« La mystagogie permet de relire notre engagement à marcher derrière le Christ »
Trois questions à Louis-Marie Chauvet, prêtre et professeur, sur l’enjeu pastoral de la mystagogie aujourd’hui après son intervention lors du colloque « L’apport des Pères de l’Église à la proposition de la foi aujourd’hui ».
Pourquoi retrouve-t-on aujourd’hui le goût des catéchèses mystagogiques ?
Parce que nous vivons un moment où, en raison des déstabilisations qu’opère la culture «postmoderne» actuelle par rapport aux religions en général et au christianisme en particulier, nombreuses sont les personnes à «instituer» dans la foi ou à renouveler dans la foi qui sont en quête d’expériences «gratifiantes» de la vérité du christianisme. Des célébrations liturgiques qui leur «font du bien» sont fort appréciées…
En quoi est-ce que la mystagogie est-elle importante dans l’annonce de la foi ?
La foi est rapidement éprouvée comme autre chose qu’une simple «croyance». Elle est annoncée par les «aînés» et perçue par les nouveaux venus (ou par les anciens en quête de «renouveau») comme un engagement à «marcher derrière» le Christ. La mystagogie permet justement cette relecture d’engagement du «disciple» à la suite du Maître…
Dans quels écueils ne faut-il pas tomber, lorsqu’une communauté, par exemple paroissiale, fait cette proposition ?
Il faut éviter l’écueil de l’idéalisation… Car la mystagogie n’est possible qu’à deux évidentes conditions : que la «communauté» (paroissiale, par exemple) offre des célébrations qui ont un minimum de qualité priante; et que les personnes puissent y participer ! Par ailleurs, elle ne peut être fructueuse, semble-t-il, que si la participation aux célébrations n’est pas simplement occasionnelle. Car l’expérience émotionnelle n’est constructrice de la foi que si elle peut être intégrée dans une expérience longue (en allemand : « Erlebnis» et « Erfahrung »). La partie est donc loin d’être gagnée !