Le catéchuménat, un défi pour l’évangélisation

Claire BernierIntervention de Claire Bernier, Déléguée diocésaine au service Annonce de la Foi diocèse d’Angers (France), lors du Congrès des catéchistes « Le catéchiste, témoin du mystère » à Rome en 2018.

Éminences, excellences, chers congressistes, je tiens à remercier Mgr Fisichella et le Conseil Pontifical pour la Promotion de la Nouvelle Evangélisation, d’avoir inscrit le catéchuménat dans ce magnifique Congrès. Je vous remercie de l’honneur et de la confiance que vous me faites en m’appelant à m’exprimer ce matin ; je les partage naturellement avec les amis et acteurs français de la catéchèse et du catéchuménat.

Les organisateurs ont d’emblée posé le catéchuménat comme défi pour l’évangélisation. Cela peut paraître surprenant… Le catéchuménat n’est-il pas notre joie ? N’est-il pas ce lieu heureux et gratifiant pour l’Eglise qui enfante et accueille des nouveaux venus à la foi catholique, enthousiastes et fiers d’entrer bientôt dans la famille des chrétiens ? Pour ma part, j’ai l’habitude d’inviter ceux qui connaissent un petit découragement dans leur mission, à passer un moment au catéchuménat pour retrouver la joie de l’évangélisation et voir l’Esprit Saint à l’œuvre ! J’ai d’ailleurs une pensée pleine de gratitude pour ces catéchumènes et néophytes : ils font de nous des témoins du mystère, des témoins de Dieu qui se fait proche de tout homme, de toute femme.

Exercice difficile donc de regarder le catéchuménat comme « défi pour l’évangélisation » mais tâche passionnante. D’abord parce qu’elle invite à considérer le rapport entre évangélisation et catéchuménat et à se rappeler combien le catéchuménat contemporain, lors du Concile Vatican II, a été restauré comme œuvre d’évangélisation. Cinquante-cinq ans plus tard, et alors que le catéchuménat a été « promu » comme modèle de toute catéchèse dans le Directoire Général pour la Catéchèse[1], il est bon d’observer où en est cet ancrage dans la mission de l’Eglise et ce qu’il produit. En effet, même si le nombre des catéchumènes, en France, demeure orienté à la hausse[2], le devenir des néophytes, ces nouveaux baptisés, continue de nous interroger.

Mes propos s’appuieront sur mon expérience du catéchuménat des adultes en France, et particulièrement dans le diocèse d’Angers. J’ai tenté de relire quelques aspects de cette mission, à l’aune des documents magistériels privilégiés pour notre Congrès. Ces éléments posés, je vous invite à entrer dans cet essai d’évaluation du catéchuménat dans son rapport à l’évangélisation. Nous regarderons en premier lieu la contribution fructueuse du catéchuménat au travail d’évangélisation. Puis, dans une seconde partie, nous pointerons quelques défis actuels qu’il convient de relever pour servir une annonce qui renouvelle l’humanité par la conversion, et insère l’Evangile dans toutes les sphères de l’activité humaine[3].

1. Le catéchuménat, une œuvre d’évangélisation

1.1. La restauration du catéchuménat au Concile Vatican II

La restauration du catéchuménat des adultes est explicitée en plusieurs paragraphes des textes du Concile Vatican II. Nous trouvons ainsi la première mention dans la Constitution Lumen Gentium puis des développements dans Sacrosanctum Concilium, et d’autres éclairages dans les Décrets Christus Dominus, Presbyterorum Ordinis et Ad Gentes. Nous pouvons remarquer que, le catéchuménat y est compris et envisagé comme activité missionnaire[4] de la vie de l’Eglise[5], œuvre liturgique et sacramentelle[6], partie intégrante de la charge d’enseignement des évêques[7] et tâche éducative des communautés locales[8]. En continuité avec ces éléments, le Catéchisme de l’Eglise Catholique, dans la partie qui nous intéresse, reprend notamment les termes du Décret Ad Gentes[9]. Plus récemment, le pape François s’exprimant sur le baptême, dans l’Exhortation Lumen Fidei, indique explicitement le lien entre catéchuménat et nouvelle évangélisation, je cite : « Ce dynamisme de transformation, propre au baptême, nous aide à comprendre l’importance du catéchuménat, qui aujourd’hui, même dans les sociétés d’ancienne tradition chrétienne… revêt une importance singulière pour la nouvelle évangélisation. Il est le chemin de préparation au baptême, à la transformation de l’existence tout entière dans le Christ.[10] »

Ainsi, les textes magistériels concordent pour définir le Catéchuménat :

  • comme initiation à la foi, formation intégrale, articulant catéchèse, liturgie, vies ecclésiale et évangélique et prière ;
  • comme dispositif qui prépare et conduit les adultes au baptême, à la confirmation et à l’eucharistie et à une transformation de l’existence tout entière dans le Christ;
  • comme vecteur d’une évangélisation renouvelée, qui accompagne des processus de conversion.

Tout semble indiquer qu’au terme d’un catéchuménat bien mené, la vie chrétienne, nourrie de l’eucharistie, se déploie dans l’existence du nouveau baptisé appelé à témoigner à son tour pour le Christ[11]. La tâche du catéchuménat n’est donc pas mince et elle s’inscrit pleinement dans la mission de l’Eglise. Alors voyons si, dans sa mise en œuvre, il répond à ces attentes.

1.2. L’accueil de la diversité des personnes

Ce qui apparaît immédiatement lorsque nous sommes mêlés à une assemblée de catéchumènes, c’est la diversité des visages. A vrai dire, je ne sais pas où il est possible de retrouver en un même lieu une telle diversité ; dans un accueil des urgences médicales peut-être, à la différence près qu’aux urgences, on cherche à recouvrir un corps « sain et sauf » plus qu’à entrer dans le salut promis par Dieu… Ou dans le public d’une finale de Coupe du monde de football, nous l’avons vu cet été ! Bref, dans un rassemblement, dans une équipe de catéchuménat, le monde est là, avec ses périphéries, ses habitants des villes et des campagnes, des personnes analphabètes ou érudites, chefs d’entreprise, ouvriers, retraités, étudiants, réfugiés, etc. Leurs chemins vers Dieu sont divers : entre celui à qui les parents ont laissé le choix confessionnel pour l’âge adulte, entre cet autre qui a grandi dans une famille hostile à l’Eglise, ou celui qui vient d’une autre religion, les approches varient ! Et puis Dieu s’est révélé à eux dans des circonstances différentes : pour certains dans un évènement heureux, à d’autres dans un moment tragique… Que cette rencontre avec le Seigneur date de l’enfance ou soit plus récente, voilà qu’elle se cristallise dans une même demande, celle du baptême… Mystère de la foi…

La présence des pauvres[12]

En France, nous observons le caractère de plus en plus « accidenté » des parcours de vie[13], et il est courant d’accueillir au catéchuménat des personnes en grande précarité sociale. Toutes les fragilités sont rejointes. Chaque équipe d’accompagnement cherche alors comment faire route de manière évangélique et discerner avec elles la présence de Dieu en leur vie. Il me semble trouver là le marqueur d’une Eglise « en sortie »[14], où chaque équipe de catéchuménat, que l’on peut qualifier de petite communauté évangélisatrice, « par ses œuvres et ses gestes, se met dans la vie quotidienne des [catéchumènes], raccourcit les distances, s’abaisse jusqu’à l’humiliation si c’est nécessaire, et assume la vie humaine, touchant la chair souffrante du Christ… Elle accompagne l’humanité en tous ses processus, aussi durs et prolongés qu’ils puissent être. » Ainsi se déploie une évangélisation telle que la souhaite le pape François, une évangélisation qui a beaucoup de patience, tient compte des limites, se montre attentive aux fruits et fait en sorte que la Parole s’incarne dans les situations concrètes. Une évangélisation portée aussi par le témoignage de foi des accompagnateurs.

Oui, dans sa mise en œuvre, le catéchuménat démontre un savoir-faire, un art de l’accueil, qui permet à l’Eglise de rejoindre, dans la durée, la vie des personnes de toutes cultures, le monde contemporain dans sa complexité et toutes les précarités. Bien qu’on observe un niveau d’éducation des accompagnateurs homogène et globalement assez différent de celui des catéchumènes[15], bien que peu d’accompagnateurs aient été baptisés à l’âge adulte, les équipes savent être attentives aux personnes accueillies, à leur environnement et culture, sans perdre de vue l’initiation à la vie ecclésiale et l’insertion à l’Eglise comme institution.

Cette posture des accompagnateurs (leurs témoignages le confirment) dit leur conscience claire que Dieu les précède dans cette aventure et dans la vie de ceux qu’ils accueillent[16] ; ils sont admiratifs et humbles devant le travail de l’Esprit, et face à la réponse des catéchumènes à l’appel du Seigneur, dans un monde où cela ne va pas de soi. Quelle chance pour notre conversion[17], d’entendre ces catéchumènes nous raconter qu’ils ont rencontré le Christ aujourd’hui ; écoutons par exemple le témoignage d’Esteline quelques jours avant son baptême : « A la veillée pascale, je serai baptisée… J’ai un peu l’impression d’avoir déjà vécu cette page de l’Évangile. Comme Pierre, Jacques et Jean, j’ai vécu une rencontre lumineuse à une période de ma vie où je vivais pas mal de difficultés (drogue, alcool et autres tentations). Je me reconnais dans l’expérience de ces hommes qui ont vu le Christ transfiguré et à qui il a annoncé sa résurrection future comme pour les préparer à le reconnaître »[18] … Quelle chancepour nous d’entendre ce témoignage ; quelle chance pour eux, quand l’Eglise parvient à annoncer le cœur de la foi chrétienne de façon concrète, en lien avec leurs problèmes et leurs joies réels[19]. Il y a donc de grandes ressources au sein du catéchuménat qui peuvent en faire, au moins au stade de l’accueil et de l’accompagnement, un modèle de lieu d’inculturation[20]. Voici qui est très précieux pour la vie et la mission d’évangélisation de l’Eglise.

1.3. Le catéchuménat, lieu d’articulation de la catéchèse, de la liturgie, de la vie ecclésiale et évangélique

J’en viens à un autre aspect que je soulignais tout à l’heure : le Catéchisme de l’Eglise catholique nous indique au n°1248 que les catéchumènes doivent être « initiés aux mystères du salut et à la pratique évangélique, et introduits, par des rites sacrés, célébrés à des époques successives, dans la vie de la foi, de la liturgie et de la charité du Peuple de Dieu ». Le Directoire Général de la Catéchèse précise : « le catéchuménat des adultes qui est à la fois catéchèse, participation liturgique et vie communautaire, fournit un remarquable exemple d’une […] institution qui naît de la collaboration de diverses charges pastorales[21]. En effet, c’est tout au long du chemin et de façon concomitante, que les catéchumènes acquièrent des connaissances sur la foi chrétienne, que leur vie devient davantage habitée par la rencontre avec le Christ, qu’ils se tournent plus résolument vers lui et apprennent à examiner leur vie sous son regard pour la rendre plus conforme à ses enseignements. Les changements se réalisent progressivement… Ainsi, des timidités s’estompent, la confiance dans les autres s’accroît, des pardons sont possibles… Je repense à Dominique[22], cette jeune femme de 30 ans jamais acceptée ni aimée par sa maman alors déçue d’accoucher d’une petite fille… Dominique, à l’occasion d’un rassemblement lors de l’année sainte de la Miséricorde a été touchée par la Parole de Dieu ; elle nous a écrit quelques semaines plus tard, pour témoigner qu’elle avait pu, ayant découvert la miséricorde de Dieu, et grâce à lui, pardonner à sa maman. Oui, peu à peu, ils nous disent être plus fidèles à la prière personnelle, faire des choix cohérents avec ce qu’ils découvrent de l’Evangile … Nous avons tous de multiples exemples à partager.

Le travail d’évangélisation prend du temps et en ce sens, la durée du catéchuménat joue un rôle majeur pour affermir un processus de conversion qui travaille l’intelligence, le cœur et les mœurs. La durée est nécessaire pour fréquenter en équipe et personnellement les Ecritures, elle permet une acclimatation progressive à une communauté chrétienne dont on découvre tout, elle est essentielle pour relire des expériences de vie, mort et résurrection à la lumière du mystère pascal. Très souvent, des catéchumènes nous déclarent comme une évidence : Dieu m’a sauvé ! Belle occasion de réfléchir, comme catéchistes, sur notre aptitude à témoigner aujourd’hui du salut et de notre rencontre avec le Christ … D’autant que comme initiateurs, catéchistes, il nous appartient de conduire celui que nous accompagnons à inscrire cet événement, à le comprendre dans l’histoire du salut et dans l’alliance scellée en Jésus-Christ. La dynamique organique du catéchuménat, la densité de ce qui se cherche et s’y accomplit, font que, parfois, ce temps de préparation de dix-huit mois – deux ans qui a pu paraître insensé au début, est ressenti à l’approche du baptême comme étant passé bien vite !

Le sujet de notre Congrès mais aussi la structure des étapes du catéchuménat m’invitent à relever la place décisive des médiations liturgiques dans l’introduction au mystère, dans sa célébration et dans la structuration générale de la foi des catéchumènes. Les schémas illustrés que nous utilisons pour former les accompagnateurs et présenter aux catéchumènes ce qui les attend, donnent à voir en un regard, le catéchuménat comme un chemin ponctué de célébrations liturgiques appropriées. Le théologien de la liturgie Patrick Prétot, écrit que la liturgie est une pratique qui permet à la foi de s’inscrire dans une ie communautaire, dans un « bain ecclésial » ; autrement dit, c’est une expérience ecclésiale de la foi[23]. Nous retrouvons une dimension importante de l’évangélisation que le pape François développe dans Evangelii Gaudium où il insiste sur la notion de peuple[24]. Ce n’est pas la plus simple à vivre pour les catéchumènes et néophytes, mais elle est essentielle… Au fil des étapes liturgiques et des célébrations, le mystère de la foi est célébré, le mystère pascal actualisé, le peuple rassemblé est inscrit dans une Tradition vivante et introduit au Royaume de Dieu. Peu à peu, la liturgie constitue comme croyants ceux qui y participent, édifie leur foi en l’inscrivant rituellement dans le corps de chacun et dans la communauté ecclésiale.

Il est indéniable que le Rituel de l’Initiation Chrétienne des Adultes nous invite à entrer dans l’intelligence de la liturgie qu’il déploie avec pédagogie, depuis l’Entrée en catéchuménat jusqu’aux sacrements de l’initiation et à la mystagogie. L’itinéraire qu’il décrit conduit les personnes du statut de sympathisant à celui de catéchumène, d’élu et enfin de néophyte. Et de fait, les étapes changent le catéchumène en même temps qu’elles célèbrent une transformation progressive qui s’est réalisée sur le chemin vers chaque étape ; les accompagnateurs en témoignent : il y un « avant » et un « après » nous disent-ils ! Ces célébrations sont aussi l’occasion d’une évangélisation renouvelée pour la communauté présente… Lors de l’Entrée en catéchuménat et de l’adhésion initiale du candidat, comment rester indifférent à l’interpellation du Rituel : « Vous qui accompagnez ces candidats et les présentez à l’Eglise, et vous tous aussi qui les entourez fraternellement, voulez-vous les aider à découvrir le Christ et à le suivre ?[25] » A travers la démarche des catéchumènes, le Seigneur fait appel à notre foi et notre prière, à notre disponibilité à sa grâce et à notre dynamisme apostolique : quelle bonne nouvelle ! Nous faisons l’expérience au catéchuménat que « l’Église évangélise et s’évangélise elle-même par la beauté de la liturgie, laquelle est aussi célébration de l’activité évangélisatrice et source d’une impulsion renouvelée à se donner.[26] »

Nous pouvons alors conclure que catéchumènes et fidèles sont, tout au long du catéchuménat, formés à la liturgie et par la liturgie, aux rites et par les rites. Cette réalité conduit le théologien Roland Lacroix à considérer le catéchuménat « comme lieu théologique par excellence où le lien entre Parole et rite est mis en œuvre »[27]. Nous percevons donc de nouveau, la contribution majeure du catéchuménat pour une évangélisation qui conduise à une vie chrétienne.

Nous pourrions continuer sur les atouts du catéchuménat dans son rapport à l’évangélisation, mais il nous a été demandé de travailler sur des aspects de l’itinéraire catéchuménal qui se révèlent comme défis pour la mission de l’Eglise : le catéchuménat permet-il, au fond, aux néophytes de se tenir comme croyants ? C’est ce que je vous propose maintenant, dans la seconde partie de mon propos, de regarder ensemble ; ce sera en lien avec quelques éléments déjà abordés dont nous allons scruter quelques aspects particuliers. Je me risquerai à quelques pistes invitant, pourquoi pas, à des mises en œuvre dans nos paroisses et autres lieux d’évangélisation…

2. Le catéchuménat, défi pour l’évangélisation

2.1. Accueillir, accompagner, discerner, intégrer

Ces quatre verbes constituent en quelque sorte le « programme » de l’Exhortation Amoris Laetitia ; défis pour l’évangélisation, ils intéressent aussi le catéchuménat dont le processus est marqué par les phases d’un discernement, appuyé, entre autres, sur la connaissance du Christ qu’ont les catéchumènes, l’apprentissage de la prière à partir de la Parole de Dieu, l’intégration progressive à une communauté chrétienne pour célébrer, et la capacité à orienter des choix de vie selon l’Evangile. Ce dernier aspect de la vie dans le Christ recouvre des impacts sociaux, politiques, professionnels, familiaux, etc. déjà évoqués dans le Décret Ad Gentes : Le « passage [du vieil homme au nouvel homme]… doit devenir manifeste avec ses conséquences sociales et se développer peu à peu pendant le temps du catéchuménat… il n’est pas rare que le converti fasse l’expérience de ruptures et de séparations[28] ». Nous voyons ainsi des personnes qui au cours du cheminement, réalisent qu’elles ne peuvent plus conduire leur existence de la même manière qu’auparavant, des catéchumènes qui entament une reconversion professionnelle, fondent d’autres projets de vie… D’autres réfléchissent à leur positionnement politique, leur posture face à l’étranger, aux migrants. C’est ici aussi que peuvent intervenir les questions matrimoniales[29]. Nous le savons, c’est un domaine complexe, qui touche à des histoires singulières, intimes, parfois anciennes, souvent douloureuses. Pourtant, il nous faut entendre le contenu du numéro 47 d’Evangelii gaudium : « Tous peuvent participer de quelque manière à la vie ecclésiale, tous peuvent faire partie de la communauté, et même les portes des sacrements ne devraient pas se fermer pour n’importe quelle raison. Ceci vaut surtout pour ce sacrement qui est “ la porte”, le baptême… Ces convictions ont aussi des conséquences pastorales que nous sommes appelés à considérer avec prudence et audace. Nous nous comportons fréquemment comme des contrôleurs de la grâce et non comme des facilitateurs. Mais l’Église n’est pas une douane, elle est la maison paternelle où il y a de la place pour chacun avec sa vie difficile. »

Ce paragraphe invite à regarder nos pratiques… Sommes-nous « comme des contrôleurs de la grâce » ? Rarement, me semble-t-il, de façon « cassante », rigide. Mais parfois, j’ai observé que la crainte d’« un problème pastoral épineux et complexe »[30], conduit l’accompagnateur, à installer une distance vis-à-vis du sympathisant… « Pourquoi aller plus loin, ce sera de toute évidence compliqué » ai-je quelque fois entendu, avec cet a priori que l’Eglise ne saura pas accompagner, ne sera pas à la hauteur, ne pourra conduire au baptême. Si la personne insiste, on lui fait entendre que ça ne sera pas possible, sans donner de détails. Quand ces difficultés se présentent, prenons le temps de méditer, par exemple, le chapitre 4 de l’Evangile de Saint Jean où Jésus rencontre la Samaritaine (Jn 4, 1-30). Jésus ne s’est pas dérobé, il a même initié la discussion…

Quand, cette question de la situation matrimoniale, sciemment ou non, n’a jamais été abordée dans le cheminement, c’est généralement au moment de l’envoi de la lettre à l’évêque, en vue de l’appel décisif, qu’un vent de panique se lève. Dans cette lettre, le catéchumène, du sein d’une belle et grande confiance, s’ouvre à son pasteur des événements majeurs de sa vie où l’appel du Seigneur s’est fait entendre, et il arrive qu’apparaisse une situation matrimoniale qui remette en cause la possibilité du baptême. Comment, quarante jours avant Pâques, faire comprendre à ce catéchumène, plus heureux que jamais de voir son baptême tout proche, que cette histoire dont la page était « tournée », vient compromettre l’entrée dans la vie nouvelle ? C’est une mission quasi-impossible, et nous savons les retentissements humains et spirituels tant pour le catéchumène, que pour l’équipe d’accompagnement et l’ensemble de la communauté chrétienne. Le dynamisme évangélisateur déployé se trouve instantanément mis à mal par ce sentiment d’exclusion à l’égard du catéchumène. Nous avons là un grand défi pour l’évangélisation, dans un contexte de fragilisation de la cellule familiale. Il me semble capital que les acteurs du catéchuménat puissent aborder cette question dès les premiers temps du cheminement. Dans de nombreux diocèses français, une fiche de renseignements, remplie par le catéchumène au cours des premières rencontres, et avant la première étape, permet de repérer s’il convient d’être attentif à une situation et d’accompagner les choses bien en amont pour permettre un discernement concerté. Il importe en de telles situations de dire que cela ne touche ni l’authenticité de la rencontre de la personne avec le Seigneur ni le désir sincère des chrétiens de la conduire au baptême[31]. Il s’agit, et ça ne va pas de soi, d’accepter, sur cette route vers le baptême, de se donner plus de temps qu’imaginé ; très souvent, le baptême, moyennant un temps plus ou moins long est possible. J’ai accompagné plusieurs discernements où les personnes sont sorties grandies, en vérité par rapport à une histoire qu’elles avaient parfois mise sous le boisseau. Soyons confiants dans les juges ecclésiastiques, les officialités : ceux auxquels j’ai eu affaire, ont posé les questions, écouté les personnes, avec tact et un sens pastoral. La posture à laquelle invite Benoît XVI dans Sacramentum Caritatis me semble capitale : « Il est nécessaire d’éviter de comprendre la préoccupation pastorale comme si elle était en opposition avec le droit[32]» : souvenons-nous que le droit canonique est au service de la sanctification des personnes. Ne laissons pas la peur, nos représentations ou notre peu de foi l’emporter. Encourageons dans nos diocèses, une préparation plus précise au mariage sacramentel. Demandons si des améliorations sont encore possibles dans les délais de procédures des Officialités. Dans la dynamique d’Amoris Laetitia, du sein d’un travail concerté, confiant et permanent avec nos évêques, cherchons comment accueillir ce « nouvel encouragement au discernement responsable personnel et pastoral des cas particuliers, qui devrait reconnaître que, étant donné que « le degré de responsabilité n’est pas le même dans tous les cas », les conséquences ou les effets d’une norme ne doivent pas nécessairement être toujours les mêmes.[33]»

2.2. Un Rituel de l’Initiation Chrétienne des Adultes

J’aimerais maintenant formuler un tout autre défi, inscrit dans le propos de Benoît XVI dans l’Exhortation Sacramentum caritatis au numéro 17 ; je cite : « Si l’eucharistie est véritablement source et sommet de la vie et de la mission de l’Eglise … nous devons nous demander si, dans nos communautés chrétiennes [et dans nos équipes de catéchuménat], le lien étroit entre le baptême, la confirmation et l’eucharistie est suffisamment perçu. Il ne faut jamais oublier, en effet, que nous sommes baptisés et confirmés en vue de l’eucharistie. »

Il n’est pas facile pour des accompagnateurs, même vivant profondément du mystère eucharistique, de trouver les mots pour conduire les catéchumènes à cette compréhension du « sacrement de l’eucharistie comme réalité vers laquelle tend toute initiation[34] ». Nous le savons certains catéchumènes partent de très loin ; la demande de baptême est suscitée parce qu’ils sont choisis comme parrain ou marraine d’un neveu, par exemple. Et massivement, la demande des adultes qui se présentent est celle du baptême, rien de plus, ce qui est déjà accueilli comme une très bonne nouvelle ! Les catéchistes ont alors fort à faire pour que l’horizon ne reste pas rivé sur le baptême mais s’ouvre à toute l’initiation chrétienne en ses trois sacrements, le baptême n’étant que la porte d’un chemin qui dure toute la vie[35]… Quand cela n’est pas fait, la progression se focalise à ce point sur le baptême que l’on oublie pratiquement de parler de la confirmation et de l’eucharistie ! Or, un catéchuménat qui ne conduit pas à la plénitude de l’initiation chrétienne assume-t’il sa mission ? La réponse est négative.

Bien sûr et c’est heureux, cet état de fait ne vaut pas toujours mais, en France, il demeure une réalité difficile à quantifier mais significative ; il me semble capital que les acteurs du catéchuménat que nous sommes et ceux que nous formons, puissent resituer leur mission dans celle de l’initiation chrétienne. C’est bien un Rituel de l’Initiation Chrétienne des Adultes qui nous a été donné et non un « Rituel du catéchuménat ». Depuis une vingtaine d’années, plusieurs théologiens[36], nous ont invités à opérer ce que Roland Lacroix appelle un « recentrage » sur l’initiation chrétienne aidant la redécouverte de cette notion[37] longtemps comprise comme circonscrite au temps de l’enfance. Mais je crois que, sur le terrain, ce « recentrage » est à poursuivre.

C’est une question cruciale car elle touche à notre mission profonde ; le catéchuménat n’est pas un « en-soi » mais bien une modalité de l’initiation chrétienne des adultes qui demandent à entrer dans l’Eglise catholique dont la mission est alors de les mener à rencontrer le Christ, dans le baptême, la confirmation et l’eucharistie qui relie tous les mystères[38].

Retrouver cet ancrage fort dans la mission d’évangélisation de l’Eglise, c’est aussi intégrer résolument le catéchuménat dans la vie communautaire paroissiale ; Benoît XVI rappelle avec force « que toute l’initiation chrétienne est un chemin de conversion à parcourir avec l’aide de Dieu et en relation constante avec la communauté ecclésiale[39] ». La responsabilité catéchuménale ne repose pas strictement sur l’équipe d’accompagnement mais sur l’ensemble de la communauté chrétienne à laquelle elle appartient. D’ailleurs, chaque étape du Rituel de l’Initiation Chrétienne des Adultes le manifeste[40]. Dans le beau diocèse d’Angers, l’équipe diocésaine doit parfois permettre de dépasser les résistances d’accompagnateurs vis-à-vis de ces liens nécessaires avec la communauté, avec la vie liturgique et à stimuler la conscience de l’unité entre baptême, confirmation et eucharistie constitutifs de l’initiation. Le catéchuménat est à la fois, catéchèse, processus liturgique et rituel, expérience ecclésiale de rencontre avec le Christ.

2.3. Le devenir des néophytes.

Heureusement, très majoritairement les catéchumènes reçoivent l’ensemble de l’initiation chrétienne. Mais une autre difficulté se présente que formule le théologien Louis-Marie Chauvet : la grande majorité des néophytes n’arrivent pas à faire leur, la règle de participation à l’eucharistie dominicale « non par mauvaise volonté mais simplement parce qu’ils n’en perçoivent pas la pertinence pour leur vie chrétienne »[41]. Une étude du Service National de Catéchèse et Catéchuménat en France indique un temps d’acclimatation nécessaire, pour se sentir à l’aise et prendre part à la vie de la communauté chrétienne, pour devenir fidèle : « nous ne le / la voyons plus » disent les accompagnateurs, conscients que cela menace le déploiement de la vie chrétienne à laquelle ils ont initié. Considérant que « la célébration eucharistique est au centre du processus de croissance de l’Eglise[42] » et que « l’incorporation au Christ réalisée par le baptême, se renouvelle et se renforce continuellement par la participation au sacrifice eucharistique », la difficulté de conduire jusqu’à la vie eucharistique apparaît bien comme un défi pour l’évangélisation… C’est l’incorporation au Christ des néophytes qui est en jeu[43] et la mission de l’Eglise[44] dans son déploiement ultime qui va jusqu’à l’évangélisation des cultures[45]. Pour conduire un plus grand nombre de catéchumènes à la vie eucharistique, Benoît XVI nous encourage à chercher, de façon concertée « quelle pratique peut […] aider au mieux les fidèles à mettre au centre le sacrement de l’eucharistie … [et à trouver] des parcours d’initiation »[46] opérants. Que le catéchuménat peine parfois à conduire les adultes à une vie eucharistique, nous invite à faire nôtre son affirmation : « du mystère eucharistique, auquel on croit et que l’on célèbre, naît l’exigence d’éduquer constamment tout le monde au travail missionnaire dont le centre est l’annonce de Jésus, unique Sauveur. Cela évitera de réduire à un aspect purement sociologique l’œuvre déterminante de promotion humaine, qui est toujours impliquée dans tout processus authentique d’évangélisation. »[47]

Face à ces problématiques qui ne sont pas nouvelles, il me semble que deux éléments constitutifs du processus du catéchuménat peuvent aider notre travail d’évangélisation ; le premier est le parrainage.

2.3.1. Le parrainage

Le Catéchisme de l’Eglise Catholique en ces n°1254 et 1255 est clair : « Chez tous les baptisés, enfants ou adultes, la foi doit croître après le baptême… Pour que la grâce baptismale puisse se déployer, l’aide des parents est importante. C’est là aussi le rôle du parrain ou de la marraine, qui doivent être des croyants solides, capables et prêts à aider le nouveau baptisé… sur son chemin dans la vie chrétienne. Leur tâche est une véritable fonction ecclésiale (officium). » Le Rituel de l’Initiation Chrétienne des Adultes indique des aspects concrets [48] : « [le parrain] contribuera à sa persévérance dans la foi et dans la vie chrétienne… [il] accompagne le candidat dès l’appel décisif… Il montre amicalement au catéchumène comment vivre de l’Evangile dans sa vie privée et sociale, il l’aide dans ses doutes et inquiétudes, il lui apporte l’appui de son témoignage et veille à la croissance de sa vie baptismale… son rôle reste important quand le néophyte a reçu les sacrements et doit être aidé pour demeurer fidèle à son baptême. » Nous comprenons combien il pourra aussi aider à « cultiver dans les cœurs le désir constant du sacrement de l’eucharistie[49] ». Ces quelques éléments nous invitent certainement :

  • à impliquer le parrain, la marraine, dans les rencontres diocésaines qui jalonnent le cheminement du catéchumène. Beaucoup les invitent ; nous sommes encouragés à leur donner une « nourriture » spécifique qui favorise leur mission, leur fonction de parrain ou marraine.
  • à former les accompagnateurs locaux pour que le choix du parrain prenne place dans la vie de l’équipe, en termes de discernement. C’est l’occasion pour le catéchumène de se projeter sur sa vie chrétienne, le baptême n’étant que le début d’une vie chrétienne qui aura besoin d’être soutenue.
2.3.2. La mystagogie

L’autre aspect, présent dans la structure du catéchuménat, mais à développer est la mystagogie. Littéralement, « introduction dans le mystère », elle est la dernière période du temps de l’initiation chrétienne des adultes : les nouveaux baptisés y recueillent l’expérience et les fruits des sacrements reçus et entrent plus profondément dans la vie et la mission de la communauté des fidèles[50]. Est-ce le terme grec qui surprend toujours les oreilles qui l’entendent pour la première fois, ou le fait qu’elle intervienne après les sacrements de l’initiation qui freinent notre capacité à la mettre en œuvre ? Je laisse la réponse à votre sagacité ! Notons cependant, en France, une attention croissante au néophytat de la part des Services diocésains de catéchuménat et des initiatives de catéchèses mystagogiques plus nombreuses… Souhaitons que ce mouvement contribue à déployer la mystagogie au long du processus catéchuménal. En effet, nous l’avons vu, la liturgie irrigue le temps du catéchuménat ; il me semble capital de pouvoir envisager la mystagogie elle aussi tout au long de l’entrée dans le mystère, de l’initiation chrétienne. N’est-ce pas d’ailleurs ainsi que Benoît XVI et le pape François nous invitent à la comprendre ? Ils insistent sur la progressivité nécessaire… et une valorisation renouvelée des signes liturgiques de l’initiation chrétienne. »[51] Par les rites qu’elle contient et la Parole de Dieu qui les fonde, chaque étape justifie la mise en œuvre d’une catéchèse mystagogique. Il s’agit d’introduire les catéchumènes[52] :

  • à l’interprétation des rites à la lumière des événements salvifiques ;
  • au sens des signes contenus dans les rites. Ce devoir est particulièrement urgent à une époque fortement technicisée comme la nôtre, où il existe un risque de perdre la capacité de percevoir les signes et les symboles.
  • à la signification des rites en relation avec la vie chrétienne dans toutes ses dimensions, travail et engagement, réflexion et sentiments, activité et repos.

Le pape François préconise d’intégrer davantage ce nécessaire renouvellement mystagogique dans nos programmes. « La rencontre catéchétique, [poursuit-il] est une annonce de la Parole et est centrée sur elle, mais elle a toujours besoin d’un environnement adapté et d’une motivation attirante, de l’usage de symboles parlants, de l’insertion dans un vaste processus de croissance et de l’intégration de toutes les dimensions de la personne dans un cheminement communautaire d’écoute et de réponse. » En regardant bien, nous trouvons beaucoup d’affinités avec ce dont nous sommes capables dans l’accueil de toutes les personnes et de toute la personne… Sans doute sommes-nous capables de déployer une bonne pratique mystagogique…

Intégrer la mystagogie dès l’entrée en catéchuménat favorisera aussi la perception de sa cohérence : en effet, « le catéchuménat n’est… pas une succession de célébrations autonomes qui viendraient donner une dimension festive à un processus de formation »[53]. La catéchèse mystagogique peut faire accéder à la réalité de chaque étape, comme une véritable porte qui ouvre vers autre chose : au fond, chaque étape se déploie dans un temps nouveau qui conduit à l’étape suivante ; elle est une concentration du temps qui éclaire à la fois le passé, le présent et l’avenir[54] ; tout est lié ce qui fait encore écho à la dynamique organique du catéchuménat qui cherche à articuler et non à séparer…

Pour une mise en œuvre réalisable de la pratique mystagogique, adaptée au rythme de chaque équipe et catéchumène, Benoît XVI souligne qu’« il faut disposer de formateurs préparés de manière appropriée… » Et il rappelle que « toute communauté chrétienne est appelée à être un lieu d’introduction pédagogique aux mystères qui se célèbrent dans la foi… » ; il suggère alors « une plus forte implication des Communautés de vie consacrée, des mouvements et des groupes qui… peuvent offrir un nouvel élan à la formation chrétienne[55]. »

Ce déploiement de la mystagogie, mais aussi ce recentrage sur l’initiation chrétienne, et les autres aspects développés nous invitent à promouvoir le Rituel de l’Initiation Chrétienne des Adultes comme livre référentiel pour former tout accompagnateur de catéchumène. Le connaître permet d’en faire un lieu d’expérience, une initiation par la liturgie et par les sacrements que favorise la relecture des rites après la célébration ; selon Patrick Prétot, cette relecture, inhérente à la mystagogie, devrait constituer un haut lieu de la préparation des catéchumènes[56]. Dans la continuité de cette réflexion et des préconisations des évêques dans le Texte National des Orientations pour la Catéchèse en France[57] de 2016, nous pourrions aller jusqu’à concevoir que la mystagogie soit présente dans toute la vie sacramentelle, au-delà des seuls sacrements de l’initiation chrétienne … Je confie cela à vos prochaines réunion d’équipes diocésaines !

Conclusion

Grâce à Dieu et à la réponse de ces adultes demandant le baptême, grâce au dynamisme des acteurs du catéchuménat, celui-ci fait aujourd’hui partie de la pastorale « ordinaire » paroissiale et des diverses aumôneries en France. L’expertise dont il fait preuve renforce, plus de 10 ans après qu’ils l’aient exprimé, le choix des évêques de France pour déployer des itinéraires de « type catéchuménal » en catéchèse[58], voire en d’autres domaines pastoraux. Pourtant, dans un mouvement de conversion qui nous traverse constamment pour assumer notre part de la mission d’initiation chrétienne confiée par l’Eglise, il convient de progresser en plusieurs lieux. J’ai noté la grâce du discernement qui, dans un contexte sociétal vivant, doit permettre d’accueillir, d’accompagner, de discerner, d’intégrer avec une audace et une vérité informées par l’Evangile et la Tradition. J’ai souligné ce qui pourrait aider à conduire un plus grand nombre de catéchumènes au terme d’une initiation chrétienne qui ouvre sur une vie chrétienne nourrie de l’eucharistie. Tout cela appelle un investissement fort, prioritaire dans notre responsabilité de services diocésains et nationaux, pour la formation des accompagnateurs, des catéchistes et des communautés chrétiennes. Au catéchuménat, témoins du mystère, nous le sommes d’une manière privilégiée ; alors à la suite de Saint Paul, disponibles à l’Esprit-Saint que nous voyons à l’œuvre, puissions-nous, du sein d’une Eglise qui rejoint toutes les réalités de vie, servir sa mission d’évangélisation et transmettre ce que nous avons nous-mêmes reçu[59].

Je vous remercie.

Claire Bernier, Déléguée diocésaine au service Annonce de la Foi diocèse d’Angers (France)

[1] Cf. Directoire Général de la Catéchèse (1997) n°59, Edition française Bayard-Editions/Centurion, Cerf (Paris), Lumen vitae (Bruxelles) – « Le modèle de toute catéchèse est le catéchuménat baptismal. Il constitue la formation spécifique par laquelle l’adulte converti à la foi est conduit à la profession de foi baptismale pendant la veillée pascale. Cette formation catéchuménale doit inspirer les autres formes de catéchèse, dans leurs objectifs et dans leur dynamisme. »

[2] Cf. les enquêtes annuelles réalisées par le Service National de la Catéchèse et du Catéchuménat (SNCC)

[3] Cf. Evangelii Nuntiandi 18. « Evangéliser, pour l’Eglise, c’est porter la Bonne Nouvelle dans tous les milieux de l’humanité et, par son impact, transformer du dedans, rendre neuve l’humanité elle-même : “ Voici que je fais l’univers nouveau ! ”. Mais il n’y a pas d’humanité nouvelle s’il n’y a pas d’abord d’hommes nouveaux, de la nouveauté du baptême et de la vie selon l’Evangile. Le but de l’évangélisation est donc bien ce changement intérieur et, s’il fallait le traduire d’un mot, le plus juste serait de dire que l’Eglise évangélise lorsque, par la seule puissance divine du Message qu’elle proclame, elle cherche à convertir en même temps la conscience personnelle et collective des hommes, l’activité dans laquelle ils s’engagent, la vie et le milieu concrets qui sont les leurs. »

[4] Cf. Ad Gentes 13-14

[5] Cf. Lumen Gentium 14

[6] Cf. Sacrosanctum Concilium 64-65-66

[7] Cf. Christus Dominus 14

[8] Cf. Presbyterorum Ordinis 5-6

[9] Cf. Catéchisme de l’Eglise Catholique 1247-1248

[10] Cf. Lumen Fidei 42

[11] Evangelii Nuntiandi 24 « Finalement, celui qui a été évangélisé évangélise à son tour. C’est là le test de vérité, la pierre de touche de l’évangélisation. »

[12] Evangelii Gaudium 48. « Si l’Église entière assume ce dynamisme missionnaire, elle doit parvenir à tous, sans exception. Mais qui devrait- elle privilégier ? Quand quelqu’un lit l’Évangile, il trouve une orientation très claire : pas tant les amis et voisins riches, mais surtout les pauvres et les infirmes, ceux qui sont souvent méprisés et oubliés, « ceux qui n’ont pas de quoi te le rendre » (Lc 14, 14). Aucun doute ni aucune explication, qui affaiblissent ce message si clair, ne doivent subsister. Aujourd’hui et toujours, « les pauvres sont les destinataires privilégiés de l’Évangile », et l’évangélisation, adressée gratuitement à eux, est le signe du Royaume que Jésus est venu apporter. Il faut affirmer sans détour qu’il existe un lien inséparable entre notre foi et les pauvres. Ne les laissons jamais seuls. »

[13] Cf. Enquête nationale du SNCC, Mars 2018

[14] Cf. Evangelii Gaudium 24

[15] Cf. Intervention de Sophie-Hélène TRIGEAUD aux Assises Francophones du Catéchuménat – Parole et Rite dans l’initiation chrétienne, Institut Catholique de Paris, Avril 2016 : l’enquête commentée indiquait un ratio « inversé » entre le niveau d’étude des accompagnateurs (en moyenne diplômés Bac+5 ou plus) et les catéchumènes, d’un niveau moyen d’étude inférieur à 3 ans.

[16] Evangelii Gaudium 24. « La communauté évangélisatrice expérimente que le Seigneur a pris l’initiative, il l’a précédée dans l’amour (cf. 1Jn 4, 10), et en raison de cela, elle sait aller de l’avant, elle sait prendre l’initiative sans crainte, aller à la rencontre, chercher ceux qui sont loin et arriver aux croisées des chemins pour inviter les exclus. »

Evangelii Gaudium 112 « Il est (…) important de toujours savoir que le premier mot, l’initiative véritable, l’activité véritable vient de Dieu et c’est seulement en s’insérant dans cette initiative divine, c’est seulement en implorant cette initiative divine, que nous pouvons devenir nous aussi – avec Lui et en Lui – des évangélisateurs ».[81] Le principe du primat de la grâce doit être un phare qui illumine constamment nos réflexions sur l’évangélisation.

[17] Evangelii Gaudium 75 « Le sens unitaire et complet de la vie humaine que l’Évangile propose est le meilleur remède aux maux de la ville, bien que nous devions considérer qu’un programme et un style uniforme et rigide d’évangélisation ne sont pas adaptés à cette réalité. Mais vivre jusqu’au bout ce qui est humain et s’introduire au cœur des défis comme ferment de témoignage, dans n’importe quelle culture, dans n’importe quelle ville, perfectionne le chrétien et féconde la ville. »

[18] Esteline, baptisée lors de la Veillée pascale de 2017 dans le diocèse d’Angers, à l’âge de 23 ans. Ce témoignage, fait quelques jours avant le baptême, est un bel écho aux propos du Texte National pour l’Orientation de la Catéchèse en France (2006), p. 54 : « Selon une règle bien établie par le Rituel de l’Initiation Chrétienne des Adultes, une pédagogie d’initiation prévoira des cheminements qui s’appuient et font déjà vivre de la grâce des sacrements qu’ils préparent. »

[19] Cf. Amoris Laetitia 201.

[20] Directoire Général de la Catéchèse (1997) n°91 – « Le catéchuménat baptismal est aussi le premier lieu d’inculturation. En suivant l’exemple de l’Incarnation du Fils de Dieu, qui s’est fait homme à un moment concret de l’histoire, l’Eglise accueille les catéchumènes tels qu’ils sont, avec leurs liens culturels. Toute l’action catéchistique participe à cette fonction d’incorporation dans la catholicité de l’Eglise les authentiques « semences de la Parole » répandues parmi les individus et les peuples. »

[21] Cf. Note issue du Directoire Général de la Catéchèse (1971) 130 in Directoire Général de la Catéchèse (1997) 91, Edition française Bayard- Editions/Centurion, Cerf (Paris), Lumen vitae (Bruxelles).

[22] Le prénom a été changé.

[23] Cf. La Maison-Dieu 273, 2013/1, 43-68 Patrick PRETOT

[24] Cf. Evangelii Gaudium Chapitre 3

[25] Rituel de l’Initiation Chrétienne des Adultes RR 77

[26] Evangelii Gaudium 24.

[27] LACROIX R., Le catéchuménat des adultes en France 1945-2005 – Analyse historique, pastorale et théologique, ANRT Diffusion, Décembre 2017, p. 299.

[28] Ad Gentes 13.

[29] Amoris Laetitia 249. « Une difficulté particulière existe pour l’accès au baptême des personnes qui se trouvent dans une situation matrimoniale complexe. Il s’agit de personnes qui ont contracté une union conjugale stable à un moment où au moins l’une d’elles ne connaissait pas encore la foi chrétienne. Dans ces cas-là, les évêques sont appelés à exercer un discernement pastoral adapté à leur bien spirituel ».

[30] Cf. Sacramentum Caritatis 29

[31] Gaudete et Exsultate 175. « Quand nous scrutons devant Dieu les chemins de la vie, il n’y a pas de domaines qui soient exclus. Sur tous les plans de notre vie, nous pouvons continuer à grandir et offrir quelque chose de plus à Dieu, y compris sur les plans où nous faisons l’expérience des difficultés les plus fortes. Mais il faut demander à l’Esprit Saint de nous délivrer et d’expulser cette peur qui nous porte à lui interdire d’entrer dans certains domaines de notre vie. Lui qui demande tout donne également tout, et il ne veut pas entrer en nous pour mutiler ou affaiblir mais pour porter à la plénitude. Cela nous fait voir que le discernement n’est pas une autoanalyse intimiste, une introspection égoïste, mais une véritable sortie de nous-mêmes vers le mystère de Dieu qui nous aide à vivre la mission à laquelle il nous a appelés pour le bien de nos frères. »

[32] Ibidem.

[33] Amoris Laetitia 300 : « il faut seulement un nouvel encouragement au discernement responsable personnel et pastoral des cas particuliers ; cf. aussi Amoris Laetitia 249.

[34] Sacramentum Caritatis n°17

[35] BENOIT XVI Porta Fidei n°1 « «La porte de la foi» (cf. Ac 14, 27) qui introduit à la vie de communion avec Dieu et permet l’entrée dans son Église est toujours ouverte pour nous. Il est possible de franchir ce seuil quand la Parole de Dieu est annoncée et que le cœ ur se laisse modeler par la grâce qui transforme. Traverser cette porte implique de s’engager sur ce chemin qui dure toute la vie. Il commence par le baptême (cf. Rm 6, 4), par lequel nous pouvons appeler Dieu du nom de Père, et s’achève par le passage de la mort à la vie éternelle, fruit de la résurrection du Seigneur Jésus qui, par le don de l’Esprit Saint, a voulu associer à sa gloire elle-même tous ceux qui croient en lui (cf. Jn 17, 22). »

[36] LACROIX R., Le catéchuménat des adultes en France 1945-2005 – Analyse historique, pastorale et théologique, ANRT Diffusion, Décembre 2017, p. 349 ; l’auteur cite notamment Dominique LEBRUN, Odette SARDA, Paul de CLERCK, Louis-Marie CHAUVET.

[37] Cf. La Maison Dieu, 185, 1991, 47-60, Dominique LEBRUN « initiation et catéchuménat : deux réalités à distinguer. Un avatar dans la formation de l’édition typique du Rituel de l’Initiation Chrétienne des Adultes.

[38] Ecclesia de Eucharistia 11-12

[39] Sacramentum Caritatis 19

[40] Par exemple, Rituel de l’Initiation Chrétienne des Adultes 130 : « Pour l’Eglise, l’appel décisif est comme le moment où se cristallise toute la sollicitude qu’elle porte aux catéchumènes. L’évêque, les prêtres, les diacres, les catéchistes, les parrains et marraines, et toute la communauté locale, chacun à sa place et à sa façon, donnent un avis fondé concernant les dispositions et les progrès des catéchumènes. Enfin, tous les accompagnent de leur prière, de sorte que ce soit l’Eglise tout entière qui les mène avec elle à la rencontre du Christ. »

[41] La Maison-Dieu, 273, 2013/1, 23-41 LM CHAUVET, p. 35

[42] Ecclesia de Eucharistia 22

[43] Ibidem 22 « L’incorporation au Christ, réalisée par le Baptême, se renouvelle et se renforce continuellement par la participation au Sacrifice eucharistique, surtout par la pleine participation que l’on y a dans la communion sacramentelle. Nous pouvons dire non seulement que chacun d’entre nous reçoit le Christ, mais aussi que le Christ reçoit chacun d’entre nous. Il resserre son amitié avec nous: « Vous êtes mes amis » (Jn 15, 14). Quant à nous, nous vivons grâce à lui: « Celui qui me mangera vivra par moi » (Jn 6, 57)… En s’unissant au Christ, le peuple de la nouvelle Alliance, loin de se refermer sur lui-même, devient « sacrement » pour l’humanité, signe et instrument du salut opéré par le Christ, lumière du monde et sel de la terre (cf. Mt 5, 13-16) pour la rédemption de tous. La mission de l’Église est en continuité avec celle du Christ: « De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie » (Jn 20, 21). C’est pourquoi, de la perpétuation du sacrifice du Christ dans l’Eucharistie et de la communion à son corps et à son sang, l’Église reçoit les forces spirituelles nécessaires à l’accomplissement de sa mission. Ainsi, l’Eucharistie apparaît en même temps comme la source et le sommet de toute l’évangélisation, puisque son but est la communion de tous les hommes avec le Christ et en lui avec le Père et l’Esprit Saint ».

[44] Sacramentum Caritatis 84 : « L’eucharistie n’est pas seulement source et sommet de la vie de l’Eglise, elle est aussi source et sommet de sa mission. »

[45] Ibidem 78. « Il résulte de tout ce qui a été dit que le Mystère eucharistique nous met en dialogue avec les différentes cultures, mais aussi en un sens il les défie. (217) Il faut reconnaître le caractère interculturel de ce nouveau culte, de cette logiké latreía. La présence de Jésus Christ et l’effusion de l’Esprit Saint sont des événements qui peuvent constamment se confronter à toute réalité culturelle, pour y mettre le ferment évangélique. Cela comporte en conséquence l’engagement de promouvoir avec conviction l’évangélisation des cultures, dans la conscience que le Christ lui-même est la vérité de tout homme et de toute l’histoire humaine. L’Eucharistie devient critère de valorisation de tout ce que le christianisme rencontre dans les différentes expressions culturelles. Dans cet important processus, nous pouvons entendre de manière ô combien significative les paroles de saint Paul dans sa Première Lettre aux Thessaloniciens: « Discernez la valeur de toute chose. Ce qui est bien, gardez-le » (5, 21). »

[46] Ibidem 18

[47] Ibidem 86

[48] Cf. Rituel de l’Initiation Chrétienne des Adultes 8 ; 10 ; 46 ; 131

[49] Cf. Ecclesia de Eucharistia 34

[50] Cf. Rituel de l’Initiation Chrétienne des Adultes 42, 236-243.

[51] Evangelii Gaudium 166

[52] Cf. Sacramentum Caritatis 64

[53] La Maison-Dieu, 273, 2013/1, 43-68 Patrick PRETOT, p.57

[54] Cf. Evangelii Gaudium n°222. « Il y a une tension bipolaire entre la plénitude et la limite. La plénitude provoque la volonté de tout posséder, et la limite est le mur qui se met devant nous. Le “temps”, considéré au sens large, fait référence à la plénitude comme expression de l’horizon qui s’ouvre devant nous, et le moment est une expression de la limite qui se vit dans un espace délimité. Les citoyens vivent en tension entre la conjoncture du moment et la lumière du temps, d’un horizon plus grand, de l’utopie qui nous ouvre sur l’avenir comme cause finale qui attire. De là surgit un premier principe pour avancer dans la construction d’un peuple : le temps est supérieur à l’espace. »

[55] Sacramentum Caritatis 64.

[56] Cf. La Maison-Dieu, 273, 2013/1, 43-68 Patrick PRETOT, p.68 note 42.

[57] Cf. Texte National pour l’Orientation de la Catéchèse en France et principes d’organisation, Ed. Bayard, Cerf, Fleurus-Mame, PARIS 2006, p. 54-55.

[58] Ibidem p.54-55 ; 91-95.

[59] Cf. 1 Co15, 3

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