Art et foi : Le tympan de la Transfiguration de La Charité-sur-Loire

Le tympan de l'abbaye de la Charité sur Loire.

Le tympan de l’abbaye de la Charité sur Loire.

Art & foi, Ecclesia n°22

Ce tympan est visible dans l’église de La Charité sur Loire (Nièvre), dite « fille aînée » de l’ordre de Cluny.

L’ordre clunisien a favorisé le développement de l’art roman particulièrement sur les chemins vers Saint Jacques de Compostelle, un art intégré dans l’architecture même.

Pour mieux voir

Le premier regard révèle une construction centrée autour du Christ. Un Christ glorieux, circonscrit dans une mandorle finement sculptée, debout, les pieds posés sur un piédestal, le livre de la Parole dans la main gauche, alors que la main droite bénit.

A gauche et à droite, deux personnages aux longues barbes tournent leur visage vers Jésus, ils tiennent des rouleaux de parchemin ; « Elie leur apparut avec Moïse, et tous deux s’entretenaient avec Jésus » (Mc 9, 4). Le parchemin du personnage à droite de Jésus, Moïse, semble se fondre dans le tracé de la mandorle, il n’y a pas de rupture avec la première Alliance, Jésus l’accomplit. Elie, le prophète qui annonce le temps du salut, montre le Christ.

« Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean, … » (Mc 9, 2) Spectateurs plus éloignés, Pierre est sculpté à droite de Jésus, Jacques et Jean à sa gauche. Pierre et Jacques ont les mains cachées par un linge. A l’époque où a été fait ce tympan, les prêtres se couvraient les mains pour approcher avec respect le corps du Christ dans le pain eucharistique. Jean a un geste de louange ; n’est-il pas le disciple que Jésus aimait ? Celui qui devant le tombeau vide voit et croit (cf. Jn 20, 8). Et celui qui écrit : « Le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité. » (Jn 1, 14)

Expressions de foi

Nous aussi, sommes spectateurs de la scène, nous voyons la Transfiguration. Pour peu que nous croyions, nous y participons.

Pierre, Jacques, Jean, Elie, Moïse se retrouvent dans l’au-delà du temps de la gloire de Dieu. Le Christ nous regarde : saurons-nous le voir ? Et l’entendre : toi, me reconnais-tu comme Fils de Dieu ?

En 1132, Pierre le Vénérable, abbé de Cluny introduit la fête de la Transfiguration au calendrier des fêtes liturgiques de l’ordre. C’est à cette date que fut sculpté ce tympan. En 1962, Frère Roger de Taizé y faisait référence : « Cette réalité de la Transfiguration trouve une résonance en nous. C’est la célébration du Christ qui prend sur lui ce qui nous pèse. (…) Il dépose en nous un reflet de son visage, « transfigurant » ce qui nous inquiète de nous-mêmes. »

Aujourd’hui encore, laissons-nous regarder par le Christ transfiguré !

Catherine Geoffroy, responsable du service diocésain de la catéchèse de Nevers

Approfondir votre lecture