Le cantique de Zacharie et le Notre Père

La Vision de Zacharie de James Tissot, Brooklyn Museum

La Vision de Zacharie de James Tissot, Brooklyn Museum

« Rempli d’Esprit Saint » Zacharie se met à prophétiser : « Béni soit le Seigneur, le Dieu d’Israël qui visite et rachète son peuple. » C’est le cri de joie d’un père, mais aussi celui de tout un peuple dont l’attente se réalise enfin en Jésus que Jean-Baptiste a mission de révéler.

Zacharie se tient devant le Dieu d’Israël qu’il ne nomme pas « Père », mais dont il reconnaît la « tendresse » et « l’amour », comme toute la tradition psalmique. Seul Jésus enseignera plus tard à nommer Dieu, « Père ». Le cantique de Zacharie nous apprend à nous tenir devant ce Père dans la seule attitude qui convienne à des fils : la louange. Parce que Dieu nous aime et parce que Dieu nous sauve.

Chaque jour, nous disons le Notre Père, dans la prière personnelle comme dans la prière de l’Église – messe et offices – et chaque matin, dans la liturgie des Heures, l’Église nous invite à redire le Cantique de Zacharie. C’est avec le même sentiment d’exultation et de reconnaissance que nous nous adressons à Dieu, « notre père ». Si Zacharie s’exclame : « Béni soit le Seigneur », dans un souffle d’émerveillement nous disons : « Notre Père, qui es aux cieux ». C’est un bonheur commun que de bénir notre Père, avec les mots mêmes que Jésus nous a appris, lui qui mieux que Zacharie connaît le langage qui plaît à son Père.

Le cantique de Zacharie est la prière matinale qui nous rappelle que Dieu nous sauve en « nous arrachant de la main de l’ennemi » et en nous faisant « connaître le salut par la rémission » de nos péchés. Le Notre Père, est la prière qui accompagne chaque heure du jour, mais qui prend un sens particulier le matin, lorsque nous remettons toute notre vie entre les mains du Père. Nous attendons de lui la nourriture et le pardon, et implorons la venue de ce règne entrevu par Zacharie qui nous rassemblera comme les fils du même Père, le servant « dans la justice et la sainteté, tout au long de nos jours. »

Bernadette Mélois

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