La joie de la vie théologale… foi, espérance, charité
Cet article est paru dans la revue Initiale n°265 : Dans les épreuves et dans l’espérance
Il est habituel de présenter une vie droite à la suite de Jésus comme une vie « vertueuse ». Dès la première Alliance, nous voyons qu’il est fait l’éloge de certaines dispositions que nous sommes encouragés à développer et à entretenir afin que notre discernement, nos pensées et notre conduite soient toujours plus ajustés à la volonté de Dieu.
Vertus cardinales et vertus théologales
« Veut-on devenir juste ? Les labeurs de la Sagesse produisent les vertus : elle enseigne la tempérance et la prudence, la justice et la force d’âme, et rien n’est plus utile aux hommes dans l’existence » (Sg 8, 7). Prudence, justice, force et tempérance sont les 4 vertus dites « cardinales » qui constituent, en se conjuguant, les ingrédients de toutes les vertus humaines.
Par vertu humaine, on entend spontanément une disposition que l’on acquiert en vue d’accomplir le bien et qui nous donne d’agir volontairement avec plus de facilité et avec joie pour une vie droite à la suite du Christ.
Mais les vertus humaines ne sont pas juste le produit de nos efforts. Elles s’enracinent dans des vertus plus essentielles encore, que l’on qualifie de « théologales ».
Peut-être avez-vous déjà croisé cette croix dite « de Camargue » ? Elle nous offre une représentation unifiée des trois vertus théologales que sont la foi, l’espérance et la charité. La foi est représentée par la croix et ces « tridents » qui évoquent la Trinité. L’espérance est figurée par l’ancre de marine, symbole primitif chrétien (cf. He 6, 19). Et le cœur nous renvoie immanquablement à la charité.
Ce symbole chrétien nous redit l’unité et la complémentarité des vertus théologales. La foi l’espérance et la charité ont ceci de spécifiques qu’elles ont Dieu à la fois pour source et pour objet. Elles nous conduisent au cœur de Dieu et dynamisent l’ensemble de notre être de baptisé. « Dieu connu par la foi, espéré et aimé pour lui-même » (cf. CEC 1840).
La charité, reflet de Dieu en nous
Ces trois vertus théologales se nourrissent les unes les autres sous l’action de l’Esprit Saint. Il s’agit de pouvoir mettre des mots sur la vie de communion à laquelle nous sommes appelés par Dieu.
Saint Paul mentionne ces vertus : « Ce qui demeure aujourd’hui, c’est la foi, l’espérance et la charité ; mais la plus grande des trois, c’est la charité. » (1 Co 13, 13). Si l’Apôtre dit que la Charité est la plus grande, ce n’est pas pour minimiser les autres mais pour nous rappeler que la charité est le reflet le plus parfait de Dieu en nous. De plus, au-delà de la vie sur cette terre, nous sommes faits pour une communion de charité avec Dieu lui-même et nous contemplerons Celui qui est à l’origine de notre foi et qui aura comblé toute notre espérance.
L’espérance fait notre joie
Des trois vertus théologales, l’espérance est souvent celle qui nous pose le plus de difficulté. Nous avons du mal à espérer dans un monde violent, lorsque la confiance est abîmée, face à l’injustice, au scandale du mal, de la maladie, de la mort…
Mais l’espérance se distingue d’un possible espoir d’un « mieux » et n’a rien à voir avec une attitude qui consisterait à serrer les dents en attendant que des jours meilleurs adviennent. Non, l’Espérance est un don de Dieu qui est pour le baptisé fondé sur une certitude de foi : «nous mettons notre fierté dans l’espérance d’avoir part à la gloire de Dieu. Bien plus, nous mettons notre fierté dans la détresse elle-même, puisque la détresse, nous le savons, produit la persévérance ; la persévérance produit la vertu éprouvée ; la vertu éprouvée produit l’espérance ; et l’espérance ne déçoit pas, puisque l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné. » (Rm 5, 1-5).
L’Espérance nous empêche d’être écrasé par les difficultés que nous rencontrons et nous permet de tenir ferme sous l’action de l’Esprit Saint. Pour éprouver cela, comme pour toutes les vertus, il est bon de s’appuyer sur l’aide d’un bel allié de la vie spirituelle : la patience ; patience dont saint Paul fait la première caractéristique de la charité (cf. 1 Co 13, 4a). En effet, l’Espérance inscrit dans la grâce du temps la confiance que nous avons en Dieu, maître du Temps et de l’Histoire.
Notre espérance n’est pas d’être épargnés par les tourments de la vie mais bien de partager ultimement en plénitude la vie de Dieu. Et cette espérance, qui fait déjà notre joie, nous la portons non seulement pour nous-même mais pour tous les hommes !