Le Christ « descendu aux enfers » : une fresque de la Résurrection peinte après la guerre
La fresque de la Résurrection de Cahuzac-sur-Vère Ecclesia 13
Une lecture catéchétique de la fresque de la Résurrection de l’église de Cahuzac-sur-Vère (dans le diocèse d’Albi), peinte par Nicolaï Greschny.
Le Christ, « descendu aux enfers »
Le dimanche quand nous récitons le symbole des apôtres, peut être sans toujours y réfléchir, nous prononçons ces paroles « est mort, a été enseveli, est descendu aux enfers, le troisième jour est ressuscité des morts …. ». Ces mots posent souvent question : pourquoi Jésus est-il descendu aux enfers ? Ces termes insistent sur le fait que Jésus est vraiment mort, il était homme et a pris cette condition humaine jusqu’au bout. C’est le mystère de l’incarnation.
Il va jusqu’à rejoindre les hommes dans le séjour des morts, le séjour « d’en bas », le shéol selon la tradition juive, ou les hommes attendent la rencontre avec Dieu. Mais toutes les représentations faites par les artistes aux différentes époques et avec plus ou moins de détails croustillants nous amènent à aller plus loin. On y retrouve l’humanité entière symbolisée par Adam et Ève, les rois de nos textes bibliques ainsi que les prophètes et quelques fois en plus des saints, une cohorte d’hommes et de femmes. Le Christ va chercher tous les hommes justes qui l’ont précédé, pour que « les morts entendent la voix du Fils de Dieu et que ceux qui l’auront entendue vivent » (Jn 5, 25).
C’est le mystère de la rédemption. Mystère aussi du samedi saint, où ce temps d’attente et d’abandon, nous annonce déjà un Christ vainqueur, Roi de l’univers, visible et invisible, qui nous entraîne déjà à sa suite vers une éternité d’amour.
L’oeuvre
La fresque présentée dans Ecclésia 13 représente la Résurrection. Elle a été peinte par Nicolaï Greschny (1912-1985), peintre iconographe et fresquiste d’origine russe installé en France après la Seconde Guerre mondiale. Il a réalisé toute une série de fresques dans des églises du diocèse d’Albi. Cette fresque se situe autour du baptistère de l’église Saint-Thomas-de-Cantorbury à Cahuzac-sur-Vère (81).
Pour mieux voir
Auréolé de gloire, Jésus est au centre. regardez ses mains, ses pieds. Il tire vers lui un vieillard entouré d’autres personnages. Les reconnaissez-vous ? Un petit morceau de parchemin est posé par terre, coupé : quel est le mot écrit dessus ?
Sur le côté, une autre scène. reconnaissez-vous ces femmes ? Que portent-elles ? Comment les appelle-t-on dans la tradition de l’Église ?
Un peu plus bas, des enfants, ils observent la scène, le petit parchemin qu’ils tiennent en main résume le message du peintre mais bien plus.
Expressions de foi
Sur le parchemin, entre les mains des enfants, l’artiste résume l’essentiel de notre foi : par le baptême nous sommes morts et ressuscités avec le Christ. Tout dans cette fresque nous parle de mort et de résurrection mais tout est en suggestion. Les peintres orientaux d’icônes ne représentent jamais la résurrection du Christ que nul n’a vue. Pour le dire, ils écrivent principalement les deux scènes que nous avons sous les yeux.
Regardons le Christ, ses mains portent les stigmates de son passage par la croix, par la mort. Il tient cette croix en main et son pied écrase un squelette, mais tout en lui dit la vie. La croix est portée comme un sceptre, ses pieds ont brisé les portes de l’enfer, et la faute (culpa) n’est plus qu’un parchemin déchiré. De sa main, il arrache Adam et Ève à l’obscurité des ténèbres. Il les relève de leur chute. Ils sont suivis de David et Salomon (avec leurs couronnes de rois).
A côté d’eux on reconnaît Jean Baptiste avec son manteau en poil de chameau, son doigt désigne le Christ : « Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde. » Ce Christ triomphant que nous avons sous les yeux, presque sorti de sa mandorle dorée, rayonnant de sa présence divine, nous appelle à le suivre pour entrer dans sa gloire. Le chemin est là sous nos yeux, et nous emmène vers cette Jérusalem céleste.
Les femmes sont venues au tombeau avec leurs aromates à la main. Le peintre en a représenté trois. elles sont les « myrrophores », littéralement celles « qui portent les parfums ». Elles viennent prendre soin du corps de Jésus, comme nous, aujourd’hui, avons à prendre soin de son corps, l’Église. Mais le tombeau est vide. Expérience de nos vies où Dieu peut nous sembler absent, où Dieu semble s’être retiré. Le tombeau est ouvert.
Il nous permet d’oser une parole, de faire acte de mémoire. Une pâque à traverser pour laisser Dieu advenir.
Joëlle Eluard
Nicolaï Greschny : ses œuvres albigeoises
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