Les nouveaux défis d’une jeunesse à accompagner

Un peu de théologie, L’Oasis n°28 : La jeunesse se rassemble

Les JMJ sont un temps favorable pour rejoindre une nouvelle génération de chercheurs de Dieu. Ils attendent des croyants une écoute et une confiance au cœur de leur quête du sens de la vie.

Cette nouvelle génération JMJ est appelée à relever de nouveaux défis

@Unsplash
  1. Voici une génération qui doit, comme jamais auparavant, rendre compte de sa foi alors qu’aller à la messe le dimanche n’est plus une évidence. Après deux générations de « décrocheurs », peinant ou refusant, pour de multiples raisons à transmettre la foi, la nouvelle génération est marquée par ce statut de « minorité », prête d’ailleurs pour une nouvelle histoire.
  2. Cette génération doit expliquer avec sa raison ce qui fonde ses choix et son agir : ce qui pendant des siècles était une évidence et qui touche en particulier aux fondements de l’anthropologie est sans cesse interrogé, voire remis en cause (la vie, le mariage, la différence sexuelle, la mort…). D’où le besoin de sécurités, et du travail de la raison.
  3. Cette génération est saturée d’images du corps. Elle grandit dans un univers hypersexualisé mais paradoxalement elle est appelée à dire la beauté et la dignité du corps dans un monde qui voudrait l’éliminer, le cacher ou l’améliorer par toutes sortes de techniques.
  4. Cette génération est davantage consciente des solidarités, réelles ou virtuelles qui unissent désormais le monde, reconnu comme une seule humanité, et pour qui le sort du peuple ukrainien, c’est aussi le sien, ou pour qui la pollution des usines en Chine est aussi notre avenir.
  5. Cette génération est saisie par les potentialités extraordinaires de l’IA (Intelligence Artificielle) ou des réseaux sociaux mais en connaît aussi le poids de solitude, manipulation et violence sans parler des dépendances qui entravent fortement la liberté.
  6. Enfin cette génération est écartelée entre le repli égoïste et identitaire, ou le don de soi généreux dans un monde de diversité. Elle recherche la cohérence de vie et un juste rapport au monde.

Face à ces défis, jamais peut-être le message de l’Évangile n’a été si pertinent, et les temps si favorables pour une annonce du Christ.

Retour vers un modèle missionnaire du passé ?

Depuis le début des années 2000, l’élan initial qui portait la promotion du dialogue interreligieux est entré dans une phase de maturation, alors que celui-ci est mis à l’épreuve par le regain actuel favorisant une mission explicite et directe.

Aujourd’hui donc, la « mission » redevient à la mode et plusieurs diocèses en France tentent de redonner un souffle missionnaire aux fidèles et aux paroisses. Or, comment le « disciple-missionnaire » intègre-t-il dans sa pratique la dimension du dialogue interreligieux ? Dans quelle imaginaire missionnaire se comprend-t-il lui-même et à quel modèle se réfère-t-il ? Le modèle missionnaire dominant et que l’on a tendance à revitaliser de nos jours est celui de la modernité. Il s’agit d’annoncer le Christ à des non-chrétiens (qui ne sont pas forcément des non-croyants) afin de les faire entrer dans l’Église par le baptême. Ce modèle présupposait néanmoins une théologie focalisée sur le salut individuel : il fallait tout faire pour sauver les autres de la condamnation éternelle réservée aux non-baptisés. La « conversion » était alors conçue comme une adhésion explicite au Christ concrétisée par le baptême et l’entrée dans l’Église catholique. Le patron des missions, saint François-Xavier fut un témoin de ce type d’attitude missionnaire.

Par le témoignage gratuit et l’écoute de ce qui anime en profondeur les personnes que nous rencontrons,
nous annonçons la proximité de Dieu aux hommes.

Un style missionnaire qui assume dialogue et annonce

L’enjeu aujourd’hui est de renouveler notre attitude missionnaire de telle sorte que le dialogue et l’annonce n’apparaissent plus comme des attitudes étrangères l’une à l’autre. Aussi la mission ecclésiale, et donc celles des disciples-missionnaires, devraient-elles s’insérer dans la mission même de Dieu et demeurer à son service. Or, comme le Concile nous l’a enseigné, « Dieu s’adresse aux hommes […] comme à des amis, il s’entretient avec eux » (Dei Verbum n°2).

Bien plus, Dieu « ne cesse de converser avec l’Épouse de son Fils bien-aimé » (DV n°8). Ce « style » missionnaire de Dieu, qui par les envois de son Fils et de l’Esprit dialogue avec les hommes, ne doit-il pas être adopté par l’Église ?

Par le témoignage gratuit de ce qui nous fait vivre et l’écoute de ce qui anime en profondeur les personnes que nous rencontrons, nous annonçons la proximité de Dieu aux hommes, tout en recevant d’eux également une parole qui peut venir de Dieu.

N’essayons pas de convertir les individus par des arguments, mais témoignons tout simplement par nos actes, nos attitudes et nos paroles de notre désir de la venue du Règne de Dieu. Le dialogue vécu dans la gratuité, en favorisant la fraternité et la paix entre les hommes, anticipe ce Règne dans notre monde fragmenté et prépare la conversion de tout homme à Dieu…en commençant par nous-mêmes !

Père Xavier Gué, Directeur de l’Institut de science et de théologie des religions – Theologicum – ICP

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