Catéchuménat : la Bible et la Parole de Dieu au cœur de l’Initiation chrétienne

Dieu parle à travers les événements, les témoins rencontrés, la liturgie, la prière… Mais alors quel est le rôle spécifique du texte biblique ?

Quand il ouvre la bible le lecteur chemine au rythme des pas du peuple de Dieu. Il y trouve peu à peu les questions, les aspirations dont il est porteur. Les mots qu’il lit sont ceux des auteurs croyants qui font relecture d’événements et de réflexion humaine. Avec un regard de croyant, le lecteur, génération après génération, y discerne le visage de Dieu à la fois proche et tout autre qui s’y révèle.

Il en va ainsi de la tradition dans l’Eglise, le catéchumène pressent que Dieu se révèle bel et bien à travers l’expérience humaine. Sans le témoignage des Écritures, nul ne pourrait avoir la conviction que Dieu est présent aux hommes d’aujourd’hui ; sans l’Evangile, nul ne verrait véritablement en Christ le Verbe incarné.

Le corps des Ecritures est la base (on dit parfois l’archétype) de toutes autres formes d’expression de la Parole de Dieu. C’est à la condition de reconnaître ce rôle fondamental des textes bibliques que l’on peut comprendre que Dieu continue à se manifester dans nos réalités humaines et à habiter la liturgie.

Le texte biblique a ainsi un rôle central dans le dialogue entre accompagnateurs et catéchumènes comme dans toute catéchèse catéchuménale. Les rites d’initiation, quant à eux, sont « truffés » de citations bibliques.

Certains passages de la Bible ont un langage littéraire complexe et peu accessible. Avec les catéchumènes faut-il éviter ces textes ? D’ailleurs ne vaut-il pas mieux aller directement au Nouveau Testament ?

Les textes bibliques reflètent dans leur ensemble l’expérience du croyant avec sa part de confiance mais aussi de doute, de révolte, d’infidélité. Si l’accompagnateur fait une censure des textes qui lui paraissent rebutants alors il risque fort d’induire que Dieu n’habite pas toutes les réalités humaines. C’est parfois la difficulté même du texte qui amène catéchumènes et accompagnateurs à dépasser une explication simpliste pour entrer dans un questionnement plus à même de mettre en attitude d’écoute.

La question de Dieu vient habituellement en premier dans la recherche de foi des catéchumènes. Au début d’un itinéraire, ils sont plus prompts à se reconnaître dans les grandes figures bibliques, comme celles d’Abraham ou de Moïse, que dans celles des disciples de Jésus. Il y a un principe de progression : on ne peut reconnaître l’identité divine de Jésus que lorsque des premiers jalons se sont posés, un peu à l’instar de Nicodème.

La Parole de Dieu se donne mais nous, en disciples, nous ne pouvons l’entendre tout à la fois et une fois pour toutes. Elle est chemin, sans cesse appel à la conversion. La bible est ainsi autre chose qu’un livre où l’on apprend des choses sur Dieu. Par l’initiation, les catéchumènes fondent leur vie chrétienne sur la Parole pour que toute leur vie durant, ils puissent compter sur elle.

La Bible, un des socles de l’initiation chrétienne

Que ce soit au cours des assemblées ou des rencontres personnelles, l’itinéraire catéchuménal immerge accompagnateurs et catéchumènes dans le texte biblique.

D’emblée, cela peut susciter la peur de s’y « noyer » mais au fil des rencontres, peu à peu, se dévoile le visage de Dieu. Lui, le Dieu de vie, se fait connaître et se fait entendre. Mais il y a lieu de ne pas se méprendre sur le mode de lecture qui convient à l’initiation chrétienne et à la catéchèse. Si un livre biblique peut être objet d’étude pour un historien ou un exégète – ce qui a toute son importance- avec les catéchumènes, il s’agit de résonance. Les textes bibliques se lisent, s’écoutent, se méditent… et une Parole s’y fait entendre. Etre accompagnateur-catéchète, au sens étymologique du terme, c’est avant tout se situer soi-même comme «résonnant» à la Parole. C’est à cette condition que l’accompagnateur sera témoin d’une Parole qui ne manque jamais à celui qui écoute.

La Parole se communique…

Ainsi, pour l’accompagnateur, transmettre ce qu’il a lui-même reçu de la tradition vivante, n’est pas une question de méthode mais de posture du disciple. C’est à cette condition qu’il évitera le piège de n’annoncer que sa propre vérité, de ne restituer que son interprétation du message chrétien. Comme à la Pentecôte, chacun entend dans sa propre langue. On le voit auprès des catéchumènes, la Parole entendue et accueillie donne la parole même à celui qui n’a pas les mots du langage religieux, et il est établi témoin du Dieu vivant.

Tout l’Ancien Testament comme le Nouveau repose sur le désir de l’homme de rechercher la face de Dieu. Et c’est à travers sa propre histoire que le peuple des croyants décèle la volonté que Dieu a de se communiquer.

Mais nous ne possédons pas Dieu, nous écoutons sa Parole. Et celle-ci ne s’enferme pas à l’échelle de nos explications. C’est justement quand il y a dessaisissement qu’il y a expérience de laisser Dieu nous parler.

… à travers rites, récits et relecture

L’initiation chrétienne met en oeuvre une lecture dite typologique de la bible. Un mot savant mais qui correspond à la réalité vécue au cours des temps et des étapes de tout le processus catéchuménal. A travers les rites liturgiques, le catéchumène est fait chrétien.

Par là lui est signifié que toute la tradition biblique le rend témoin d’un salut en Christ déjà donné depuis les origines. Son histoire humaine à la suite de celles du peuple juif et des chrétiens est le lieu où Dieu continue de se révéler. Ainsi, étapes sacramentelles, récits bibliques et relecture de son expérience personnelle s’éclairent mutuellement. Cette interférence ouvre le nouveau baptisé à l’intelligence du cœur. Et c’est toute l’Eglise qui, en vivant l’initiation, se trouve plongée dans l’actualité du mystère pascal qui la fait vivre.

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