« Christ a souffert, Christ est mort » : à travers l’art, s’approcher du mystère de la Passion et la Résurrection du Christ

La Résurrection, détail du retable d'Issenheim, Matthias Grünewald, vers 1515, musée d'Unterlinden, Colmar.

La Résurrection, détail du retable d’Issenheim, Matthias Grünewald, vers 1515, musée d’Unterlinden, Colmar.

Cet article est paru dans la revue Initiales n° 241 : Souffrir, pour quoi, pour qui ?

« Christ a souffert, Christ est mort ». À chaque époque de l’histoire, les arts ont cherché à représenter la souffrance des dernières heures du Christ, sa passion, sa mort sur la croix. Ils ont aussi mis en image le moment dont personne n’a été témoin, celui de sa résurrection.

Un regard croisé sur deux œuvres, l’une de la fin du 14e siècle (Vir dolorum e santi du Maestro della Madonna Straus), l’autre du début du 16e (La résurrection du Retable d’Isenheiem de Grunewald), nous permet de toucher du doigt ce que nous nous proclamons : « Christ a souffert, Christ est mort, Christ est ressuscité ».

Vir dolorum e santi, du Maestro della Madonna Straus

Ce tableau de la fin du XIVe siècle est très riche de multiples détails.

Repérer les éléments du tableau : les personnages, les objets

Repérons les trois personnages centraux pour situer l’événement qui est relaté.

Vir dolorum e santi, du Maestro della Madonna Straus.

Vir dolorum e santi, du Maestro della Madonna Straus.

Quels sont tous les objets qui sont situés dans la partie supérieure du tableau ? A quels moments de l’histoire de Jésus font-ils penser ?

Plusieurs visages sont également représentés. Quels autres épisodes de la passion du Christ évoquent-ils ?
Des mains viennent compléter les événements évoqués. Que font-elles ?

Relire les récits de la mort du Christ

Les éléments du récit de la mise à mort de Jésus sont ainsi énumérés. Pour mieux percevoir ce que Jésus a vécu avant de mourir, lire le récit de l’évangile de Matthieu (Mt 26,14-16 et Mt 14,47 à 27,54) ou Marc (Mc 14,10-12 et Mc 14,43 à 15,39) ou Luc (Lc 22,1-6 et Lc 22,47 à 23,47) et repérer comment les événements se sont déroulés. On pourra noter ce qui n’est pas représenté sur le tableau et au contraire repérer un objet intrus.

Quelques clés pour lire ce tableau

De part et d’autre du tableau, il y a deux personnages plus difficiles à identifier.

A gauche l’homme qui porte une tiare peut être un pape. Il porte aussi une auréole. Mais il n’y a pas de pape bienheureux ou saint à cette époque-là. Est-ce le commanditaire du tableau ?

A droite, l’homme auréolé porte une lance. Le costume rouge est sans doute celui des soldats romains. Il peut donc être le centurion qui a reconnu le fils de Dieu dans cet homme crucifié.

L’objet intrus est le drapeau sur lequel est habituellement représenté le visage du Christ. Dans la tradition du chemin de croix, cet objet évoque la station où Jésus rencontre Véronique (ce prénom signifie « la véritable image »). Elle lui donne son voile pour s’essuyer le front et le visage du Christ y reste marqué. Cette tradition se met en place durant le Moyen-Âge et certains associent aussi cette femme avec la femme hémorroïsse des évangiles.

Il est étonnant de découvrir à quel point les représentations de la passion dans l’art ont évolué au fil des siècles. (Pour un complément historique sur cette l’évolution, un résumé en image sur le site du diocèse d’Arras : Le Christ et la Passion dans l’art.

Voilà de quoi nous interroger sur cette souffrance vécue par le Christ. Comment devons-nous la comprendre ? Qu’est-ce qu’elle apporte à notre foi aujourd’hui ?

La Résurrection, détail du retable d’Isenheim

La Résurrection, détail du retable d'Issenheim, Matthias Grünewald, vers 1515, musée d'Unterlinden, Colmar.

La Résurrection, détail du retable d’Issenheim, Matthias Grünewald, vers 1515, musée d’Unterlinden, Colmar.

Nous sommes là au cœur de notre foi chrétienne. La mort du Christ n’est rien sans sa Résurrection. Sans la Résurrection du Christ, le monde n’a pas d’autre horizon que lui-même, c’est un monde sans avenir, sans profondeur, sans liberté. Comment dire l’indicible ? Comment montrer l’invisible ?

Matthias Grünewald au XVe siècle s’y emploie avec art.

Observer le tableau

Quels liens sont montrés entre terre et ciel ? Que traduit le mouvement des personnages ?Comment est traduit le triomphe de la vie sur la mort ? Repérer la manière dont il utilise les couleurs et la lumière pour évoquer le passage de la mort à la vie.

Après la Résurrection du Christ, tout est changé : « Ô nuit de vrai bonheur, nuit où le ciel s’unit à la terre, où l’homme rencontre Dieu. » (Vigile pascale : chant de l’Exultet)

Que signifie cette Résurrection pour nous aujourd’hui ? Quelles peuvent en être les manifestations ?

Relire le récit de la Résurrection

On pourra compléter cette observation en lisant Lc 24, 50-53.

Anne Dagallier, SNCC

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