Le Mercredi des Cendres et le mystère du phénix
Une réflexion autour du Mercredi des Cendres de la figure symbolique du phénix, cet oiseau mythique associé à la Résurrection.
Le phénix. Un oiseau rarissime et mystérieux, introuvable ; il n’a peut-être jamais existé. Et pourtant on en parle encore après des milliers d’années. Il a volé dans l’imaginaire de notre culture. Ce qu’on raconte surtout encore à son sujet, c’est qu’il possède une faculté merveilleuse : à sa mort, il est capable de renaître de ses cendres.
Pour cette raison, pour son symbolisme fort, les premiers chrétiens ont représenté le phénix dans les catacombes et sur les mosaïques des absides des premières églises. Oiseau symbolique, renvoi à cette résurrection de la chair qui ne permettra pas à la cendre d’avoir le dernier mot.
Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras en poussière.
– Gn 3, 19
Avec cette citation de la Genèse, le prêtre impose les cendres sur le front des chrétiens qui commencent le chemin de Carême, en y traçant un signe de croix. C’est un avertissement fort, désenchanté, presque cynique, faisant réfléchir et pouvant peut-être effrayer. La liturgie suggère également une deuxième possibilité, en vérité tout aussi forte, tirée de l’évangile de Marc : « Convertissez-vous et croyez à l’Evangile » (Mc 1, 15). Il ne s’agit pas de choisir une formule en écartant l’autre, tout comme le Nouveau Testament n’a pas aboli l’Ancien : c’est dans leur rapport que se dévoile la signification profonde et donc la « bonne nouvelle » qu’est l’Evangile.
La beauté et la valeur du chemin de Carême sont précisément cet exode vers le don de la mort et la résurrection de Jésus, lieu de résurrection et de vie éternelle déjà anticipées dans notre baptême. C’est un chemin que nous reparcourons chaque année sur les traces des catéchumènes qui s’approchent des fonts baptismaux.
Seule, notre vie est fragile, pauvre, risque de se disperser au vent comme la cendre ; dans les mains de Dieu cette fragilité est sauvée, dans sa mort nous sommes ensevelis, dans sa résurrection nous-aussi sommes ressuscités (Col 2, 12).
Le thème du corps est central, fondamental dans le christianisme, nous proclamons chaque dimanche dans le Credo : « Je crois à la résurrection de la chair ».
Et c’est précisément le thème du corps qui lie et détermine les trois attitudes qui caractérisent le chemin du Carême chrétien : le jeûne, l’aumône, la prière.
Le jeûne
Il est décisif pour celui qui se met en chemin de ne pas absolutiser notre corps, d’être capables de choisir et de renoncer à quelque chose pour mieux valoriser une autre (pas seulement du point de vue de la nourriture). Nous ne sommes pas maîtres de notre corps mais notre corps non plus ne peut être maître de nos choix.
L’aumône
Il n’y a pas que mon corps, il y a à côté de moi le corps de l’autre, des autres qui marchent avec moi. Le Carême nous invite à ne pas nous enfermer sur nous-mêmes mais à penser aux autres et à leurs vrais besoins. C’est une invitation à donner (pas seulement de l’argent) mais surtout à regarder ce dont le corps de l’autre a besoin. A être généreux, tout comme le Père est généreux (Lc 6, 36-38).
La prière
Il y a enfin un corps plus grand, celui de l’Eglise et de l’humanité tout entière auxquelles nous sommes liés dans la prière. Un corps qui arrive à rejoindre aussi ceux qui sont morts mais que Dieu n’a pas abandonnés. Prier, c’est rester liés à ce corps plus grand que mon corps, liés surtout à Celui qui nous sauve de la mort et qui est capable de nous donner un nouveau corps qui ne meurt plus.
Le mystère du phénix est alors plus proche que nous ne le pensons.
Bon chemin de Carême !
P. Pietro Biaggi
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