Catéchèse et communautés : le rôle de la paroisse

Que dit la Bible ?, L’Oasis n°10 : Être paroissien.

Les premières communautés chrétiennes peuvent nous aider à comprendre en quoi la paroisse est indispensable pour la catéchèse et le catéchuménat.

« La pédagogie catéchistique n’est efficace que dans la mesure où la communauté chrétienne devient la référence concrète et exemplaire du cheminement de foi de chaque personne. Cela se produit si la communauté se propose comme la source, le lieu et le terme de la catéchèse. » C’est ainsi que le TNOC de 2006, Texte National pour l’Orientation de la Catéchèse en France, cite le DGC de 1997, Directoire Général pour la catéchèse n°158, à la fin de son premier chapitre.

Sont ainsi affirmés la place et le rôle de la communauté dans l’action catéchétique. Et pourtant le but ultime de la catéchèse est la rencontre personnelle et intime entre le catéchisé, ou le catéchumène, et le Christ. En outre, dans les communautés, la catéchèse et le catéchuménat, sont généralement confiés à des personnes désignées, formées, au risque que le reste de la communauté ne se sente pas directement concerné ou impliqué. De fait, nous pouvons nous demander en quoi la communauté est indispensable pour l’action catéchétique. Les premières communautés chrétiennes, objet et sujet de la première évangélisation, peuvent nous aider à comprendre les enjeux d’une catéchèse ancrée dans la communauté. Pour éviter tout anachronisme, on ne peut parler de catéchèse pour les premières communautés, mais d’évangélisation. En relisant leur expérience, sans doute trouverons-nous quelques éclairages utiles.

L’évangélisation est communautaire

Dans les lettres pauliniennes, à l’exception des lettres dites pastorales, l’apôtre s’adresse à une communauté entière et pas à une personne en particulier. En outre, Paul voyage et écrit ses lettres avec ses collaborateurs, Timothée, Sylvain… L’évangélisation se fait ecclésialement. De la même manière, dans les Actes des Apôtres, la communauté tout entière est assidue « à l’enseignement des apôtres, à la communion fraternelle, la fraction du pain et aux prières » (Ac 2,42). On ne peut pas parler de catéchèse. Mais on peut quand même noter la dimension communautaire de l’annonce de l’Évangile.

Le contenu est communautaire

Paul ne se contente pas d’annoncer l’Évangile de façon théorique. Ses lettres sont toujours motivées par la situation singulière d’une communauté. Il montre en quoi consiste le message de l’Évangile, résumé dans le kérygme : Jésus Christ est mort et ressuscité pour nous. Cette annonce invite à un langage nouveau, la logique de la croix (1 Co 1, 18), et provoque des changements dans la vie des croyants, au plan personnel et au plan communautaire. Les lettres sont articulées selon le schéma « de l’indicatif à l’impératif » : après une argumentation théologique, Paul propose des exhortations concrètes qui transforment la vie des croyants. Ces transformations se vivent dans la communauté et dans la cité. Ainsi, les Corinthiens sont invités à ne plus courir après la sagesse ou la connaissance humaine, pour se fier à la parole de la croix et modeler leurs relations entre eux selon l’agapè. Les Romains sont invités à régler leurs relations internes selon l’agapè, à chercher à être en paix avec tous les hommes et à être quittes de toute dette envers quiconque, pour se concentrer sur l’agapè. Bref, pour Paul, l’Évangile annoncé est indissociable du champ communautaire.

La communauté est annonce et modèle

La communauté qui se règle sur l’Évangile devient elle-même annonce, message et modèle pour les autres. Ainsi, au sujet de la collecte, destinée aux pauvres et à la solidarité entre communautés, Paul présente la Macédoine comme un modèle pour l’Achaïe (2 Co 8-9). Ou encore, les Romains façonnés par l’agapè, peuvent trouver leur positionnement dans la cité : ils doivent respecter les autorités civiles, tant qu’elles font le bien, et payer leurs impôts, pour être alors porteurs de l’agapè. Ou encore les Philippiens sont invités à prendre le Christ comme modèle dans leurs relations (Ph 2, 1-11), pour ensuite être non seulement citoyens des cieux mais aussi devenir comme des lumières dans le monde. C’est toute la dimension missionnaire et de témoignage de la communauté que Paul ne cesse de rappeler. Pour cette mission, la communauté a toujours besoin de se convertir et de s’ajuster à l’Évangile. Ne peut-on pas voir ici le signe que les croyants sont toujours en chemin catéchuménal, autrement dit « en état d’initiation » (Lettre aux Catholiques de France, citée dans le TNOC 1.3), comme le signifie la liturgie du temps du carême ? En ce sens, la communauté qui se reconnaît en chemin devient alors elle-même initiatique.

L’Église corps du Christ

Prenons l’image de l’Église corps du Christ (1 Co 12) puis celle du Christ tête de ce corps. Le projet est de veiller à l’unité du corps, dans sa diversité, à donner une place à chacun, en particulier aux plus petits, et à garantir son édification. Cette image nous aide à comprendre aujourd’hui que l’action catéchétique porte le projet d’incorporer tous les membres dans ce corps. La rencontre intime du Christ est alors réalisée pour chaque membre en ce corps. Mais, là encore, le corps n’est pas figé et les membres y apprennent à s’ajuster les uns aux autres et avec le Christ tête. Ils y apprennent à « discerner le corps » eucharistique et le corps ecclésial (1 Co 11, 29). Cette incorporation suppose d’être « en état d’initiation ».

Au total, l’évangélisation des premières communautés est précieuse pour comprendre que « l’action catéchétique se vit dans la communion ecclésiale » (titre 1.5 du TNOC) et que « la catéchèse introduit à la vie ecclésiale » (titre 1.6). Comme le disait le DGC n° 141, repris dans le TNOC : « La communauté chrétienne est en elle-même une catéchèse vivante. En vertu de ce qu’elle est, elle annonce, célèbre, agit et demeure toujours le lieu vital, indispensable et premier de la catéchèse. »

 

Père Christophe Raimbault, Vicaire général du diocèse de Tours, bibliste, professeur à l’Université catholique de Paris.

 

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