Les catéchistes, « joyeux messagers de propositions élevées » (Evangelii Gaudium)
Le catéchiste est, par sa vie, un témoin et un messager de la beauté de la foi et de la joie de la rencontre personnelle avec le Christ. Il est appelé à adopter et à transmettre un style de vie évangélique.
Dans le numéro 168 d’Evangelii Gaudium, le pape François appelle à enseigner la morale non comme des commandements mais comme la fidélité au style de vie évangélique.
L’enseignement moral est fondamental pour la vie chrétienne mais comment le communiquer ? Pour le pape, c’est en mettant en évidence la joie d’une vie morale, l’accomplissement de soi. Il faut éviter de seulement enseigner les maux qui sont à rejeter pour ne pas devenir des juges sévères. Une catéchèse authentique doit présenter la beauté des vertus chrétiennes, partager avec les autres l’amour de Jésus Christ. Nous sommes gardiens de la bonté, de la beauté d’une vie de fidélité à l’Évangile.
Des propositions provocantes, qui nous interpellent
Ces propositions se résument en une seule : l’annonce du Messie crucifié, comme l’écrit Paul dans la 1ère lettre aux Corinthiens : puissance de Dieu et sagesse de Dieu (1 Co 1, 24).
Comme l’a dit le révérend John Henry Newman en 1924, cette annonce est l’unique source de piété authentique et de vertu. Elle est seule source de réconfort.
C’est un message qui porte à une vie en abondance, à l’amour, un message qui transforme notre relation à Dieu, aux autres et au monde. C’est un message de salut qui débouche sur une joie durable. Le chemin comprend des renoncements mais porte graduellement à vivre dans la joie et la paix des Béatitudes qui sont la carte d’identité du chrétien.
Les Béatitudes sont un chemin vers la sainteté, l’image de ce que nous voulons devenir. Elles sont exigeantes. Jésus bouleverse notre monde, il nous invite à avoir le courage d’aller à contre-courant. Les Béatitudes sont la clé pour vivre la morale chrétienne.
Voyez dans l’évangile selon saint Luc (Lc 6, 22-23) : Heureux êtes-vous quand les hommes vous haïssent et vous excluent, quand ils insultent et rejettent votre nom comme méprisable, à cause du Fils de l’homme. Ce jour-là, réjouissez-vous, tressaillez de joie… Être doux, artisans de paix, reconnaissants dans le deuil et la peine ou face à l’injure, nous en aurons la force si nous restons accrochés à Jésus et à l’écoute de l’Esprit saint.
En tant que catéchistes, nous sommes en dialogue avec d’autres. Comment communiquer ce message avec compassion et clarté ?
Comment devenir un messager joyeux ?
Être joyeux n’est pas facile mais essentiel pour un bon catéchiste. On peut se souvenir des conseils que saint Augustin donne au diacre Deogratias chargé de l’accueil et de la première instruction des adultes. Il ne lui donne pas de stratégie mais son souci est que la catéchèse soit donnée avec joie. Saint Augustin se préoccupe du messager.
L’affirmation du philosophe Marshall McLuhan selon laquelle le medium est le message, est vraie en Jésus Christ. En Jésus Christ, il n’y a aucune séparation ni distance entre medium et message. En tant que chrétien, il faut se revêtir du Seigneur Jésus, il faut une cohérence entre nos vies et le message que nous voulons communiquer. Si on perdait tous les exemplaires des évangiles, il faudrait pouvoir les réécrire en nous regardant vivre.
La seule manière efficace de devenir un messager joyeux est une vie de sainteté. Cette vie de sainteté conduit à une joie authentique et fait de nous des témoins crédibles de l’Évangile. La foi passe par contamination plus que par enseignement.
La source de cette joie est de vivre l’appel à la sainteté. Voyons le Catéchisme de l’Église catholique sur la sainteté. C’est un enseignement qui doit devenir une réalité vécue, une partie de nous-même. Nous devons passer de la connaissance à l’expérience. La sainteté est un don de Dieu. Nous la vivons par les sacrements en communion avec les autres, avec les saints.
Prenons l’exemple de Dorothy Day. Elle a vécu le service aimant d’autrui, le soutien aux plus pauvres. Elle a fait l’expérience personnelle de l’amour de Dieu. Dans son Journal, elle parle de l’importance de la joie, du devoir de la joie, don qui doit être cultivé.
Comment découvrir la joie dans sa propre vie ? Il y a cinq choses importantes :
- avoir un fort sens de qui est Dieu et de qui nous sommes pour reconnaitre notre besoin de miséricorde ;
- s’engager à vivre une vie profonde de spiritualité au cœur de l’Église. L’Église représente tout pour moi. C’est le Christ lui-même ;
- lire et étudier en permanence les Écritures, la doctrine (c’est très important pour les catéchistes) pour les présenter de manière crédible, compte tenu de la complexité des questions ;
- mener une vie humble, simple, s’engager pleinement pour servir et vivre avec les pauvres, apprendre des pauvres ;
- mener une vie de sainteté à l’exemple des nombreux saints connus et inconnus.
Bonnes pratiques pour communiquer le message
- Écouter avec les oreilles du cœur. En italien, on dit « je connais mes poulets ». Il faut comprendre le contexte de la vie des personnes, leur passé, leurs motivations. Comme le disait le pape Paul VI dans Ecclesiam Suam, l’Église doit entrer en dialogue avec le monde dans lequel elle vit. Avec prudence, elle doit s’adapter à ses interlocuteurs.
- Faire savoir à chacun par des paroles et des gestes qu’il est aimé. C’est la proclamation principale à tout niveau et à tout moment. Comme le dit saint Oscar Romero, le christianisme n’est pas un ensemble de règles ou de vérités qu’il faut suivre. Le chrétien est fait par le Christ.
- Faire savoir à chacun qu’il n’est pas seul. A l’image de la place Saint Pierre à Rome, l’Église nous étreint. Nous ne devons pas attendre que les personnes arrivent dans l’Église mais il faut aller vers les périphéries.
- Communiquer que le parcours chrétien vers la sainteté est un beau parcours. Le catéchiste est, par sa vie, un témoin de la beauté de la foi et de la joie de la rencontre personnelle avec le Christ. La lettre de saint Paul aux Philippiens est une invitation collective à se réjouir dans le Seigneur car rien ne peut nous séparer de lui.
D’après une intervention du Dr Donna Lynn Orsuto, professeur de spiritualité à l’Université Pontificale Grégorienne à Rome : « Joyeux messagers de propositions élevées » (EG 168) Catéchèse, Morale et Sainteté [CEC 2012-2031] lors du Congrès de catéchèse à Rome sur le thème « Le catéchiste, témoin de la vie nouvelle dans le Christ » (2022).
Toutes les interventions :
Congrès de catéchèse à Rome #3 : « Le catéchiste, témoin de la vie nouvelle dans le Christ » (2022)
Du 8 au 10 septembre 2022, le Vatican a accueilli le 3ème congrès international de catéchèse, intitulé « Le catéchiste, témoin de la vie nouvelle dans le Christ ». Il portait sur la 3ème partie du Catéchisme de[...]