Rôle du catéchiste et mission dans le monde

Le pape François nous dit dans Amoris Laetitia, comme saint Jean-Paul II dans Veritatis Splendor, que nous devons être guidés par notre conscience.

Le rôle du catéchiste est de former les consciences, surtout dans le cadre de l’Église synodale. Le catéchiste est mystagogue, il est celui qui révèle le mystère, qui fait entrer dans le mystère.

Pour devenir une Eglise qui ne se sépare pas de la vie, les 10 commandements et les Béatitudes donnent les moyens de concilier la foi et la vie. La foi doit être vécue, elle doit se manifester dans notre agir.

Il est nécessaire de redécouvrir le lieu théologique du discernement ; il s’agit de discerner en Église, ensemble, à condition que chaque conscience soit bien formée et soit docile à l’Esprit saint. C’est la responsabilité de chacun de discerner les exigences de la foi.

Les 10 commandements et les Béatitudes sont un chemin vers le Royaume de Dieu par des pas quotidiens soutenus par l’Esprit et fécondés par la Parole. Ils sont non seulement des moyens d’agir rationnellement mais ils sont des moyens de marcher avec Jésus et à sa manière (aimer, rêver, penser, vivre … comme Jésus l’a fait).

Nos consciences bien formées reflètent toujours le vrai bien voulu par le Seigneur mais cette formation dure toute la vie. La tâche de la morale chrétienne est d’unir la dimension objective (les normes) à la dimension subjective pour trouver les voies d’un agir et d’une vie dans la vérité dans le monde actuel.

Les 10 commandements et les Béatitudes sont des outils indispensables pour former les consciences. C’est une question particulièrement importante aujourd’hui dans une époque de relativisation des normes morales et d’éloignement des religions. La catéchèse doit conduire au mystère et aussi éduquer à se séparer d’une obéissance infantile pour être capable d’accomplir la volonté de Dieu.

Cela nécessite une formation longue et difficile de la conscience mais c’est la seule solution pour construire la personne. La suite du Christ est la valeur morale chrétienne : cela doit être intériorisé par chaque chrétien. L’acte de formation est un processus. La loi naturelle est le reflet de la loi de Dieu inscrite dans le cœur et la conscience de chaque personne (Gaudium et Spes 16). C’est là que Dieu nous parle. Soyons disponibles pour percevoir cette voix et l’écouter.

La mission des catéchistes, des parents et de l’Église est donc de discerner ce qui est bien et de le vivre au quotidien, avec l’aide des 10 commandements et des Béatitudes.

Croissance dans la vie chrétienne et morale

Le texte de l’évangile selon saint Luc qui rapporte l’épisode de Jésus retrouvé dans le Temple par ses parents (Lc 2, 42-50) nous donne un modèle. La relation avec le Seigneur n’est pas une attitude de soumission mais une attitude d’écoute et de mise en pratique de ses commandements. Se mettre à l’écoute mène à une réponse, à une action.

Quant à Jésus, il grandissait en sagesse, en taille et en grâce, devant Dieu et devant les hommes (Lc 2, 52). Qu’est-ce que cela signifie ? Cela fait référence au développement intégral de la personne, au développement spirituel. Les vertus théologales (CEC 1812) disposent les chrétiens à vivre en relation avec la Sainte Trinité.

La Loi nouvelle ou Loi évangélique est la perfection ici-bas de la loi divine, naturelle et révélée. Elle est l’œuvre du Christ et s’exprime particulièrement dans le sermon sur la Montagne. Elle est aussi l’œuvre de l’Esprit Saint, et par lui, elle devient la loi intérieure de la charité… (CEC 1965) La catéchèse est donc la concrétisation de l’amour et non simplement un code moral, un ensemble de normes. Elle est une réponse de foi qui assume la réalité de manière active et positive.

Les Béatitudes sont la charte parfaite de la vie chrétienne (CEC 1966), les marches d’une échelle qui mène au ciel (Saint Grégoire de Nysse). Les promesses divines s’accomplissent pour tous ceux prêts à accueillir la foi : les purs, les pauvres, les malheureux, …

Le Christ associe de manière indissoluble l’amour de Dieu et l’amour du prochain. La morale chrétienne est une morale du Royaume, une morale de la sequela Christi, c’est-à-dire une manière d’ordonner sa propre vie en répondant à la demande de Dieu. C’est une dynamique de l’amour. La source de la vie morale se trouve en Dieu : il faut croire en Dieu, en être témoin, accueillir cette vérité, la garder et la transmettre. Il s’agit d’un style de vie qui est promesse d’une vie heureuse. L’acte de croire n’est pas intellectuel mais doit être accueilli par amour.

Être heureux selon les Béatitudes est plus que le bonheur humain. Nous espérons la vie en Dieu car le vrai bonheur est dans le Royaume. Nous découvrons aussi la joie d’être des fils et filles aimés de Dieu, la joie du don de la sainteté. Nous avons la certitude de pouvoir faire face à toute situation sous le regard d’amour de Dieu. Les saints sont témoins de cette joie. Diffusons cette joie ! Toute personne est appelée à la sainteté, à rechercher la perfection morale. Dieu nous a donné la capacité d’aimer et de répondre à son amour. Mais chacun doit choisir de le suivre librement.

Le défi pour la catéchèse est d’apprendre aux catéchisés à assumer de manière consciente la suite du Christ. Tout chrétien accomplit le bien moral, en suivant les étapes d’une croissance (JP II Familiaris Consortio n°34). Le récit de la rencontre de Philippe et de l’eunuque dans les Actes des Apôtres au chapitre 8 montre la richesse et la beauté du don d’enseignement des mystères de Dieu. Tout chrétien appelé à cet enseignement doit se proposer comme instrument dans les mains de Dieu. L’Esprit saint le conduit dans cette mission d’annonce des Béatitudes.

D’après une intervention du Père Mario Marcelo Coehlo, Faculté Dehonienne, Sao Paulo : Liberté personnelle et conscience ecclésiale (Catéchisme de l’Eglise catholique 1730-1748 ; 1776-1785) lors du Congrès de catéchèse à Rome sur le thème « Le catéchiste, témoin de la vie nouvelle dans le Christ » (2022).