Deux mots pour parler de conversion : « metanoia » et « epistrophè »
Les Rencontres d’été du SNCC « Se convertir au Christ » ont eu lieu du 30 juin au 2 juillet 2015 à Paris.
Tout chemin d’initiation comporte des conversions.
Cette conversion se décline suivant un double visage : métanoia et épistrophè. Les intervenants de la session de l’été 2015 ont tous défini ces deux facettes de la conversion. Voici une synthèse de leurs commentaires et définitions de ces deux termes grecs.
Métanoia
C’est un changement total de la pensée et de l’action qui permet de se laisser transformer par Dieu et qui ne consiste pas uniquement à revenir dans le droit chemin. La conversion entraîne des modifications dans toute l’existence.
Le sens est plus précis que celui d’épistrophè (cf.ci-dessous), car vis-à-vis de Dieu, la metanaoia est une aptitude de l’homme qui s’ouvre à une transformation radicale. La conversion advient sur une voie. Elle est dynamique, de l’ordre d’un processus et comporte des étapes. Ce terme utilisé surtout dans le Nouveau Testament signifie métamorphose. Cela nécessite une transformation intérieure suite à une prise de conscience provoquée par quelqu’un ou un évènement. Par exemple, en Mc 1,4, Jean Baptiste proclame un « baptême de conversion ». Il invite à se laisser transformer de l’intérieur. Il y a à se laisser retourner suite à un appel.
Metanoia suppose donc d’adopter une posture nouvelle. Il est bon qu’au fond de soi, il y ait une ouverture au changement, rendant possible le processus de conversion, c’est-à-dire l’écoute d’un appel et la réponse à donner. C’est le Christ qui prend l’initiative de s’approcher de nous et de nous ouvrir au Royaume (Mc 1,15). La conversion est liée à l’attitude d’accueil et à un évènement surprise qui va provoquer la conversion, d’où l’importance d’être en état de veille. Il n’y a pas de conversion sans dynamique appel/réponse.
Epistrophé
C’est un retournement, un renversement d’attitude, le retour vers un modèle passé. Mais c’est aussi un retour compris comme repentance ou une pression exercée par la collectivité. Le retournement est le lieu, la condition du changement.
Ce terme fait partie de la langue usuelle grecque. Au sens physique du terme, il s’agit de se tourner vers une orientation nouvelle au point de faire demi-tour. Au sens figuré, c’est tourner son attention vers quelque chose ou quelqu’un, se soucier de lui. Le changement se manifeste dans le passage d’une attitude à une autre.
Dans la Bible en langue grecque (Septante), il y a la même acception avec l’idée de revenir, de ramener au changement d’orientation. Par exemple, en Ac 15,3, les païens sont invités à « se retourner ».