Le Notre Père, une prière à vivre
Un peu de théologie, L’Oasis n°5 : Notre Père.
Le Notre Père n’appartient à personne. Tous, nous l’avons reçu d’un parent, d’un proche, d’une communauté, de l’Église. Même le Christ ne l’a pas gardé pour lui puisqu’il nous l’a donné. Qu’en faisons-nous ? Que nous donne-t-il à vivre ?
Une transmission à recevoir
Recevoir le Notre Père c’est entrer dans la prière de Jésus qui s’adresse à son Père. En nous donnant cette prière, le Christ nous permet de nous souvenir à chaque fois que nous la disons, que nous sommes les fils et les filles de ce Père. À travers l’Église qui est son Corps, le Christ continue de nous transmettre le Notre Père. C’est le beau geste du partage des « trésors » de l’Église. Par ce cadeau qui est fait à des catéchumènes, qui nous a été fait à tous, nous sommes tous « illuminés » comme dit le Rituel de l’initiation chrétienne des adultes (n°175). Prier ainsi nous fait entrer dans la lumière du Christ, le Fils de Dieu.
Une prière qui nous fait entrer personnellement dans la communion du Père
En nous transmettant cette prière (Mt 6,9-15 et Lc 11,2-4), Jésus, Fils de Dieu, nous fait entrer dans la même intimité qu’il vit avec le Père. Quand nous disons « Notre Père qui es au cieux … », nous accomplissons un acte de foi. Nous nous reconnaissons personnellement fille et fils de par notre Baptême « au nom du Père » qui nous offre l’adoption, « et du Fils » qui nous fait entrer dans sa vie et sa relation à son Père, « et du Saint Esprit » qui nous permet d’avoir le souffle et l’audace de vivre cette relation de communion trinitaire.
Une prière des frères
Toutefois le Notre Père ne nous isole pas. Nous ne sommes pas tout seul devant le Père. Reçue de la communauté qui nous l’a transmise, cette prière nous tourne vers « Notre » Père. Ainsi en nous la transmettant, le Christ nous montre que c’est la prière de tous les enfants du Père, celle de tous ses frères et sœurs. Le Notre Père est toujours une prière communautaire. Même lorsqu’elle est adressée par une personne isolée, c’est la prière de toute l’Église. En communion avec le Père, le Fils, et le Saint-Esprit, celui qui prie est aussi en communion avec tous les saints, tous les priants, tous ses frères.
Une prière à transmettre
Un jour les disciples sont allés trouver Jésus pour lui dire : « Seigneur apprends-nous à prier » (Lc 11,1). Et Jésus leur a partagé sa prière. Un jour nous sommes allés trouver une communauté ou une personne membre de l’Église pour lui demander de nous apprendre à prier. Et nous avons reçu le Notre Père. À nous de prendre la suite. En disciples-missionnaires du Christ, nous avons à faire comme lui. Nous avons à transmettre sa prière.
Cela nous revient particulièrement comme catéchistes et accompagnateurs du catéchuménat. Mais dès lors il ne s’agit pas d’apprendre juste des mots. Il nous faut aider à entrer plus avant dans une relation de filiation et de fraternité.
Une prière à vivre
À la suite de Jésus Christ, pleinement fils dans le Fils unique, c’est à nous d’apporter notre contribution à la progression du Règne de Dieu en faisant la Volonté du Père. C’est à nous qu’il revient de donner le pain du jour puisque nous le recevons de Notre Père et que les hommes sont nos frères. C’est à nous de pardonner comme Etienne a montré qu’il convenait à un disciple (Ac 7,60). C’est à nous de demeurer dans la communion avec le Père en n’entrant pas en tentation. Et pour vivre tout cela, l’amour du Père et sa grâce nous aident. Oui, nous recevons le Notre Père pour demeurer en lui, comme fille et fils, pour grandir en fraternité avec tous, pour partager ce don des mots de Dieu qui permettent de s’adresser à lui. Tout ceci n’est possible qu’en vivant cette prière et en accomplissant dans la foi la prière du Christ : « celui qui croit en moi fera les œuvres que je fais. Il en fera même de plus grandes, parce que je pars vers le Père, et tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils » (Jn 14,12-13). En priant le Notre Père, en vivant le Notre Père, en transmettant le Notre Père, à nous d’être de tels fils.