Nunc dimittis : le cantique de Syméon et la prière du Notre Père
« Tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix. » La prière de Syméon (Siméon) n’est pas une prière de demande comme le Notre Père. Elle est tout entière bénédiction et action de grâce de celui qui est exaucé car ses « yeux ont vu le salut » en la personne de l’enfant Jésus dans le Temple où l’Esprit l’a poussé le jour où ses parents le présentaient au Seigneur.
Dieu a accompli sa promesse lorsque Syméon (« Dieu exauce ») reçoit dans ses bras Jésus (« Dieu sauve »).
L’espérance fidèle du vieillard, l’attente d’une vie, celle de tout Israël depuis des siècles, est comblée car la Consolation d’Israël, le Christ, Messie d’Israël, advient avant sa mort comme l’Esprit Saint le lui avait promis (Lc 2,25).
« Tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix » n’est pas une aspiration à mourir mais une prière d’abandon. La mort n’apparaît pas angoissante, elle apporte la paix à l’homme qui a accompli la mission que le Seigneur lui avait donnée. Syméon a tenu la lumière de l’espérance, fidèle à la vocation d’Israël qui est de révéler au monde le salut de Dieu. Et avec la venue du Messie, c’est la lumière elle-même qui vient tout dévoiler, tout accomplir.
Comme dans le Notre Père, Syméon, s’adresse au Seigneur directement qu’il tutoie tout en l’appelant « Maître souverain ». Cette intimité tissée par une vie de prière et de proximité coexiste avec la « crainte de Dieu » de celui qui a conscience d’être la créature qui s’adresse humblement à son Créateur.
C’est au « Maître souverain » de Syméon que nous demandons chaque jour que son règne arrive avec les mots du Christ quand nous prions le Notre Père. C’est le même Père que nous prions chaque soir avec les mots du familier de Dieu, avant le repos de la nuit, expérience d’abandon en Dieu :
« Sauve-nous, Seigneur, quand nous veillons ; garde-nous quand nous dormons ; nous veillerons avec le Christ et nous reposerons en paix. » (Antienne de Syméon)