Les sacrements, des actes libérateurs du Christ !

Cathédrale Notre-Dame de Paris. Baptême d'adultes.

Cathédrale Notre-Dame de Paris. Baptême d’adultes.

Un peu de théologie, L’Oasis n°11 : Libérés du péché.

Tous les sacrements donnent de vivre en Christ des passages de la mort à la vie.

Le temps du carême est un temps de conversion, d’orientation de nos vies vers le Salut qui nous est offert à Pâques. Pensons à l’expérience proposée par la vigile pascale : il y a d’abord la nuit et le feu dans la nuit, puis le chemin vers l’église, la proclamation de la réalisation du projet de Dieu par les lectures, la joie de la victoire du Christ qui accomplit ce projet, vient alors la célébration des baptêmes (ou le renouvellement du baptême de l’assemblée) puis la confirmation des catéchumènes, l’eucharistie est partagée et nous sommes envoyés.

Au cœur de notre foi, il y a ce mouvement de la mort à la vie, de l’esclavage à la liberté. La sortie d’Égypte est d’abord l’histoire d’une libération : partir en osant franchir la Mer Rouge, passage de la mort à la vie. À Pâques Jésus donne sa vie, meurt, est ressuscité par le Père et nous ouvre les portes du Royaume de Dieu. Par le carême nous vivons un chemin de libération pour accueillir la Vie donnée en Jésus. Comment peut-on passer de la « mort » à la « vie » dans les sacrements ?

Du mystère pascal aux sacrements

Jésus poursuit son œuvre de libération qui nous donne le Salut, la vie avec Dieu pour toujours.

Le lien entre le mystère de la foi et les sacrements est simple : Christ, mort et ressuscité, a fait le don de son Esprit à l’Église lors de la Pentecôte. Le temps de l’Église est alors un temps durant lequel le Christ manifeste, rend présent et communique son oeuvre de salut par la liturgie de son Église, « jusqu’à ce qu’il vienne » (1 Co 11,26)1. Les sacrements sont des « actes du Christ en son Église »2.

Les sacrements déploient le mystère pascal

Imaginons une rencontre de catéchèse. La question du jour serait « Quel est le sacrement du pardon des péchés ? ».

Les réponses sont variées… mais combien diraient : « Je crois en un seul baptême pour le pardon des péchés » ? Par le baptême nous sommes rendus participants de la nature divine, « réellement saints » comme le dit le Concile Vatican II3. Nous sommes libérés de tout ce qui pourrait nous séparer de l’amour de Dieu le Père, qui nous est offert en Jésus dans l’Esprit Saint.

En fait, chaque sacrement déploie ce mystère de réconciliation offert dans le mystère pascal.

Au cœur de la vigile pascale il y a donc les sacrements de l’initiation. Le baptême est bien ce mouvement de « plongée » de la mort au péché vers la vie en Dieu qui fait de nous des frères en Jésus. Il est accompli par la confirmation, un peu comme la Pentecôte parachève le temps de Pâques. L’eucharistie, quant à elle, est le « mémorial de Pâques ».

Poursuivons avec les sacrements « au service de la communion » : le mariage est un « Je te reçois et je me donne à toi », signe imparfait de l’amour entre le Christ et l’Église4. En particulier le pardon au sein du couple manifeste quelque chose du pardon inlassable de Dieu pour son peuple : un chemin d’espérance est toujours ouvert. L’engagement dans le mariage est alors source de liberté : libération de notre égoïsme, de nos rancunes pour entrer dans la logique du don, celle du Christ.

L’autre sacrement au service de la communion est le sacrement de l’ordre : « Par l’ordination, certains fidèles sont institués au nom du Christ et reçoivent le don de l’Esprit Saint pour être par la parole et la grâce de Dieu les pasteurs de l’Église »5. Pasteurs à la suite du Christ qui a donné sa vie, les ministres ordonnés donnent leur vie au service d’une communion missionnaire, porteurs de la miséricorde de Dieu dans le monde.

Les sacrements pour les malades manifestent à la personne atteinte en sa personne que le Seigneur est à ses côtés par la médiation de l’Église. L’onction des malades est une ouverture à l’espérance devant les troubles de la santé, voire au moment de l’ultime passage de la mort à la Vie.

Le sacrement de pénitence et de réconciliation est un autre sacrement de guérison. Le péché porte atteinte au lien avec le Père reçu au baptême et altère nos rapports fraternels6. Nous n’agissons plus comme « d’autres Christ en la terre » (Saint Jean Eudes).

C’est l’Esprit Saint qui nous inspire pour reconnaître notre péché et le repentir. Le Fils nous donne par le sacrement de quitter l’esclavage du péché pour renouveler notre filiation. Le pape François a souligné qu’il ne s’agit pas d’un « passage au pressing »7. L’essentiel est de laisser Dieu le Père renouveler le don du baptême : la filiation en Jésus qui fait de nous des frères, à nous d’en devenir les témoins !

Les sacrements sont des actes libérateurs du Christ dont nous devenons les témoins en Église au cœur du monde ! Le Royaume de Dieu est déjà présent mais pas encore pleinement manifesté…

P. Benoît Sevenier, eudiste
Centre spirituel La Roche du Theil

1 – Catéchisme de l’Église Catholique 1076
2 – Rituel des sacrements pour les malades
3 – Lumen Gentium 40
4 – Pape François, Amoris Laetitia, 72
5 – Rituel de l’ordination, n°1
6 – Le rituel de la pénitence et de la réconciliation évoque « la vraie rencontre de Dieu et des autres ». RR44
7 – Pape François, Le nom de Dieu est miséricorde, Robert Lafont, 2016, p. 48

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