Le projet de Dieu pour le temps de la jeunesse

Que dit la Bible ? , L’Oasis n°28 : La jeunesse se rassemble

L’Écriture nous met en présence d’un Dieu qui prend le risque d’appeler des jeunes et de leur confier une mission.

Elie et Samuel - John Singleton Copley (1738–1815)

La Bible présente sur la jeunesse un discours riche et inspirant, dont on se contentera de relever quelques aspects saillants.

Un temps pour prendre sa place dans l’histoire

En hébreu, naa‘r signifie à la fois enfant, adolescent et serviteur. Les jeunes sont aussi bien appréhendés comme ceux à qui on demande quelque chose que comme ceux pour qui on fait quelque chose en raison de leur âge. Non comme des assistés sans responsabilité dans l’organisation du corps commun, mais comme les serviteurs d’un ensemble qui les dépasse. Et cette posture est pour eux gage de bonheur et de joie.

En hébreu toujours, l’histoire se dit tôlédôt, autrement dit enfantements : elle est fondamentalement une naissance. Naissance littérale d’enfants, en vue de leur seconde naissance baptismale en Dieu.

La jeunesse est la promesse d’une histoire qui ne s’accomplira que si ces mêmes jeunes, qui seront bientôt adultes, transmettent un jour ce qu’ils ont reçu : naître soi-même, faire naître, pour naître en Dieu, tel est l’enjeu fondamental de l’histoire.

Une parole biblique qui engage à transmettre

Aussi convient-il de transmettre notre foi avec une ardeur brûlante, dans son intégrité, ce qui implique d’avoir pris le temps de se former soi-même pour la recevoir dans cette même plénitude, tout simplement parce que c’est une question de vie ou de mort : de sur-vie. Ce qui n’est pas transmis meurt et ce qui n’est pas transmis de vital signe la fin de l’histoire. Le Deutéronome engage ainsi Israël à « inculquer » à ses enfants une parole « gravée dans [s]on cœur » et à s’entretenir sans cesse de cette parole, « en voyage, en [s]e couchant et en [s]e levant » (Dt 6, 6-8). Aussi s’agit-il de léguer une familiarité avec le Seigneur et sa Parole, pour que celle-ci s’incarne.

Jeunes, vieux, le temps ne fait rien à l’affaire : pour Dieu, « mille ans sont comme un jour » (Ps 89, 4) et il n’est pas d’âge pour se donner, pas d’âge pour recevoir, pas d’âge pour embrasser « la vérité tout entière » (Jn 16, 13). La seule chose vraiment essentielle est… de transmettre l’essentiel.

Ecouter le désir de suivre Dieu qui traverse les jeunes est une exigence faite à ceux qui les accompagnent.

L’audace d’une demande qui ouvre à une rencontre

Anne, mère de Samuel, l’a compris, qui demande un fils à Dieu, pour le vouer à son service comme naa‘r (1S 1). Elle désire fondamentalement pour lui la vie de Dieu, car elle sait qu’en Dieu seul réside le bonheur et la vie, le salut des pauvres et des petits (1S 2). Et Dieu répond à son désir que l’histoire des enfantements avance, en appelant de nuit, dans le temple de Silo, le jeune Samuel, qui répond à son tour « me voici ! ».

Dieu appelle à tout âge : il choisit ainsi David, le plus jeune de sa fratrie. Accompagner les jeunes, c’est toujours inventer les moyens, jamais réductibles à de simples techniques, de faire en sorte qu’un tel appel puisse être entendu, qu’une telle rencontre puisse avoir lieu. Rencontre qui engage la liberté de Dieu et celle d’un jeune, rencontre qui ne nous appartient donc en rien, qu’on ne peut susciter, qu’on ne doit jamais manipuler, mais dont il faut énoncer l’existence et la splendeur pour qu’elle soit possible. Ensuite, elle a lieu ou pas. Anne propose, Dieu et Samuel disposent. Ainsi, ce Dieu fait confiance à la jeunesse, à ce qu’elle recèle de désir et de grandeur : grandeur de la petitesse, comme celle de la jeune fille du Livre des Rois, qui ose affirmer que le prophète Élisée pourrait susciter la guérison de Naaman le lépreux (2R 5, 2-3).

Qui l’eût cru parmi les grandes personnes ? Écouter le désir de suivre Dieu qui traverse les jeunes est une exigence faite à ceux qui les accompagnent ?

Humbles médiateurs d’une rencontre

Rappelons enfin que, devant le désir de vie éternelle formulé par le jeune homme riche (Mt 19, 16-32), Jésus n’édulcore pas la réponse qu’il lui fait. Marc ajoute de son côté que le Christ le regarde et se met à l’aimer (Mc 10, 21) : exigence de vérité, amour miséricordieux.

Dans le Christ, jamais l’un sans l’autre. Il donne ainsi le cap d’un juste regard à poser sur la jeunesse. Le jeune homme riche, on le sait, s’en va. Mais il a croisé une fois et à jamais le regard de Celui qui Est : il sait désormais où trouver à boire, même s’il n’a pas encore la force de s’abreuver à une eau si… riche. Un jour, il reviendra, assoiffé par le désert des biens frelatés vers lequel il retourne, « tout triste » déjà.

En prenant le risque de l’appeler à l’essentiel — « suivre » le Christ, plutôt que « faire » quelque chose par soi-même —, Jésus a eu confiance en lui. C’est de cette confiance, de cette espérance et cet amour, qui sont d’abord ceux du Christ, dont doivent se nourrir ceux qui ont la mission merveilleuse, mais difficile, d’être les humbles médiateurs entre Dieu et ses jeunes serviteurs.

Hélène de Saint Aubert

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