Catéchèse mystagogique pour la Pentecôte après des confirmations d’adultes
Le rituel de l’initiation chrétienne des adultes (RICA) appelle à vivre des temps de catéchèses mystagogiques durant le temps pascal… En voici une pour le temps de Pentecôte, à l’occasion d’une confirmation d’adultes.
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P. Olivier Sournia, publié dans le bulletin du catéchuménat (2010)
Une nuit a passé depuis notre célébration. « Il y eut un soir, il y eut un matin »… Une nuit pour se reposer… et, telle une pâte qui doit lever, pour laisser reposer ce que vous êtes devenus hier soir. Devenus, oui. Car le sacrement que vous avez reçu hier vous a changés, et va continuer de vous transformer. En effet « il en est du Règne de Dieu, dit Jésus, comme d’un homme qui jette le grain dans son champ : nuit et jour, qu’il dorme ou qu’il se lève, la semence germe et grandit, il ne sait comment »1. Ce champ, aujourd’hui, c’est vous ; et l’homme qui jette le grain, c’est Dieu.
Il s’agit donc du commencement de quelque chose. Certains qui étaient présent hier, ont peut-être pensé que vous arriviez au bout d’un chemin, et que la célébration était comme la consécration d’un parcours. Mais plutôt que la récolte des fruits d’un cheminement, il s’agit bien d’un commencement, d’un ensemencement. La grâce nous fait toujours démarrer à neuf ; l’Esprit nous fait toujours naître d’une manière nouvelle2. Et ils le savent, ceux qui, parmi vous, ont été baptisés dans l’enfance et qui, bien des années plus tard, ont demandé ce sacrement reçu hier : il y a toujours un renouveau possible, une opportunité de commencer. C’est que l’Esprit-Saint est le spécialiste des commencements3 … et des achèvements4.
Vous êtes donc en devenir. On ne peut pas vraiment parler d’un avant et d’un après, même si la célébration d’hier a été un moment, un temps T dans une trajectoire linéaire. Quel a donc été ce moment ? Que s’est-il passé hier soir ? Qu’avez-vous vécu ? Qu’avons-nous fait ? Que dit le rite de la confirmation sur le devenir que vous êtes, sur votre vie avec Dieu ? Je ne vais pas tellement parler de votre engagement, ni de votre démarche : cela, vous avez eu le temps de le réfléchir et à chaque individu, une démarche unique. Car la confirmation ce n’est pas seulement votre engagement, c’est un don, une grâce, quelque chose à considérer et à recevoir, c’est l’engagement de Dieu. Je vais plutôt refaire avec vous ce cheminement qu’a été la célébration même de votre confirmation hier soir, dans la Cathédrale, lors de la vigile de Pentecôte5.
Accueillons ensemble ce que Dieu nous a donné dans ces rites.
Rappelez-vous… Vous étiez rassemblés, dehors, devant la cathédrale, dans le silence. Vous étiez peut-être un peu tendus ou excités, comme avant tout événement décisif de vos vies. Vous avez regardé autour de vous et c’est alors qu’une chose vous a peut-être sauté aux yeux : parmi vous, il y a des adolescents, des étudiants, des pères et des mères de famille, des grands-pères et des grands-mères… bref, tous les âges, toutes les conditions sociales, toutes les couleurs, même. Tous différents et en même temps, tous unis dans un même désir, un même appel.
C’est donc ici la première découverte, avant même que la liturgie commence : il n’y a pas d’âge6 pour recevoir la confirmation. Ou plutôt si : il y a un âge. Quel âge ? Lapalisse dirait : « l’âge qu’on a quand on la reçoit ! » : 16, 25, 45 ou 75 ans… quel que soit l’âge auquel tu reçois le sacrement, c’est l’âge d’être confirmé. Il n’est donc jamais trop tôt ni trop tard. De toute façon, à n’importe quel âge, quelque chose commence. Et c’est perceptible, là, dans le silence, devant la cathédrale, alors que la nuit s’installe et que le silence précède la Parole.
Pour vous, adolescents, qui entrez dans l’âge adulte, c’est comme un rite de passage : la fin de l’enfance et de la dépendance, et le début de la vie adulte et de la pleine responsabilité. C’est une des raisons pour lesquelles on propose ce sacrement à l’adolescence. Si on caricature, on peut dire que c’est devenu le rite de passage des adolescents catholiques7.
Mais serait-ce uniquement pour vous ? Et les plus vieux, alors !? Oui, pour nous tous, la confirmation est comme un rite de passage. C’est même un sacrement de passage. Sacrement de passage, il l’est, de par son lien si étroit au baptême, qui est lui aussi – et certainement en premier lieu – sacrement du passage, le sacrement du passage de la mort à la vie8. On pourrait dire ici que la confirmation ne fait qu’un avec le baptême9 et forme quasiment avec lui un unique sacrement du passage. Nous y reviendrons. Ce ne sont donc pas quelques semaines, ni même quelques années ou décennies, qui peuvent désunir le baptême de la confirmation : peut-on couper la grâce en morceaux…? En fait, la confirmation vient ici te remettre à la sortie du bain de la nouvelle naissance, là où tu as été plongé dans la mort du Christ pour ressusciter avec lui. Elle te ramène donc là, au moment où tu sors des eaux, lorsque tu as commencé à vivre. Elle te ramène à cet instant où tu es encore mouillé du baptême reçu, pour que tu vives. Et que tu vives de l’Esprit10.
Est-ce pour cela qu’hier soir, celui qui t’a accueilli et qui a présidé, pour ainsi dire, à toute la célébration, c’est le Cierge Pascal, signe de la présence du Ressuscité, celui-là même qui, lorsque tu as été baptisé, t’a vu naître ? Oui, il était à nouveau là, cinquante jours ou plusieurs années plus tard, comme pour te dire : « où en étions-nous…? », ou plutôt : « où en sommes-nous ? Suis-moi maintenant sur le chemin de la vie nouvelle ». Ce Cierge Pascal, hier soir, c’était le Ressuscité qui en quelque sorte t’appelait par ton nom – ce nom secret que lui seul connaît – pour que tu vives désormais pleinement de son Esprit.
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