Le cheminement catéchuménal à l’image d’un pèlerinage
Cet article est paru dans le n°258 d’Initiales : En chemin sur terre…
Les jeunes catéchumènes arrivent, la plupart du temps pressés, et demandent à recevoir le baptême. Nous, nous voulons prendre du temps, et notre réponse n’est souvent pas en adéquation avec leur demande. Mais l’urgence est-elle de recevoir les sacrements de l’initiation chrétienne ou plutôt de leur faire entendre la Bonne Nouvelle du Christ ressuscité avec qui ils vont tout de suite commencer à cheminer ?
Il nous faut avec eux faire un pas de côté, accepter de faire un détour. Détour pour nous, dans nos habitudes, dans nos cadres, dans notre « programmation » de séances, détour pour eux de se mettre à l’écoute de l’Esprit qui souffle, de la Parole du Seigneur, de leurs frères. Partir ensemble sur la route, pèleriner, c’est accepter d’accorder nos pas, marquer des haltes, se nourrir, partager, surmonter les difficultés, commencer déjà à vivre de la dynamique d’une vie chrétienne.
Le cheminement catéchuménal dans sa structure nous aide à cela. Il n’est pas un carcan, bien au contraire il est un guide qui nous donne des balises nécessaires sur la route. Prendre son temps, accueillir pleinement, faire confiance à la Parole, initier à la liturgie, permettre des gestes forts. Il ne s’agit pas de « faire comprendre » mais il s’agit bien de faire vivre une expérience pascale et de pouvoir relire les signes que Dieu nous délivre tout au long du chemin. « La rencontre catéchétique est une annonce de la Parole et est centrée sur elle, mais elle a toujours besoin d’un environnement adapté et d’une motivation attirante, de l’usage de symboles parlants, de l’insertion dans un vaste processus de croissance et de l’intégration de toutes les dimensions de la personne dans un cheminement communautaire d’écoute et de réponse. » (Evangelii Gaudium n° 166)
Le Directoire Général pour la Catéchèse n° 122 articule lex orandi (foi priée) et lex credendi (foi crue) pour signifier l’unité de la vie chrétienne. Il y ajoute lex vivendi (foi vécue) en soulignant l’interdépendance entre les trois. La conversion se situe dans la circulation des trois. Le chemin qu’il nous est proposé de vivre avec les jeunes que nous accompagnons, nous invite à tenir les trois aspects pour qu’il devienne un chemin de sainteté..
Joëlle Eluard, SNCC
AVEC LES JEUNES, COMME POUR UNE LONGUE MARCHE
- Avant de se mettre en route : se présenter, s’accueillir, apprendre à se connaître, accueillir les questions. Montrer la carte du chemin, être à l’écoute de leurs craintes, expliquer par où l’on va passer, ce qui peut être plus difficile, les beaux paysages, ce que l’on va visiter, découvrir…
- S’équiper : De bonnes chaussures, une gourde remplie… S’appuyer sur la Parole de Dieu, la liturgie, la prière. Lui faire confiance, elle agit ! Le rituel est un bon guide. Attention, un sac trop
rempli devient une trop grosse charge ! - Sur la route : Il pleut, il vente, trop froid, trop chaud… Accepter que des choses nous échappent, que ce soit dur quelquefois, oser partager nos propres doutes, nos difficultés, peut-être pourront-ils nous aider ? Accorder notre pas aux leurs : ne pas ignorer leur monde, ce qu’ils regardent, ce qu’ils écoutent, ne pas se moquer ou diaboliser, mais entrer en dialogue, les rejoindre.
- Pour durer : Proposer des haltes, chanter, regarder autour de soi. Repérer les balises, tamponner la crédanciale (carnet de route) pour marquer l’avancement. Quels objets vont servir de balises ? Quels gestes, quelles paroles, quels rites… ?