Le parrainage des chrétiens recommençants : une proposition diocésaine écouter, encourager et accompagner

Instaurer un parrainage des chrétiens recommençants pendant leur cheminement

Bien avant le 11 novembre 2009, des équipes de cheminement existaient au sein du diocèse au bon vouloir de quelques prêtres attentifs et interpellés pas le questionnement nouveau de personnes venant demander de l’aide.

Dès 2005, sur le doyenné d’Amboise, il existait des équipes de cheminement qui se retrouvaient pour prendre le temps de réfléchir, de partager, d’écouter ; pour partir ou repartir à la découverte de la foi sur des thèmes de réflexion choisis par chaque équipe, en toute convivialité. Ainsi ont été abordés : saint Paul ; le don de la vie ; l’éthique chrétienne ; rencontrer Dieu dans nos vies ; l’actualité et la foi ; éclairer sa vie à la lumière de textes bibliques.

Sur ce doyenné les équipes se retrouvaient deux fois par an au cours d’une soirée (souvent avec Mgr Aubertin qui venait à la rencontre des recommençants) et d’une journée. C’était l’occasion de vivre un temps d’échange commun et de partager ensemble un temps d’amitié et de détente.

Voici quelques thèmes de ces journées : « et pour vous qui suis-je ? » ; « du pain au repas pascal » ; « sur les pas de saint Paul ». J’étais pleinement investi dans la démarche à la demande du doyen.

En 2010, il m’est demandé d’être membre de l’équipe diocésaine du catéchuménat.

Le 3 avril 2011, j’étais ordonné diacre permanent avec comme lettre de mission de notre évêque :

« Je vous envoie auprès de tous ceux qui recherchent un sens à leur existence. Soyez attentif à leurs questionnements et leurs aspirations pour que notre Eglise se laisse interroger par leur recherche, et devienne plus accueillante à ceux qui sont séduits par l’Evangile.

Dans ce sens, et pour mettre en œuvre les orientations diocésaines que j’ai promulguées le 11 novembre 2009, je vous invite à réfléchir, avec une équipe que vous constituerez, à la façon de mettre en œuvre le « parrainage des recommençants », en liaison avec le service diocésain du catéchuménat dont vous êtes membre.

Le Seigneur vous accompagne dans cette mission. Qu’Il vous donne courage, force et inventivité. »

C’est donc suite aux orientations diocésaines promulguées le 11 novembre 2009 et à mon ordination en 2011 que va se mettre en place, petit à petit, une équipe diocésaine qui a la charge d’aider à la prise en compte des recommençants dans la pastorale diocésaine. Fort de l’expérience sur le doyenné d’Amboise, de mes lectures sur le sujet, je suis allé à la rencontre de laïcs qui étaient investis dans cette orientation pour constituer une équipe qui, année après année, s’est renouvelée.

Le livre de Roland Lacroix « Devenir chrétien… Tout simplement », aux éditions de l’Atelier, a particulièrement retenu notre attention. Au chapitre 5 intitulé La démarche des recommençants, il va à la rencontre de ces derniers afin de mieux comprendre leur démarche et les enjeux de cette manière inédite de devenir chrétien. Nous en avons repris les principaux points clés qui sont l’expérience vécue par l’équipe diocésaine du parrainage des recommençants sur notre diocèse et de leurs accompagnateurs. Cela peut permettre de se situer face à leur accueil et la mise en route d’équipes au sein de nos paroisses et doyennés ainsi qu’au sein des services d’Église sur le diocèse et des mouvements.

Le 8 février 2014, nous avons organisé une journée diocésaine pour faire un point d’étape et revenir sur l’expression utilisée par notre évêque de « parrainage des recommençants ». Une cinquantaine d’acteurs pastoraux, en services diocésains, en mouvements, de paroisses est venue vivre cette journée. Roland Lacroix,dans son intervention intitulée : Recommençants, « Église -Mère » et parrainage disait ceci :

Le parrainage des aînés dans la foi, essentiel à l’initiation comme à la « réinitiation » chrétienne

J’en viens à l’expression employée par votre évêque : le parrainage des recommençants. Cette fonction de parrainage a toujours été essentielle à l’initiation chrétienne. Longtemps on n’a pas réduit le parrainage au parrain et à la marraine, mais on évoquait la nécessité d’un parrainage collectif de la communauté. D’ailleurs, quand le Texte national pour l’orientation de la catéchèse en France évoque l’initiation à la vie ecclésiale des catéchisés, il évoque deux exemples ‘‘tirés’’ du modèle catéchuménal : le « dialogue sur les questions essentielles » et le « parrainage entre aînés dans la foi et nouveaux croyants » (§ 1.6). Les questions essentielles sont souvent celles des recommençants. L’expression « aînés dans la foi » est l’une des manières de dire parrain ou marraine. Aînés dans la foi, ça allie à la fois l’asymétrie inévitable dans l’accompagnement et la proximité nécessaire pour guider au mieux. Toujours dans le but de « prendre soin ». La fonction maternelle de l’Église et la fonction de parrainage évoquent bien l’ecclésialité de la foi qui se joue sur notre capacité à ouvrir avec nos contemporains une conversation sur les questions qu’ils portent et à promouvoir un accompagnement-parrainage de proximité qui « ré-introduit » dans l’Église. Par exemple, quand on « embauche » quelqu’un en pastorale, alors qu’il/elle vient pour recommencer, on exerce davantage la fonction « organisationnelle » de l’Église plutôt que sa fonction maternelle. Bien sûr la participation à la mission de l’Église fait partie de la démarche de recommencement, mais on a tendance à précipiter les cheminements et de ne pas donner la nourriture adaptée pour que ces personnes puissent d’abord cheminer dans la foi. Parrainer, c’est alors trouver les meilleures voies possibles pour que chacun-e puisse se réapproprier à son rythme la vie chrétienne. Le parrainage est aussi une mission collective ».

Suite à cette journée, s’est développé une attention et un souci plus réel de l’écoute des recommençants sur notre diocèse.

Nous pouvons écrire que :

• cela est né de la promulgation d’une orientation diocésaine claire et précise.
• le diocèse s’est donné les moyens que cette orientation soit incarnée avec l’ordination d’un diacre dont c’est la mission première.
• cette incarnation se vit en lien avec le service diocésain du catéchuménat en tenant compte des spécificités des catéchumènes et des recommençants.

Dès le départ, nous nous sommes appuyés sur le Rituel de l’Initiation Chrétienne des Adultes (voir le chapitre 3 intitulé : confirmation et eucharistie des adultes baptisés enfants, pages 199 et 200 du RICA. Cette page recto verso présente les notes pastorales de la mise en œuvre des demandes des recommençants).

Nous sommes dans une démarche de type catéchuménale et nous nous appuyons sur les quatre piliers de cette démarche.

Régulièrement, il nous est demandé des parcours pour les groupes de recommençants. Il n’y a pas de parcours-type de réinitiation. Nous laissons beaucoup de champ des possibles aux accompagnateurs. Cependant, nous les invitons à participer aux rencontres de formations initiées par le service diocésain du catéchuménat.

Afin de permettre aux recommençants de revivre une dimension ecclésiale, nous les invitons, autant que faire ce peut, à se retrouver dans des équipes, parfois en paroisse, parfois en doyenné. Cela se fait plus facilement sur les doyennés en ville que dans les doyennés ruraux où l’éloignement, la distance permet moins une vie en équipe. Cette reprise d’une vie ecclésiale permet le retour progressif au sein de la communauté chrétienne dont ils s’étaient éloignée.

L’accompagnement personnel peut être nécessaire pour les uns ou les autres, parfois pendant un temps court, parfois sur la durée, toujours en fonction du vécu de chaque recommençant.

Tous les recommençants sont invités par l’équipe diocésaine à se retrouver pour une demi journée pendant le temps de l’Avent , une journée pendant le temps de Carême, une veillée de prière avant la réception du sacrement de confirmation et/ou de l’eucharistie.

Depuis trois ans la réception des sacrements de la confirmation et de l’eucharistie ont lieu le dimanche de la Pentecôte à la cathédrale.

Sur notre diocèse, nous avons la présence des religieuses bénédictines du sacré cœur de Montmartre qui animent la vie spirituelle à la Basilique saint Martin. C’est une grâce pour notre diocèse que la présence de saint Martin, car de nombreux recommençants, recommencent en passant par ce lieu, ce saint et les religieuses. Ce lieu n’étant pas une paroisse, ils y sont accueillis sans arrière pensée utilitaire et avec beaucoup de bienveillance.

C’est pourquoi depuis de nombreuses années, les religieuses sont membres de l’équipe diocésaine du parrainage des recommençants. De plus, depuis deux ans nous avons demandé que deux recommençants, nouvellement confirmés, rejoignent l’équipe pour y apporter leur fraîcheur et leur vision de la vie à la suite de Jésus Christ.

Notre évêque, Mgr Vincent Jordy, lui-même, a suivi ce chemin de recommencement. Il est heureux de rencontrer des recommençants de son diocèse et prends le temps de les rencontrer lors de notre journée diocésaine.

C’est une grande joie de voir année après année, l’œuvre de l’Esprit Saint au cœur d’hommes et de femmes qui ont été baptisés enfants et qui souvent n’ont eu aucune éducation religieuse ou qui se sont éloignés, prendre ou reprendre un chemin de vie à la suite de Jésus Christ et devenir des disciples missionnaires. Oui « l’Église ne grandit pas par prosélytisme mais par « attraction ». Les recommençants petit à petit s’imprègnent de la Parole de Dieu et répandent autour d’eux la bonne odeur de Jésus Christ.

Christian Journet, diacre permanent. Diocèse de Tours.