Un Avent à l’école du nouveau Directoire : Pédagogie divine et Incarnation

« Dieu choisit de s'abaisser dans la fragilité d'une chair pour se dire lui-même en plénitude et définitivement. »

« Dieu choisit de s’abaisser dans la fragilité d’une chair pour se dire lui-même en plénitude et définitivement. »

« [La] pédagogie divine se rend également visible dans le mystère de l’incarnation » (Directoire pour la Catéchèse n°159).

Troisième dimanche de l’Avent qui nous tend dans l’attente de Celui qui vient. Une attente particulière puisque nous ferons mémoire du Verbe de Dieu, déjà venu dans la chair. Nous nous disposons à accueillir, dans le concret de nos vies, la présence de Jésus, à jamais vivant dans la gloire du Père. L’Église fait, à la suite de son Seigneur, œuvre de pédagogie dans la liturgie : pas à pas, les lectures dominicales nous prennent par la main pour nous conduire vers l’Emmanuel qui nous ouvre le salut.

Ainsi, Noël est un moment essentiel de la pédagogie divine. Arrêtons-nous ici et interrogeons-nous : comment l’incarnation nous dévoile-t-elle la pédagogie de Dieu ?

Peut-être d’abord en prenant conscience que cette incarnation fait entrer l’éternité dans le temps, pour faire de celui-ci l’éternelle présence du Sauveur. Pour accueillir ce mystère, l’évangile de ce dimanche nous place face à Jean-Baptiste, dernier prophète tourné vers celui qui vient. Et le fils d’Elisabeth n’attend pas une idée, ni un concept, encore moins un héros, mais il scrute l’horizon qui fera paraître la figure d’un homme. Car le message de Noël se tient précisément là. Dieu, qui veut de toute éternité que l’homme « participe de la même nature divine » (DpC 30), cesse de parler par des intermédiaires. Il choisit de s’abaisser dans la fragilité d’une chair pour se dire lui-même en plénitude et définitivement. Dieu s’éprouve désormais dans la pesanteur d’un corps d’homme. Par amour et gracieusement, le Verbe a pris chair pour que nous puissions le connaître, à la manière d’un homme. Désormais nous pouvons nous approcher de Jésus avec nos sens. Le regarder vivre et accomplir des signes étonnants. L’écouter « annoncer la bonne nouvelle aux humbles, guérir ceux qui ont le cœur brisé, proclamer aux captifs leur délivrance, aux prisonniers leur libération », comme le prophétisait Isaïe. Devenir ses amis et apprendre à l’aimer. Nous pouvons enfin nous recevoir de lui et nous laisser envoyer, tels des disciples missionnaires en nous mettant à son école.

L’incarnation, apogée de la pédagogie divine, nous invite à être résolument accueillants envers tout homme, à discerner la présence déjà-là de l’Esprit en lui, à respecter sa liberté, à prendre les moyens pour le conduire progressivement à faire la rencontre transformante de Jésus dans sa propre vie. Et pour nous qui sommes engagés en catéchèse et en catéchuménat, nous apprenons, dans l’obéissance de la foi, à proposer « une action pédagogique au service du dialogue de salut entre Dieu et l’homme » (DpC 165).

Alors, au cœur d’une inquiétude due à la situation de notre pays et du monde, celui-là même que Dieu habite dans le Verbe fait chair, ce temps de l’Avent nous provoque à un confinement d’une toute autre nature, positif, choisi et finalement vital : celui de notre cœur appelé à rentrer en lui-même pour faire de la place à Jésus Christ afin de prendre les chemins de l’annonce de sa Bonne Nouvelle. Un confinement qui n’est pas un temps de privation de libertés car la venue du Sauveur nous affranchit de la servitude de la mort. Un confinement qui n’est pas un temps de crainte de l’autre et de la maladie mais un temps d’espérance du Tout-Autre qui, seul, me guérit de toutes mes maladies et de mon péché. L’Avent, attente de l’Incarnation, n’est pas un vaccin, il est le remède, le don de la vie en plénitude.

Pour disposer nos cœurs à cette attente et cette veille, nous pouvons regarder ce vitrail qui nous montre Marie. Elle est allongée, juste après que son enfant soit né, contemplant le visage de ce fils issu de sa chair et de la promesse de l’ange du Seigneur. Pour à notre tour contempler la fragilité du visage d’un nouveau-né et entrer dans la joie, de laquelle jaillit notre allégresse :

Mon âme exalte le Seigneur,
exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur !
Il s’est penché sur son humble servante ;
désormais, tous les âges me diront bienheureuse.

Le Puissant fit pour moi des merveilles ;
Saint est son nom !

Son amour s’étend d’âge en âge
sur ceux qui le craignent.

Déployant la force de son bras, il disperse les superbes.
Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles.

Il comble de biens les affamés,
renvoie les riches les mains vides.

Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour,
de la promesse faite à nos pères, en faveur d’Abraham et de sa race, à jamais.

Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit,
pour les siècles des siècles.
Amen.

Collégiale de Mantes-la-Jolie, détail d'un vitrail du XIIIe siècle.

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Témoignage – Chaque année nous partions en famille avec mes parents et mes sœurs, rejoindre mes grands-parents et cousins, cousines pour fêter Noël. Nous n’allions pas à la messe, nous n’avions pas la foi. Cependant mon grand-père mettait un point d’honneur à nous faire écouter chaque après-midi du réveillon la Pastorale des Santons de Provence. Je me revois […]

Chaque lundi, retrouvez un nouvel épisode de la série de l’Avent :

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