Catéchèse mystagogique après la célébration de l’Eucharistie
Le Temps pascal est particulièrement propice à des catéchèses mystagogiques qui permettent aussi bien aux néophytes qu’aux autres fidèles d’entrer toujours davantage dans le mystère pascal en revisitant les sacrements. Voici une proposition de catéchèse mystagogique à vivre après le temps liturgique qu’est la célébration de l’Eucharistie.
Faire corps en se rassemblant à la messe
Préparer un panneau avec des photos prises pendant la célébration de l’eucharistie en particulier sur le temps de l’accueil et de l’envoi. On peut récupérer des photos du jeu sur les gestes et paroles de la messe de On se voit dimanche ? – Initiales n°253).
Au début de la célébration
Après que le groupe ait regardé les photos, prenez le temps de redire les gestes et paroles qui accompagnent le début d’une célébration.
Nous sommes entrés dans l’église. Peut-être y avons-nous été accueillis par une personne nous remettant la feuille de chants ou avons-nous repéré des personnes heureuses de se retrouver ou recueillies dans la prière.
La procession d’entrée a commencé et tous se sont levés comme un seul corps pour chanter ensemble.
Puis le prêtre a embrassé l’autel, a salué « le Seigneur soit avec vous » et nous avons tracé sur nous le signe de croix.
Avant de nous reconnaître pécheurs et chanter la gloire de Dieu
A la fin de la célébration
Remémorons-nous la bénédiction finale dite par le prêtre et la dernière phrase prononcée par le diacre, bras ouverts : « Allez et demeurez dans la paix du Christ. »
Le pape François dans les catéchèses hebdomadaires dit ceci pour la fin de la messe (Audience du 4 avril 2018)
« La Messe se conclut par la bénédiction donnée par le prêtre et l’envoi du peuple (cf. Présentation générale du Missel romain, n. 90). De même qu’elle avait commencé avec le signe de la croix, au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, c’est encore au nom de la Trinité que se conclut la Messe, c’est-à-dire l’action liturgique.
Toutefois, nous savons bien que si la Messe finit, l’engagement du témoignage chrétien commence. Les chrétiens ne vont pas à la Messe pour accomplir un devoir hebdomadaire et puis ils oublient, non. Les chrétiens vont à la Messe pour participer à la Passion et à la Résurrection du Seigneur, et pour vivre ensuite davantage en tant que chrétiens: l’engagement du témoignage chrétien commence. »
Allons lire ce qu’exprime précisément saint Paul, en parlant de son assimilation à Jésus (Ga 2, 19-20) :
« Je suis crucifié avec le Christ; et ce n’est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi. Ma vie présente dans la chair, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré pour moi. »
Pour prendre en compte ce qui se joue dans la célébration de l’eucharistie, on pourra échanger sur un extrait de la 1ère lettre de Pierre et la catéchèse de Saint Fulgence :
1ère lettre de Pierre (1P 2,4-5)
« Approchez-vous de lui : il est la pierre vivante rejetée par les hommes, mais choisie et précieuse devant Dieu. Vous aussi, comme pierres vivantes, entrez dans la construction de la demeure spirituelle, pour devenir le sacerdoce saint et présenter des sacrifices spirituels, agréables à Dieu, par Jésus Christ. »
1P 2,9-10 :
« Mais vous, vous êtes une descendance choisie, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple destiné au salut, pour que vous annonciez les merveilles de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière.
Autrefois vous n’étiez pas un peuple, mais maintenant vous êtes le peuple de Dieu ; vous n’aviez pas obtenu miséricorde, mais maintenant vous avez obtenu miséricorde. »
Saint Fulgence de Ruspe (v. 467-533) évêque en Afrique du Nord dans une « lettre à Monime » nous aide à entrer dans l’intelligence de ce corps que nous formons en nous rassemblant dans l’église en vue de célébrer l’eucharistie.
« La construction spirituelle du corps du Christ se fait dans l’amour puisque, selon les paroles de saint Pierre, les pierres vivantes servent à construire le Temple spirituel pour former un sacerdoce saint, présentant des offrandes spirituelles que Dieu pourra accepter à cause du Christ Jésus. Cette construction spirituelle, on ne peut la demander avec plus d’à-propos que lorsque le corps même et le sang du Christ sont offerts par le corps même du Christ, qui est l’Église, dans le sacrement du pain et de la coupe. La coupe que nous buvons est communion au sang du Christ ; le pain que nous rompons est participation au corps du Seigneur. Puisqu’il y a un seul pain, la multitude que nous sommes est un seul corps, car nous avons tous été nourris à un seul pain. C’est pourquoi nous demandons que, par la grâce qui a fait de l’Église le corps du Christ, tous les membres de la charité, par le maintien de leur cohésion, persévèrent dans l’unité du corps. […]
L’Esprit Saint, qui est l’unique Esprit du Père et du Fils, produit en ceux, auxquels il a donné la grâce de l’adoption divine, ce qu’il a produit chez ceux qui avaient reçu ce même Esprit Saint, comme nous le voyons dans les Actes des Apôtres : La multitude de ceux qui avaient adhéré à la foi avait un seul cœur et une seule âme. C’est le Saint-Esprit qui avait réalisé cette unité, lui qui est l’unique Esprit du Père et du Fils, et qui est un seul Dieu avec le Père et le Fils.
C’est pourquoi saint Paul dit qu’il faut jalousement garder cette unité par le lien de la paix, lorsqu’il exhorte ainsi les Éphésiens : Je vous encourage donc, moi qui suis en prison à cause du Seigneur, à suivre fidèlement l’appel que vous avez reçu de Dieu ; ayez beaucoup d’humilité, de douceur et de patience, supportez-vous les uns les autres avec amour ; gardez jalousement l’unité de l’esprit par le lien de la paix, soyez un seul corps et un seul Esprit. »
Fulgence nous invite donc à un programme de vie, nous qui formons ce corps du Christ.
Après nous être nourris, repartir pour vivre ce qu’on a célébré
Les premières communautés chrétiennes
Essayons de repérer comment les premières communautés chrétiennes se sont développées, comment elles se sont organisées pour vivre cette paix du Christ pour comprendre à quoi nous sommes invités aujourd’hui encore.
Pour cela on déploiera un jeu des 6 planches Voyages aux pays des premières communautés chrétiennes qui relatent l’ensemble du livre des Actes des apôtres en 130 vignettes (A disposition sur la boutique Image et Pastorale).
- Présenter la vignette 1 de la planche 1 pour repérer comme les 11 font corps tous représentés avec la même tête et les rechercher dans la planche 1, identifier les moments où ils agissent ensemble.
- Présenter les personnages principaux pour identifier la couleur du vêtement et les repérer à travers les planches (Philippe, Saül/Paul, Barnabé, Silas, Pierre…)
Un chrétien c’est quoi ?
Répartir ensuite les pistes ci-dessous entre différents groupes de participants pour que chaque groupe puisse définir deux caractéristiques de ce qu’est un chrétien.
1er groupe, 2 pistes
- 1/8a-8b ; 1/11b ; 2/11-12 ; 2/13 ; 2/14-15 ; 2/17-18 ; 3/4 ; 3/5 ; 4/2 ; 4/8 ; 5/9
- 1/4b ; 2/3 ; 2/8 ; 2/13 ; 3/6 ; 5/4 ; 5/8 ; 5/15b ; 5/17
2ème groupe, 2 pistes
- 1/9b ; 1/12b ; 2/19 ; 3/7 ; 3/12-13 ; 4/6 ; 4/12 ; 5/6 ; 6/6 ; 6/8 ; 6/10 ; 6/19
- 1/1 ; 1/4a ; 2/1 ; 2/7 ; 3/5 ; 4/2 ; 5/15c ; 5/18 ; 5/20 ; 6/11 ; 6/25
3ème groupe, 2 pistes
- ½ ; 1/3b ; 1/10 ; 1/7 ; 3/11 ; 3/15 ; 4/1 ; 4/13 ; 4/18-19 ; 5/2 ; 5/24 ; 6/1
- 2/6 ; 2/20 ; 3/17 ; 4/3 ; 5/16 ; 5/3 ; 5/21 ; 6/13 ; 6/20 ; 6/21 ; 6/26 + banderoles
Dans la mise en commun des découvertes, il apparaîtra donc qu’un chrétien :
- se convertit (à différents moments, sur différents points de vue). Sa vie est en jeu.
- est baptisé dans l’Esprit et on soulignera l’importance de l’accompagnement ;
- prie, jeûne et impose les mains, partage les biens et les nouvelles ;
- annonce la Parole à tout prix ;
- est envoyé en mission. Il bouge pour annoncer.
- Enfin le chrétien est soutenu, est confiant.
L’« aujourd’hui » de notre baptême
On poursuivra cet échange en s’interrogeant sur notre manière de vivre aujourd’hui notre baptême.
Qu’est-ce que chacun d’entre nous a à convertir pour avancer sur son chemin de chrétien ?
En conclusion nous poursuivons la lecture de la catéchèse du pape François du 4 avril 2018 :
« Nous sortons de l’église pour « aller en paix », apporter la bénédiction de Dieu dans les activités quotidiennes, dans nos maisons, sur les lieux de travail, parmi les occupations de la cité terrestre, « en glorifiant le Seigneur par notre vie ». Mais si nous sortons de l’église en bavardant et en disant : « Regarde celui-ci, regarde celle-là … », avec la langue bien pendue, la Messe n’est pas entrée dans mon cœur. Pourquoi ? Parce que je ne suis pas capable de vivre le témoignage chrétien. Chaque fois que je sors de la Messe, je dois sortir meilleur que je ne suis entré, avec plus de vie, avec plus de force, avec plus de volonté d’apporter un témoignage chrétien. A travers l’Eucharistie, le Seigneur Jésus entre en nous, dans notre cœur et dans notre chair, afin que nous puissions «exprimer dans la vie le sacrement reçu dans la foi» (Missel romain, Collecte du lundi de l’octave de Pâques). »