« Petit enfant qui pleure »
Le 6 novembre 2021, les évêques de France réunis en Assemblée plénière ont dévoilé une photo dans le sanctuaire de Lourdes lors d’un temps mémoriel préparé avec des victimes d’abus sexuels commis dans l’Église. Face à cette photo du « « Petit enfant qui pleure », Mgr Éric de Moulins-Beaufort a proposé un texte de méditation : « Petit enfant qui pleure sur un pilier d’église, là où tu devrais chanter, louer, te sentir en paix dans la maison de Dieu, nous te regardons. » Vendredi 5 novembre, les évêques ont reconnu la responsabilité institutionnelle de l’Église dans les violences sexuelles subies par les personnes victimes.
Les évêques de France et Mgr Celestino Migliore se sont réunis à Lourdes pour participer à l’assemblée plénière de la Conférence des évêques de France, du mardi 2 novembre au lundi 8 novembre 2021. Cette assemblée était essentiellement consacrée à la réflexion et au travail lié à la réception du rapport de la CIASE (Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église).
« Petit enfant qui pleure »
La Vierge Marie parle souvent à des enfants comme à La Salette, à Lourdes, à Pontmain ou à Fatima. Elle s’adresse à ceux qui sont capables d’accueillir l’impossible de Dieu. Marie sait la connaissance mystérieuse que le Seigneur révèle aux tout-petits et qu’il cache aux sages et aux savants, elle en qui la Parole s’est faite enfant. A l’approche de Marie portant l’enfant Sauveur, Jean n’avait -il pas tressailli d’allégresse dans le sein de sa mère sous l’action de l’Esprit Saint ?
A Lourdes, Marie s’est adressée à Bernadette dans un dialogue surnaturel audible à son cœur d’enfant : « Elle me regardait comme une personne qui parle à une autre personne », rapporte Bernadette qui aura bien du mal à être entendue des adultes et des autorités. Pressions, menaces, enfermement n’auront pas raison de sa confiance et de sa ténacité à répéter le message confié par la Vierge Marie : « Allez dire … »
A Lourdes, sous le regard de Marie, ceux qui n’ont pas la parole ont été entendus : les plus pauvres et les enfants victimes qui devenus adultes pleurent encore. Car ces enfants – du latin infans : qui n’a pas encore la parole – bien longtemps n’ont pas été écoutés et se sont murés dans le silence.
A Lourdes, l’appel à la conversion que Marie confie à Bernadette, comme si souvent aux enfants à qui elle parle, a été entendu. Amour et vérité se sont rencontrés, justice et paix peuvent se frayer un chemin dans les cœurs assouplis.
En catéchèse, soyons assurés que la Parole de Dieu résonne dans le cœur des enfants, des catéchumènes, des plus petits, nos interlocuteurs comme les appelle le nouveau Directoire pour la catéchèse. Laissons cette parole les faire parler, écoutons-les. L’Esprit Saint opère en eux d’une manière qui n’appartient qu’à Lui.
Pauline Dawance, directrice du SNCC
L’expérience humaine est constitutive de la catéchèse, à la fois dans son identité et dans son processus, ainsi que dans ses contenus et sa méthode, car ce n’est pas seulement le lieu où l’on fait résonner la Parole de Dieu, mais aussi l’espace dans lequel Dieu parle. L’expérience des individus ou de la société tout entière doit être associée à une attitude d’amour, d’hospitalité et de respect. Dieu agit dans la vie de chacun et dans l’histoire et le catéchiste, s’inspirant du style de Jésus, se laisse rejoindre par cette présence. Cela libère du fait de penser la personne et l’histoire uniquement en tant que destinataires de la proposition et ouvre à une relation de réciprocité et de dialogue, tout en étant à l’écoute de ce que l’Esprit Saint est déjà silencieusement en train d’opérer.
Directoire pour la catéchèse § 197
Désormais, je ne peux entrer dans une église, pour y célébrer le mystère de la vie et de l’amour plus forts que la mort, sans porter le stigmate de votre visage qui pleure, si pauvre, si touchant, si seul, si désemparé, et si digne surtout. Tout le bien du monde ne rachète pas les pleurs d’un enfant.