Il n’y aura plus de nuit : choisir la lumière

« La Bible ne développe pas un discours dualiste qui opposerait deux réalités équivalentes et concurrentes, la lumière et les ténèbres : car les ténèbres n’ont pas d’existence propre, elles ne sont que l’absence de lumière. »

Que dit la Bible ? L’Oasis n°6 : Illuminés !

La Bible ne développe pas un discours qui opposerait deux réalités équivalentes et concurrentes, la lumière et les ténèbres, mais nous invite à bien choisir.

En marche vers la lumière

De la lumière créée au premier jour (Gn 1,3), jusqu’à celle de l’Apocalypse, l’histoire humaine se déploie comme une longue marche, tâtonnante, mais couronnée de succès. Saint Paul la compare à un long et douloureux enfantement : « La Création tout entière gémit, elle passe par les douleurs d’un enfantement qui dure encore » (Rm 8,22). Et tout comme l’enfant attendu verra enfin le jour, l’humanité, au bout du temps, accédera à la pleine lumière. Telle est sa vocation : atteindre la stature que Dieu lui a assignée, celle du Corps du Christ. « Il n’y aura plus de nuit, nul n’aura plus besoin de la lumière du flambeau ni de la lumière du soleil, car le Seigneur Dieu répandra sur eux sa lumière, et ils régneront aux siècles des siècles. » (Ap 22,5). Mais, à la différence de l’enfant totalement passif dans le sein de sa mère, l’humanité a un rôle à jouer (Ep 4,13).

Attirés irrésistiblement

C’est un rôle facile, somme toute : il suffit de nous laisser faire car, si nous le voulons bien, nous sommes happés irrésistiblement vers la lumière, irradiés peu à peu. Parmi tant d’autres, ce fut le cas de Moïse, après sa longue rencontre avec le Seigneur sur la montagne du Sinaï : « Quand Moïse descendit du mont Sinaï, ayant à la main les deux tables de la charte, quand il descendit de la montagne, il ne savait pas, lui, Moïse, que la peau de son visage était devenue rayonnante en parlant avec le Seigneur. Aaron et tous les fils d’Israël virent Moïse : la peau de son visage rayonnait ! (Ex 34,28-30).

Contemplons également Jésus transfiguré pendant sa prière (Lc 9,28-29). Et saint Paul commente : « Le Dieu qui a dit : Que la lumière brille dans les ténèbres, c’est lui-même qui a brillé dans nos cœurs pour faire resplendir la connaissance de sa gloire qui rayonne sur le visage du Christ. » (2 Co 4,6). C’est donc une transfiguration progressive qui nous est proposée, offerte, une vocation inouïe : refléter peu à peu la lumière de Dieu (2 Co 3,18).

Choisir la lumière

Notre liberté est donc engagée : celle de nous laisser faire, ou bien de nous rebeller, croyant sottement, prétentieusement, savoir trouver notre chemin par nous-mêmes. Et la triste histoire de l’arbre de la connaissance du bien et du mal (Gn 2-3) pourrait bien se répéter à l’infini, si nous n’y prenons garde.

Dans ce périlleux usage de notre liberté, nous ne sommes pas laissés à nous-mêmes : de tout temps les envoyés de Dieu multiplient mises en garde et encouragements. Selon la très belle image du livre de la Genèse (Dieu modela l’homme et insuffla dans ses narines l’haleine de vie), nous savons que nous ne vivons que suspendus au souffle de Dieu : nous détourner de Lui, c’est inexorablement nous priver de sa lumière, c’est donc faire fausse route. Voilà pour les mises en garde. Côté encouragements, il suffit du moindre effort pour se « retourner » vers Dieu (c’est le sens du mot « conversion » en hébreu) pour reprendre notre marche dans le bon sens. C’est ce que l’on appelle le « thème des deux voies » qui s’exprime souvent en termes de « Béatitudes / malédictions » : heureux sont ceux qui demeurent résolument tournés vers le Seigneur, mais quelle tristesse pour les autres. Ce n’est pas un hasard si le tout premier psaume de l’ensemble du Psautier commence par le mot « Heureux » : « Heureux est l’homme qui se plaît dans la loi du Seigneur, et murmure sa loi jour et nuit. » C’est une invitation à rester en permanence tournés vers Dieu, « branchés sur lui, connectés à lui » pour employer un langage plus moderne. Car sa Parole est « lumière de nos pas, lampe de notre route » (Ps 119/118,105).

La Bible ne développe donc pas un discours dualiste qui opposerait deux réalités équivalentes et concurrentes, la lumière et les ténèbres : car les ténèbres n’ont pas d’existence propre, elles ne sont que l’absence de lumière. En revanche, de tout temps, les auteurs bibliques opposent les deux comportements entre lesquels il nous faut choisir.

Une vie lumineuse

Au long des années et des diverses circonstances de notre vie, la liturgie nous offre inlassablement de multiples occasions de déchiffrer ce mystère et de grandir dans la lumière. Depuis le cierge de notre Baptême, jusqu’à ceux de notre inhumation (« enciellement » diront certains), le Cierge Pascal nous accompagne, témoin de la superbe liturgie du feu nouveau de la nuit de Pâques. Le Christ ressuscité nous appelle à partager sa victoire et nous entraîne à sa suite. Encore une fois, il nous suffit de nous laisser attirer, d’être des Héliotropes en quelque sorte.

Quant au mot « messe » lui-même, qui signifie « Envoi », il dit notre mission d’aller porter à tous nos frères la bonne nouvelle du lumineux projet de Dieu.

Marie-Noëlle Thabut, bibliste

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