Cinq ans du Texte national pour l’orientation de la catéchèse en France : entre expérience ecclésiale et contenu de la foi ?
Il y a cinq ans, le 7 octobre 2006, le Cardinal Castrillon Hoyos, Préfet de la Congrégation pour le Clergé, donnait un Décret d’approbation du Texte national pour l’orientation de la catéchèse en France. « La Congrégation a apprécié la richesse d’intuitions de ce texte et le louable effort d’inculturation » de ce « document qui fournit les critères d’une catéchèse judicieuse et adaptée », précisait le Cardinal.
Harmoniser en catéchèse fides qua et fides quae
« Le texte fait droit à la pédagogie de la foi ? permettant d’harmoniser sans jamais les séparer, tant l’accueil du Don de Dieu dans l’expérience ecclésiale (fides qua) que l’enseignement du contenu objectif du message chrétien (fides quae). »[1]. Tel est le point majeur sur lequel la « recognitio romaine » voulait faire porter l’attention de ceux qui prendraient connaissance de l’« Orientation » que les évêques français donnaient à la catéchèse.
Il s’agit d’une question essentielle, car la responsabilité de catéchèse mobilise et engage toute l’Eglise pour la formation intégrale des catéchisés. L’expérience de l’Eglise permet de savoir que l’éducation chrétienne comme l’initiation à la foi ou la transmission de la foi ne se font pas par de simples méthodes d’enseignement.
Appelé au savoir être chrétien, nourri par le contenu de la foi
La catéchèse dans la mission évangélisatrice de l’Église [2] conjugue plusieurs composantes ou savoirs. Le savoir être qui met nos existences en harmonie avec le Christ lui-même. « Ce que j’ai fait pour vous, faites-le vous aussi » (Jn 13, 15), « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 13, 34). Tout disciple est appelé à choisir d’habiter les intentions mêmes de Jésus-Christ, sa manière d’aimer Dieu son Père et les hommes ses frères. Ce savoir être chrétien s’acquiert par imprégnation ou initiation progressive, dans un bain ecclésial qui donne sens aux choix de vie, à l’amour fraternel et à la spécificité chrétienne de la louange divine [3].
Il se nourrit du contenu de la foi, savoir de foi ou contenu de la catéchèse [4] que l’Eglise garde avec vigilance comme un dépôt vivant et annonce sans relâche. Ceci nécessite toujours un travail de compréhension et d’appropriation fidèle.
Devenir chrétien et entrer dans l’agir de L’Église
L’Eglise se préoccupe encore que la catéchèse développe des savoir-faire. Qui pourrait imaginer que l’on puisse devenir chrétien sans entrer dans l’agir de l’Eglise qui écoute la Parole de Dieu proclamée dans la grande assemblée, prie et célèbre, prend le parti des petits et des bafoués, bénit et console ?
Telle est la pédagogie de la foi [5] ! Elle conjugue en permanence ces « savoirs » avec la libre proposition d’une amitié personnelle avec le Christ Seigneur. Il s’agit, avant toute réflexion méthodologique, de la pédagogie même de Dieu ! Elle est assumée par la pédagogie d’initiation, voulue par les évêques de France. Elle « travaille à rendre effectif chez une personne l’accueil de Dieu qui attire à lui »[6]. Inscrite dans la durée et la liberté de conscience des personnes, elle représente « un pas important » pour la catéchèse aujourd’hui, disait encore le Cardinal !
[1]Extrait du Décret de la Congrégation pour le Clergé du 7 octobre 2006, Texte National d’orientation de la Catéchèse (TNOC), p. 11-12.
[2]Cf. Directoire général de la catéchèse (DGC) 1ère partie, § 34 ? 90.
[3]Cf. DGC 2ème partie, § 92 à 118.
[4]Cf. DGC 2ème partie, § 119 sv, Telle est notre foi.
[5]Cf. DGC, 3ème partie, § 137-162.
P. Luc Mellet
Directeur du SNCC
Conférence des évêques de France