Avec le sacrement des malades, Dieu fait du bien au corps

Cet article est paru dans la revue Initiales n°271 : Choisir la bientraitance.

Un sacrement qui peut faire peur

“Extrême onction”. Voilà un terme qui fait frémir. Le prêtre, homme en noir et sinistre, s’en vient, comme la faucheuse qui visite les chambres des mourants pour fermer leurs yeux. Le pénitent angoissé reçoit les “derniers sacrements” dont il faut se munir pour s’assurer une petite chance de ne pas sombrer dans l’enfer menaçant. Un dernier sacrement comme une dernière chance de ne pas être considéré comme un mauvais chrétien. Ainsi, tout le monde peut être ras­suré, on a fait ce qu’il fallait pour le défunt, désormais, la famille peut vaquer, le cœur léger, aux disputes de succession et aux médisances de rigueur.
Ah mais ça, me direz-vous, c’était avant ! Désormais, l’extrême-onction s’appelle “sacrement des malades”, c’en est fini du sacrement des mourants, maintenant on ne parle que de sacrement des vivants !

Un sacrement pour accompagner les derniers instants

L’usage de l’extrême-onction n’est pas ré­volu, il s’agit d’un des modes d’adminis­tration du sacrement des malades, et s’il n’est plus le seul, il n’est pas à rejeter. Cette onction au moment de la mort n’est pas un acte sordide qui transformerait le prêtre en ange de la mort. L’expé­rience que nous, prêtres, en avons, est d’un tout autre ordre. Les personnes qui vivent les derniers combats de la vie sont souvent tra­versées par de violentes an­goisses. À bout de forces, quand l’âge ou la maladie conduit la vie à son terme, la foi peut se transformer en doute profond, en un cri d’angoisse. Alors, nous ap­portons le sacrement du réconfort de Dieu, autant que possible entourés de la famille de la personne qui s’apprête à rencontrer le Seigneur, et ces moments sont marqués par une intense grâce.
Notre monde peine à faire face à la mort. On emploie des euphémismes pour la dé­signer ou – pire – on dit qu’elle n’est rien. Mais la mort est bien quelque chose ! Elle est un passage, un défi, à l’enjeu fonda­mental. Nous ne sommes pas faits pour mourir, c’est pourquoi nous nous arc-bou­tons contre la mort. Nous ne voulons pas la subir passivement comme un accident dans lequel rien ne dépendrait de nous. La mort s’impose à nous, mais tout en elle ne nous échappe pas. Il nous appartient de mou­rir en humains, c’est-à-dire avec liberté, dans le consentement à ce qui doit être, et portés par la foi, dans le désir de voir Dieu après l’épreuve du passage. Le sacrement des malades vécu comme extrême onction porte cette mission. Par l’onction de Dieu, nous ne demandons pas forcément la gué­rison ou le sursis de vie. Nous demandons que Dieu apporte son soutien à la liberté en butte au combat décisif. Rien de mor­bide, rien de triste, rien de faux.

Un sacrement de douceur pour ceux qui souffrent

Tant de personnes perdent la foi au motif qu’elles ont été traversées par l’épreuve et notamment celle de la maladie. Il y a en chacun de nous un vieux fond de supersti­tion qui nous fait confondre la foi en Dieu et la protection magique (croire en Dieu et le prier devrait nous protéger et nous per­mettre d’éviter de souffrir). Pourtant, de­puis deux mille ans que le Christ est mort et ressuscité, l’évidence statistique devrait nous avoir convaincus qu’il n’en est rien : pas un chrétien, pas même un saint, n’a été protégé un tant soit peu des épreuves vécues par n’importe qui d’autre. La foi, qui est perdue lors de l’épreuve, est donc beaucoup plus une perte d’espérance, une désillusion qui fait mal et qui détourne de la confiance en un Dieu dont on avait cru qu’il exercerait sa bienveillance à la ma­nière d’une protection.
Le sacrement des malades est au contraire le signe de l’action réelle de Dieu : il affer­mit, adoucit et apaise. Le sacrement des malades ne supprime pas la maladie, et en tout cas ce n’est pas ce qu’il prétend. Il permet plutôt au malade d’expérimenter que Dieu n’est en rien responsable de son épreuve, que sa souffrance et sa détresse n’est en aucun cas une faute, et surtout que Dieu déploie sa présence dans la fragilité.
Le sacrement des malades n’est pas ré­servé aux mourants. Tous, jeunes et moins jeunes, peuvent recevoir ce réconfort doux et simple. Tout corps meurtri, tout coeur souffrant est un lieu propice au déploie­ment de la grâce. Dieu a seulement besoin d’un espace de disponibilité pour déployer son oeuvre de victoire. En visitant le malade dans son besoin, Dieu manifeste à tous les vivants que sa Providence ne prend jamais la place de la liberté mais qu’il a besoin de notre cri pour se révéler comme le Père qui relève son enfant. L’Église se convertit constamment pour être le visage compa­tissant et accueillant de Dieu. Le sacrement des malades est un moyen privilégié pour accomplir cette mission.
Conduisons les jeunes vers cette source in­tarissable de vie et de consolation qui les aidera à expérimenter que Dieu les aime et les accompagne tels qu’ils sont !

Phrase en exergue : Conduisons les jeunes vers cette source intarissable de vie et de consolation.

P. Gaultier de Chaillé,
Prêtre responsable du Frat de Lourdes,
curé de Villepreux- Les Clayes, diocèse de Versailles

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