est une offrande à Dieu dans l’offertoire. Offert au Père avec vénération, l’offrande de chacun et sa volonté de s’unir au Christ apporte du Salut à tous. » « ʺQue ta volonté soit faiteʺ est le summum de la prière mystique ». « Chaque croyant, quand il reçoit les sacrements, devrait dire Galates 2,20 : ʺLe Christ s’est livré pour moiʺ. Alors la catéchèse devient évangile : il nous a aimés, il nous aime et nous aimera partout et toujours. »
– Mgr Andrea LONARDO nous a parlé d’« Initiation chrétienne et catéchèse kérygmatique ». Tout un pan de son intervention portait sur le signe de croix : « non pas seulement savoir FAIRE le signe de croix mais en être amoureux car il est le cœur de la foi ».
En « catéchèse et Handicap », nous avons de nombreux supports catéchétiques pour aider à s’approprier le signe de la croix et pour en déployer le sens.
Quand il dit qu’il ne faut pas d’infantilisme pour aborder les grandes questions de la foi, cela rejoint aussi les préoccupations des personnes handicapées et de leurs familles qui, du fait de l’irruption du handicap dans leurs vies, se posent des questions graves et profondes qui demandent de ne pas appauvrir les réponses que la foi peut apporter.
– Claire BERNIER, dans son intervention sur le catéchuménat comme défi pour l’évangélisation, a rappelé qu’en France, aujourd’hui, toutes les fragilités sont rejointes par les équipes de catéchuménat. Les cheminements de catéchèse qui proposent aux personnes handicapées des itinéraires de type catéchuménal servent aussi toutes les personnes, qu’elles soient en précarité sociale ou fragilité psychique. « Ainsi se déploie une évangélisation telle que la souhaite le pape François, une évangélisation qui a beaucoup de patience, tient compte des limites, se montre attentive aux fruits et fait en sorte que la Parole s’incarne dans les situations concrètes. »
– Les conclusions de la table ronde sur la piété populaire permettront d’éclairer ces pratiques qui, comme beaucoup de nos pèlerinages ou grands rassemblements sont très souvent la porte d’entrée dans la vie de l’Eglise pour des personnes handicapées.
Message du pape François : « on est catéchiste »
– Le vidéo-message que le pape François a adressé à tous les catéchistes, reprenait ce qu’il nous disait en 2013 : « On ne ʺfaitʺ pas le catéchisme mais on ʺestʺ catéchiste », « Pas de ʺcours de catéʺ mais un service rendu à la communauté ». En revanche, il insiste encore davantage sur le fait que le catéchiste est celui qui se met au service de la Parole de Dieu, qu’il fréquente chaque jour pour en faire sa nourriture et ensuite pouvoir la transmettre aux autres de façon efficace et crédible.
Cela nous encourage à ruminer cette Parole pour trouver à chaque fois les façons qui conviennent le mieux à chaque personne handicapée pour que cette Parole puisse résonner dans sa vie et lui permettre d’entrer dans l’intimité de Dieu. Il nous encourage à poursuivre dans la voie initiée par les évêques de France depuis plus de 10 ans maintenant et qui consiste à faire vivre des catéchèses « de maturation », des catéchèses de type mystagogique.