Vivre en personne sauvée, le fruit de la rencontre du Christ

Jeune femme blonde priant au milieu d'une foule, le visage radieux et les mains croisées sur le cœur.

Vivre dans le monde comme des « sauvés », telle est la mission des baptisés. Comment aider les personnes catéchisées à prendre conscience que le Christ sauveur est déjà à l’œuvre dans leurs vies ?

Un peu de théologie, L’Oasis n°25 : Le kérygme, cœur de la foi

La foi de notre Église, et plus précisément le kérygme, condense le cœur de la Bonne Nouvelle : l’annonce de la mort et de la résurrection de Jésus Christ pour nous.

Nous le disons d’ailleurs chaque dimanche au cœur de la liturgie : « Pour nous les hommes et pour notre salut, il a pris chair de la Vierge Marie et s’est fait homme ».

Jésus le sauveur

Rappelons que le nom ‘ Jésus’ signifie ‘Dieu sauve’. Ce salut signifie bien entendu que nous sommes appelés à vivre un jour de la vie éternelle. Mais ce salut ne concerne pas seulement notre vie après la mort.

Il commence déjà ici-bas dans une vie et une histoire d’amitié avec le Christ.

Ce salut que le Christ nous offre au cœur de l’Histoire et de notre histoire, ce salut qui est une libération du mal et surtout le don de la vie de Dieu dès notre baptême, nous rejoint en profondeur. Et cela se comprend par le fait que nous avons été créés, comme le dit l’Écriture : « à l’image et à la ressemblance de Dieu » (Gn 1,26) et qu’il y a en nous, au plus profond de nous, une attente, un désir de bonheur et de vie plénière, un désir de salut. Le salut du Christ offert gratuitement par Jésus nous rejoint profondément et nous touche parce qu’il correspond à une attente d’accomplissement en nous et qu’il nous précède. Ce salut nous aide à vivre en raison de la vie du Christ, sa grâce, son Esprit qu’il nous communique.

Vivre comme une personne sauvée en rencontrant Jésus

C’est pourquoi vivre comme une personne sauvée commence dès que nous prenons conscience de rencontrer Jésus en vérité et que nous le reconnaissons comme le Seigneur de notre vie, parfois même avant le baptême comme cela se voit chez les grands convertis ou des catéchumènes. Comme l’a écrit le Pape François : « La joie de l’Évangile remplit le cœur et la vie de ceux qui rencontrent Jésus ».

Nous nous convertissons alors à la personne de Jésus et nous avons le désir de mieux le connaître. Nous le découvrons dans les évangiles, dans la liturgie, dans la prière.

Nous comprenons aussi qu’il nous rejoint par la communauté ecclésiale et dans les évènements de notre vie parfois jusqu’au plus anodin. Quand Jésus nous sauve, il le fait pleinement.

L’ensemble de notre existence devient le lieu où le Christ nous rejoint pour s’unir à nous. Le temps et l’espace prennent une nouvelle dimension où « quelqu’un » nous est présent. Le salut est alors souvent perçu jusque dans la sensibilité comme une découverte d’une paix et d’une joie nouvelle. Le salut devient une réalité concrète dans notre vie qui en est éclairée .

L’ensemble de notre existence devient le lieu où le Christ nous rejoint pour s’unir à nous.

Vivre en personne sauvée en approfondissant la relation à Jésus

Cette vie de personne sauvée par le Christ va alors se développer, si nous sommes un tant soit peu fidèle, dans la lumière de la connaissance progressive que nous avons du Christ. Notre conscience, le fond de notre cœur, devient plus sensible à la recherche d’une vie vraie, cohérente, authentique sous le regard du Seigneur. Il ne s’agit pas seulement de le rencontrer ; il s’agit de vivre par Lui, avec Lui et en Lui. Notre regard sur la vie se transforme et change.

Nos priorités se modifient et ce qui pouvait nous sembler étrange ou étranger auparavant nous attire et nous donne le goût de la vie en Dieu : faire le bien, chercher la vérité, marcher sur les pas de Jésus en agissant à la lumière de ce qu’il enseigne. Ce qui nous paraissait difficile devient d’ailleurs souvent plus facile.
La grâce agit en nous et nous porte, nous dilate.

Persévérer dans une vie de sauvé dans l’attente du salut éternel

Cette expérience qui implique la persévérance peut aussi nous faire découvrir que nous demeurons faibles et fragiles, qu’il y a des temps de « sécheresse », où Dieu semble absent. Nous comprenons peu à peu que le salut n’est pas d’abord dans ce que nous en éprouvons ou percevons sensiblement, mais dans la foi, l’espérance et la charité : donner notre confiance, désirer être avec Jésus, l’aimer et aimer nos frères en étant portés par la grâce, même si cela n’est pas nécessairement sensible. L’expérience de vivre en personne sauvée devient plus mature.

Elle passe peut-être plus souvent par une relecture de ce que nous vivons et où nous découvrons que dans telle ou telle circonstance un autre nous portait, nous aidait même si nous ne le mesurions pas à l’instant. La dynamique de vie d’une « personne sauvée » est bien là. Le salut s’inscrit en profondeur. Cette dynamique de vie qui nous permet de persévérer malgré les vents contraires. Elle qui nous fait goûter peu à peu une paix, peut-être moins sensible mais plus profonde, qui demeure malgré les épreuves.

Les fruits de l’Esprit se manifestent de plus en plus dans la vie des baptisés, particulièrement quand ils se donnent comme disciples missionnaires en se mettant au service des autres : l’amour, la paix, la joie, la douceur, la bienveillance (Ga 5, 25). Le salut devient visible dans une vie chrétienne authentique, signes de sainteté qui se déploient toujours à notre insu et qui devient signe du salut pour les autres.

C’est alors que le salut peut rejoindre d’autres vies, d’autres personnes et qu’il devient évangélisateur.

Mgr Vincent Jordy,
Archevêque de Tours

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